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1 août 2008 5 01 /08 /août /2008 00:16
Lili Marlène... Curieuse destinée de ce chant qui créa un invisible lien entre tous les soldats de tous les fronts du second acte de la Guerre civile européenne de 1914-1945...
À partir d'un poème de Hans Leip, écrit en 1917, (
Lied eines jungen Wachpostens, « Chanson d'une jeune sentinelle ») et à la demande de Lale Andersen, le compositeur Norbert Schultze va composer Lili Marleene. La première version est enregistrée en août 1939 ; après des débuts hésitants, elle s'impose sur tous les fronts où se trouvent des soldats allemands et bientôt les soldats de toutes nationalités, des forces de l'Axe comme chez les Alliés à partir de 1943.
La France a le privilège d'avoir été le premier pays a adopter une version étrangère de
Lilly Marlène – on trouve de nombreuses orthographes.... C'est Suzy Solidor qui en aurait demandé l'adaptation à Henri Lemarchand. Elle fut enregistrée dès 1941.
Il paraît difficile d'en répertorier toutes les éditions, depuis l'armée chilienne aux versions slovènes, finnoises, anglaises, russes, italiennes, espagnoles, portugaises, croates...
Le capitaine Selosse propose dans son carnet de chant, comme 3e couplet : « 
Le temps passe vite lorsqu’on est deux/ Il faut qu’on se quitte voici le couvre-feux/ Te souviens-tu de nos regrets/ Lorsqu’il fallait nous séparer/ {Dis-moi Lilly Marlène (bis).
»d.
Sur cet air, les légionnaires ont adapté Chez nous au 3ème.



I. Prés de la caserne, quand le jour s’enfuit
La vieille lanterne soudain s’allume et luit
C’est dans ce coin là que le soir
On s’attendait remplit d’espoir
{Tous deux Lilly Marlène (bis)

II. Et dans la nuit sombre, nos corps enlacés
Ne faisaient qu’une ombre lorsque je t’embrassais
Nous échangions ingénument
Joue contre joue, bien des serments
{Tous deux Lilly Marlène (bis)

III. La vieille lanterne s’allume toujours
Prés de la caserne, quand s’enfuit le jour
Mais tout me semble étranger
Aurais-je donc bien changé
{Dis-moi Lilly Marlène (bis)

IV. Cette tendre histoire, de nos chers vingt ans
Chante en nos mémoires, malgré les jours, les ans
Il me semble entendre ta voix
Et je te serre dans mes bras
{Lilly, Lilly Marlène... (bis)









Version (originale) allemande


1. Vor der Kaserne,
Vor dem grossen Tor
Stand eine Laterne,
Und steht sie noch davor.
So wolln wir uns da wiederseh’n,
Bei der Laterne wolln wir steh’n
{Wie einst Lili Marleen. (bis)

2. Unsere beiden Schatten
Sah’ wie einer aus,
Dass wir so lieb uns hatten,
Das sah man gleich daraus,
Und alle Leute soll’n es seh’n,
{Wie einst Lili Marleen. (bis)

3. Deinen Schatten kenn’ sie
Deinen schönen Gang,
Jeden Abend brennt sie,
Dochmich vergass sie lang,
Und sollte mir ein Leid gescheh’n
Wer wird bei der Laterne steh’n,
{Mit dir Lili Marleen. (bis)

4. Aus dem stillen Raum
Aus der Erdergrund
Hebt sich wie im Traume
Dein verliebter Mund,
Wenn sich die späten Nebel drehn,
Werd ich bei der Laterne stehn
{Mit dir Lili Marleen. (bis)





Version italienne

1. Tutte le sere sotto quel fanal
Presso alla caserna ti stavo ad aspettar
Anche sta sera aspetterò
e tutto mondo scorderò
{con te Lilli Marlen (bis)

2. Dammi una rosa da tener sul cuor
Legala col filo dei tuoi capelli d’or
Forse domani piangerai
Ma dopo tu sorriderai
{A chi Lili Marlen ? (bis)

3. O trombettier sta sera non suonar
Una volta ancora la voglio salutar
Addio Piccina dolce amor
Ti portero per sempre in cuor
{Con me Lili Marlen (bis)

