[Voici la seconde partie de l'article d'Antonio Gibello, "José-Antonio une pensée vivante" ; voir également : première partie ; troisième partie]
Y a t-il vraiment un renforcement indiscutable et indiscuté du système démocratique ?
Sans quelque intention offensive que ce soit envers la Haute magistrature du Roi, il y a lieu de se demander si ce système, (auquel il fait allusion avec un tel enthousiasme) est le système démocratique actuellement en vigueur, ou s'il s'agit du système démocratique idéal et utopique. Si c'est celui fondé sur les partis politiques dans leurs structures actuelles et les lois électorales en vigueur, ou s'il s'agit d'une aspiration idéale, académiquement irréprochable, qui ne ressemble en rien aux démocraties en vigueur dans le monde occidental auquel nous appartenons et moins encore au régime qui survit, sous le signe de la terreur et du crime d'Etat, dans les « démocraties dites populaires ».
Parce que si l'exemple auquel nous faisons allusion est celui qui se débat dans les contradictions de l'Europe atomisée, de l'Europe qui s'affronte, celle dans laquelle nous vivons, et dont la réalité la plus profonde est occultée par les centres du pouvoir politique et économique et leur information intoxiquée, non seulement il n'est pas indiscutable; mais plus encore, il a déjà été « discuté » , et chaque fois avec plus d'intensité, par d'importants intellectuels clairvoyants et par des secteurs grandissants de citoyens européens et espagnols.
Quelques exemples :
Franco Battiato, musicien italien très populaire, disait récemment que « les démocraties actuelles sont une farce ». Il contemplait sans doute la réalité immédiate de son pays où la corruption est générale, aussi bien parmi les hommes politiques de gauche que de droite, aussi bien dans la banque que dans l'industrie, avec peut être une seule exception : c'est bien le hasard qui est celle du Mouvement Social Italien : les juges n'ont rien pu y trouver de malhonnête.
Continuons cette foi-ci avec quelques références espagnoles, qui ne seront pas les affaires les plus significatives des scandales économiques du Parti Socialiste et de ses compères au pouvoir, mais d'autres plus sérieuses et alarmantes. Il faudra y répondre rapidement si nous ne voulons pas périr en tant que nation.
A l' occasion de la crise dont souffre le journal Ya,( peu distincte de la persécution subie par le journal El Alcazar ou par El Independiante, (pour signaler seulement les cas de journaux qui n'ont pas transigé avec la docilité exigée par le pouvoir) un journaliste connu affirmait que « il s'est produit un travestissement de la démocratie par le pouvoir, comme si un système électoral, que je soutiens ne pas être démocratique (affirmait l'orateur) pouvait tout légitimer. » Et en référence au même thème, un professeur de l'université d'Alcala de Henares, ajoutait que « les processus de détérioration du droit à l'information supposent une involution démocratique. »
Il y a mieux encore.
Julian Marias (penseur dont personne n'osera mettre en doute les ferveurs libérales) dans un article récent, publié dans «A.B.C.» le 23 septembre 1993, affirmait : « J'ai l'impression que nous sommes enveloppés dans un filet de fausseté, chaque fois plus serré, il en peut être asphyxiant... » Et il ajoutait, en se référant toujours à l'Espagne :
« la démocratie est faussée. Le seul système qui, à notre époque, peut avoir une légitimité – par des listes électorales closes et bloquées, c' est à dire, dépersonnalisées et irresponsables, par l'assujettissement à des ordres de parti qui annulent la liberté des représentants du peuple, par la lecture des discours dans un parlement où on ne parle pas contradictoirement, par l'appropriation indue qui fait ce Parlement de fonctions qui correspondent à d'autres pouvoirs de l'Etat, en même temps qu'il renonce aux fonctions qui lui appartiennent... »
Alors, pourquoi nous donner maintenant comme exemple « indiscutable », le système démocratique en vigueur ? Sera-ce parce que son implantation globale favorise l'aspiration mondialiste de ses protecteurs de la commission Trilatérale, infiltrée dans tous les centres du pouvoir, même en Espagne ?
Un dernier apport documentaire, pour qu'il soit bien clair que la critique faite par José-Antonio du système démocratique libéral, ne constitue pas une excentricité intellectuelle ni, tant s'en faut, un cas insolite manquant de vigueur actuelle.