4. Quando nel fango debbo camminar
Sotto il mio bottino mi sento vacilar
E cosa mai sarà di me ?
Ma poi sorrido e penso a te
{A te Lili Marlen (bis)

5. Se chiudo gli occhi il viso tuo m’appar
Come quella sera nel cerchio del fanal
E tutte le notti sogno alor
di ritornar di riposar
{Con te Lili Marlen... (bis)






(Traduction de la version italienne :

1. Tous les soirs sous cette lanterne
Près de la caserne je venais t’attendre
Egalement ce soir je t’attendrai
Et le monde entier j’oublierai
{Avec toi Lili Marlen (bis)

2. Donne-moi une rose à mettre sur mon cœur
Lie-la avec le fil de tes cheveux d’or
Peut-être demain pleureras-tu
Mais après tu souriras
{A qui Lili Marlen ? (bis)

3. O clairon ce soir ne sonne pas
Je veux encore une fois lui dire au revoir
Adieu Petite, Doux amour
Je te porterai toujours dans mon cœur
{Avec moi Lili Marlen (bis)

4. Quand dans la boue je dois marcher
Sous mon fardeau je me sens vaciller
Que va-t-il m’advenir ?
Mais après je souris et je pense à toi
{A toi Lili Marlen (bis)

5. Si je ferme les yeux ton visage m’apparaît
Comme ce soir-là dans la lumière de la lanterne
Et toutes les nuits je rêve alors
De revenir, de me reposer
{Avec toi Lili Marlen (bis)




Version anglaise

Outside the barracks by the corner light
I'll always stand and wait for you at night
We will create a world for two
I'll wait for you the whole night through
For you, Lilli Marlene
For you, Lilli Marlene

Bugler tonight, don't play the Call To Arms
I want another evening with her charms
Then we will say goodbye and part
I'll always keep you in my heart
With me, Lilli Marlene
With me, Lilli Marlene

Give me a rose to show how much you care
Tied to the stem, a lock of golden hair
Surely tomorrow you'll feel blue
But then will come a love that's new
For you, Lilli Marlene
For you, Lilli Mar-lene

When we are marching in the mud and cold
And when my pack seems more than I can hold
My love for you renews my might
I'm warm again, my pack is light
It's you, Lilli Marlene
It's you, Lilli Marlene

My love for you renews my might
I'm warm again, my pack is light
It's you, Lilli Marlene
It's you, Lilli Mar-lene


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29 juillet 2008 2 29 /07 /juillet /2008 20:14
Entretien de Bruno Gollnisch réalisé par David Duke, lors de la venue du vice-président du Front national aux Etats-Unis.

La présentation de l'entretien par David Duke (traduction approximative) sur la liberté d'expression et la préservation de l'héritage européen :


Dans la plus sombre réalisation du « crime de la pensée » orwellien, le député européen Bruno Gollnisch a été poursuivi et menacé de prison, pour avoir simplement dit, dans une conversation privée avec des journalistes, qu'il laissait soin aux historiens de débattre de la "shoah". Le Dr. Gollnisch n'a aucunement nié la "Shoah" ou des crimes contre les Juifs, précisant même que, de toute évidence, il avait existé des crimes terribles contre les Juifs durant la guerre, mais que, concernant le nombre de victimes, il laissait les historiens débattre et conclure.

Donc, on peut désormais en France être poursuivi non seulement pour affirmer une idée politiquement incorrect sur un événement historique vieux d'un demi siècle ; on peut encore aller en prison pour avoir simplement dit qu'on ne connaît pas suffisamment le sujet pour se prononcer et laisser le soin du débat aux experts.

Vous devez non seulement ne pas remettre en question le dogme, mais chaque fois que le sujet est abordé, vous devez proclamer clairement votre soumission au dogme, ou risquer la prison pour simplement laisser entendre que peut-être, vous pourriez quelque part au plus profond de votre être, remettre en doute la nouvelle religion de notre temps.