Maurice Duverger, professeur à l'université de Paris et spécialiste de l'étude des partis politiques, affirmait déjà en 1950, que « l'organisation des partis n'est certainement pas en accord avec l'orthodoxie démocratique... » et que « les parlementaires eux mêmes sont soumis à cette obéissance : la discipline du parti. »
Il ajoutait encore : « Nous vivons avec une notion totalement irréelle de la démocratie. »
« "Gouvernement du peuple par le peuple", " gouvernement de la Nation par ses représentants" : [...] belles formules qui ne signifient rien. On n'a jamais vu un peuple se gouverner lui même, et on ne le verra jamais. »
Rousseau lui même l'a dit ; (il est l'auteur du Contrat Social et le père de la démocratie libérale) : « En prenant le terme dans la rigueur de son acception, une véritable démocratie n'a jamais. existé et n'existera jamais ».
Nous nous trouvons alors devant un problème sans solution ? Je ne le crois pas.
Renoncement au système démocratique.
Déjà en 1931, José-Antonio dans une conférence sur la forme et le contenu de la démocratie, prononcée dans le local de l'Union Patriotique, au moment même où il reconnaissait que « l'aspiration à une vie démocratique, libre et paisible, sera toujours le point de mire de la science politique, par dessus toute mode », faisait remarquer que si « la démocratie a échoué comme forme c'est parce qu'elle n'a pas su nous procurer une vie vraiment démocratique dans son contenu.»
Il n'est donc pas contradictoire que, des années plus tard, quand sa maturité intellectuelle et politique est entière, José-Antonio renonce à la forme démocratique du système des partis et favorise sa substitution, par la représentation familiale, municipale, syndicale, qui est une démocratie d'un contenu que ni les hommes politiques, ni les intellectuels de nos jours osent même proposer, en raison de ce qu'elle présente comme modification révolutionnaire du système juridico-politique.
Et, même si pour les seuls effets dialectiques, nous admettons l'hypothétique virtualité politique du système démocratique libéral, tel que nous le connaissons dans la pratique en Espagne et tel qu'il existe dans l'environnement européen et américain (qui encadre le monde occidental), c'est-à dire, tel que le Roi l'exaltait devant l'Assemblée Française, on ne pourrait dire de ce système qu'il soit juste dans sa dimension économique ni dans la mise au point des relations sociales du travail qui dérivent de l'économie.
Un système démocratique, pour être parfait, même dans ses limites humaines, devrait être efficace autant au niveau de la politique (où à évidence il ne l'est pas) que dans le tissu de la structure sociale et économique des peuples. Et même ceux qui le défendent avec le plus de ferveur, n'osent pas dire que les structures économiques et sociales, aussi bien celles de la Communauté Européenne que celles des Etats-Unis d'Amérique du Nord (pour ne citer que deux zones d'influence qui font pression sur notre réalité sociale actuelle), soient économiquement démocratiques.
Or, en suivant la pensée de José-Antonio, nous devons affirmer qu'il ne peut y avoir, qu'il n'y a pas, de démocratie politique possible sans convergence démocratique économique et sociale, qui en aucun cas ne peut être égalitaire : ceci est un autre mythe antinaturel cultivé avec délectation par le sophisme libéral et par la démagogie marxiste. Cette convergence démocratique économique et sociale doit être fortement solidaire et procurer à l'homme, à tous les hommes, par le fait même de l'être, « la manière de gagner avec son travail, une vie humaine juste et digne », telle que la défendait José-Antonio et telle que nous, ses disciples, la défendons encore.
Le socialisme, réaction contre les abus du capitalisme.
José-Antonio reconnut, par pure cohérence intellectuelle et sens de la réalité politique, la légitimité de la naissance du socialisme comme réaction contre les abus du capitalisme. Mais le socialisme enseigné par Karl Marx proclame la lutte des classes, qualifiée par José-Antonio de « dogme monstrueux » et propose comme scientifique, l'interprétation matérialiste de l'histoire, qui apporte (nous l'avons déjà trop vu dans les dernières décades, dans les pays communistes), « comme le libéralisme économique : la désagrégation, la haine, la séparation, l'oubli de tout lien de fraternité et de solidarité entre les hommes. »
Ce sont les paroles du Fondateur, dans son discours du 29 octobre 1933. Mais n'importe lequel d'entre nous pourrait ajouter à ces paroles (spécialement depuis l'écroulement du socialisme réel, imposé par le Parti Communiste en Union Soviétique et dans les pays de l'Est de l'Europe, et survivant dans la Cuba de Fidel Castro, dans la Chine de Li Peng, en Angola, Mozambique, Erythrée, Soudan, Abyssinie et une multitude de pays du Tiers Monde, en Asie, Afrique, Amérique et quelque peu en Europe) que, outre ce manque de solidarité et cette haine, le socialisme, même dans sa version « sociale démocrate », a apporté aux peuples la pauvreté, l'injustice sociale, le viol des droits au travail des travailleurs, l'inégalité devant la loi, la corruption , la fraude et la faillite morale et économique de l'Etat lui même et de ses institutions essentielles. Voyez la situation dans laquelle se trouve l'Espagne sous le gouvernement socialiste.
Comme vous le voyez, presque sans en avoir l'intention, conduit par le fil de la pensée vivante de José-Antonio, nous sommes allés par étapes entre le passé et le présent, comme très rapidement, nous le ferons vers le futur.
Face au libéralisme et socialisme, José-Antonio propose un faisceau d'actions.
José-Antonio ne se limite pas, cependant, à formuler une critique du libéralisme et du socialisme qui, à son époque, conduisirent à la désagrégation et à la perte de la conscience nationale et de la conscience sociale, de la même manière qu'ils nous ont plongé aujourd'hui, nous, Espagnols, dans une impasse.
Mais devant la crise des valeurs, devant la perte de l'Etre de l'Espagne et du peuple espagnol, José-Antonio propose un faisceau d'actions qui synthétisent les aspirations les plus décisives et les plus chères du peuple espagnol, et qui conjuguent tout ce qu'il y a de bon à droite et tout ce qu'il a de bon nourrit également les racines les plus nobles de la gauche.
Et, tout est fait en fonction et au service de l'Homme, de la Patrie et de la Justice sociale, qui forment la trilogie vers laquelle se fonde tout l'ensemble des idées essentielles de José-Antonio, parce que, en plus de la valeur permanente de ses entités essentielles respectives, elles étaient dans les années trente – et le redeviennent dans cette décade des années quatre vingt dix – sous le même système pseudo-démocratique, stérile et contradictoire, les concepts les plus menacés et ceux auxquels ils convient d'apporter les solutions les plus urgentes.
Remarquez comment José-Antonio comprend l'homme. Déjà, dans les fameux « nous voulons » du discours de fondation, José-Antonio proclame :
« Nous voulons moins de verbiage libéral et plus de respect pour la liberté profonde de l'homme. Parce que l'on respecte seulement la liberté de l'homme quand on l'estime, comme nous l'estimons, porteur de valeurs éternelles ; quand on l'estime enveloppe corporelle d'une âme capable d'être condamnée et d'être sauvée. C'est seulement quand on considère l'homme ainsi, que l'on peut dire que l'on respecte vraiment sa liberté, et plus encore, si cette liberté se conjugue, comme nous le prétendons, avec un système d'autorité, de hiérarchie et d'ordre. »
Le programme de José-Antonio.
Et, qu'est ce qui est défendu dans le programme normatif rédigé par José-Antonio lui-même (c'était la synthèse des travaux présentés par le 1er Conseil National de l'indissoluble unité de la Falange Espanola de las JONS) ?
Son septième point définit sans équivoque :
« la dignité humaine, l'intégrité de l'homme et sa liberté qui sont des valeurs éternelles et intangibles. Mais seul est libre celui qui fait partie d'une Nation forte et libre. Il n'est licite pour personne d'user de sa liberté contre l'union, la force et la liberté de la Patrie. Une discipline rigoureuse empêchera toute tentative d'empoisonner les relations, de désunir les Espagnols ou de les pousser contre le destin de la Patrie.»
Je veux ouvrir ici une brève parenthèse. En jugeant ces affirmations, il y eût alors (et il y a encore maintenant) ceux qui comprennent que José-Antonio proposa un système dictatorial, « un Etat absorbant qui annule l'individualité ». José-Antonio répondit à cela avec des paroles qui prennent aujourd'hui, à nouveau, leur pleine signification et plus encore, quand on reparle, maintenant depuis le sanhédrin du libéralisme capitaliste nord-américain, d'un nouvel ordre mondial sur la base de l'implantation universelle des lois économiques du marché. A ce « nouvel ordre » capitaliste qui essaye d'imposer au monde la puissance militaire des Etats-Unis, doit s'opposer, l'Espagne et l'Europe. L'Espagne et l'Europe peuvent opposer dans le domaine éthique et moral des idées et de la justice, un « nouvel ordre chrétien », et comme le disait José-Antonio « il faut commencer par l'homme, par l'individu, comme occidentaux, comme Espagnols, et comme chrétiens » .Commencer par l'homme et passer par ses unités organiques, et ainsi nous passerons de l'homme à la famille et de la famille à la commune et d'autre part au syndicat, pour parvenir à l'Etat, qui formera un tout harmonieux. Et il ajoutait :
« Dans cette conception politico-historico-morale avec laquelle nous contemplons le monde, la solution économique est implicite ; nous démolirons l'appareil économique de la propriété capitaliste qui engloutit tous les bénéfices pour lui substituer la propriété familiale, la propriété communale et la propriété syndicale. »
Et pour qu'il n'y ait pas d'équivoque au sujet de la finalité du mouvement, en un moment de profond pessimisme historique et de décadence matérielle et morale, José-Antonio lance cette autre affirmation importante : « Nous ne satisfaisons pas nos aspirations en configurant l'Etat d'une autre manière. Ce que nous voulons c'est rendre à l'Espagne un optimisme, une foi en elle-même, une ligne claire et énergique de vie en commun ».
Idée qu'il confirme et réaffirme en de multiples occasions en insistant sur le fait que notre régime – celui qu'il proposa et celui que nous défendons et proposons face à l'Espagne sans vigueur ni guide de cette fin de siècle sera tout à fait un régime national et sera profondément social, sans démagogie, parce qu'il n'y en aura pas besoin, mais implacablement anticommuniste, de sorte que « il faut relever sur une base matérielle humaine l'existence de notre peuple; mais il faut aussi l'unir par le haut : il faut lui donner une foi collective, il faut en revenir à la suprématie du spirituel. »
Comme vous pouvez le voir, nous aurions beau le vouloir, que nous ne pourrions exposer dans le cours espace de temps d'une conférence plus ou moins étendue, la riche source d'idéaux suscitée par la pensée de ]osé-Antonio.
Malgré tout, l'un de ses concepts fondamentaux requiert aujourd'hui une attention spéciale.
La constitution républicaine de 1931 fut le reflet des engagements pris dans le pacte de San Sébastien, en 1930, d'après Miguel Maura (cf. ses Mémoires) qui fut l'un de ses signataires et le Premier ministre du gouvernement de la deuxième République. Parmi ces engagements, attentatoires à l'unité nationale, figurait la promesse faite aux représentants catalans que, dès qu'elle serait au Pouvoir, la République concèderait à la Catalogne et au Pays Basque, leurs statuts respectifs d'autonomie. Dans les pages les plus tragiques de l'Histoire de notre siècle sont écrites les conséquences que déclenchèrent ces concessions et ce manque de sens historique national.
Pour une unité de destin.
Au sujet du statut de la Catalogne octroyé par la deuxième République, la position de José-Antonio (et seulement la sienne), fut singulièrement énergique et définitive. Dans son discours au cinéma de Madrid, le 19 mai 1935, José-Antonio remarque « quelques unes des trahisons définitives contre la Nation que nous devons à ces premiers hommes du 14 avril ».
D'abord, le statut de la Catalogne. Nombreux sont ceux parmi vous qui connaissez les idées de la Phalange sur ce sujet. La phalange sait fort bien que l'Espagne est diverse, et peu lui importe. C'est justement pour cela que l'Espagne a eu, depuis ses origines, vocation à être un empire. L'Espagne est diverse et plurielle, mais ses différents peuples, avec leurs coutumes, leurs caractéristiques, sont unis irrévocablement en une unité de destin dans l'universel. Peu importe que les liens administratifs se relâchent, mais à une condition : que cette terre, à laquelle on donne plus de bien être, ait la conscience de l'unité de destin si affermie dans son âme, qu'elle n'aille jamais user de ce bien être pour conspirer contre son unité de destin.
Or la Constitution (avec le consentement des partis de droite qui nous gouvernent maintenant) est comprise dans le sens de la i concession de l'autonomie à ces peuples qui sont arrivés à leur maturité, à leur différenciation ; c'est à dire qu'au lieu de prendre des précautions et de se jeter dans les sondages pour voir si l'unité n'est pas en danger, on donne l'autonomie à ces régions où l'unité a commencé à se briser, pour qu'elles finissent par se briser entièrement.
Que l'on tienne compte que quand José-Antonio dit ceci, il ne spécule pas sur un risque hypothétique. Il parle après qu'en octobre de l'année antérieure, c'est à dire, en octobre 1934, le Parti Socialiste se fut lancé dans la révolution rouge des Asturies et après que le président de la Généralité, Lhuys Companys, eut proclamé depuis le Palais saint-Georges, la République indépendante de Catalogne.