Jamais la liberté de pensée et de conscience n'était tombé aussi bas. Ecoutez ici David Duke s'entretenant avec le brillant professeur de droit, parlant couramment le français, l'allemand, le japonais et l'anglais. Gollnisch parle de la menace de l'immigration, et de la menace pour la liberté posé par la mondialisation. Il traite également de la terrible répression contre la liberté d'expression en Europe qui sévit dans le même temps où les médiats s'alarment de la liberté d'expression au Tibet et en Chine. Le parlement "européen", dit-il, a adopté des résolutions condamnant la destruction de l'antique peuple et la culture du Tibet, pendant qu'il promeut dans les mêmes termes la disparition de l'héritage européen.

David Duke [traduction libre].




L'entretien accessible ci dessous :





   
[Source : le site de David Duke]
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28 juillet 2008 1 28 /07 /juillet /2008 20:13
[Article - qui n'engage que son auteur - de Dominique Venner consacré à Julius Evola dans le dernier numéro de la NRH (n°37, juillet-août 2008) dans un dossier consacré aux mystères du postfascisme]


Evola. Philosophie et action directe


        Considéré par certains comme « le plus grand penseur traditionaliste d'Occident », Julius Evola (1898-1974) eut toujours des rapports difficiles avec le MSI tout en exerçant une influence certaine sur les cercles plus radicaux, les FAR en leur temps puis Ordine Nuovo ou Avanguardia Nazionale. Evola s'était tenu en marge du fascisme durant le Ventennio (1922-1943). Malgré ses critiques, il se voulut cependant solidaire de la RSI après 1943. Tenant à la fois de Nietzsche et de Guénon, il cultivait à la façon du premier le mépris de la plèbe et l'éloge du surhomme autoconstruit. Mais il rejoignait René Guénon dans son interprétation de l'histoire comme un processus de décadence et d'involution conduisant, selon la tradition hindoue, au Kali-Yuga, l'âge démoniaque précédant le retour au chaos originel (1). Il était prêt cependant à reconnaître que certaines formes politiques, plus ou moins en accord avec son idée hiératique de la Tradition, pouvaient ralentir le déclin. Telle était son interprétation du fascisme, dans la mesure où celui-ci, par sa tentative de réhabilitation des valeurs héroïques, constituait un défi aux sociétés modernes et à l'homme-masse sans visage.

        Aux yeux des militants ou des intellectuels de la jeune génération post-fasciste, Evola présentait l'avantage de procéder à une critique interne vigoureuse du fascisme sans céder à l'antifascisme. Il offrait une « vision du monde » cohérente et sophistiquée, impitoyable pour la modernité, à laquelle il opposait une construction beaucoup plus radicale et absolue que celle du fascisme (2). Condamnait par exemple le nationalisme pour son inspiration « naturaliste », Evola lui opposait « la race de l'esprit » et « l'idée, notre vraie patrie ». Ce qui compte, disait-il, « ce n'est pas d'appartenir à une même terre ou de parler une même langue, c'est de partager la même idée (3) ». Quelle idée ? Celle d'un ordre supérieur, dont la Rome antique, une chevalerie médiévale ou la Prusse avaient été l'expression. Il proposait un style de vie fait de sévérité, de discipline, de dureté, de sacrifice, pratiqué comme une ascèse. Evola n'était pas un pur esprit. Il avait servi dans l'artillerie au cours de la Première Guerre mondiale, et avait été, dans sa jeunesse, un alpiniste émérite, auteur d'admirables Méditations du haut des Cimes. À sa mort, ses cendres furent déposées au sommet du Monte Rosa.

        Vers 1950, croyant alors aux chances du MSI, Evola voulut donner une « bible » guerrière aux jeunes militants de ce mouvement : ce fut Les Hommes au milieu des Ruines (*), essai préfacé par le prince Borghese (4). Ses espoirs ayant été déçus, il s'éloigna du MSI et de toute action politique à partir de 1957. Il publia un peu plus tard Chevaucher le Tigre (1961), (**) ouvrage difficile qui contredisait le précédent (5). Il déclarait en substance que dans un monde courant à sa ruine, rien ne valait d'être sauvé, le seul impératif catégorique étant de suivre sa voie intérieure avec un parfait détachement pour tout ce qui nous entoure, mais en assumant ce que la vie offre de tragique et de douloureux. Ce message souleva de vives controverses dans la secte de ceux que l'on qualifiait ironiquement de « Témoins d'Evola ». Les uns le comprirent comme une invitation à se retirer du monde, et les autres comme une incitation à dynamiter la société décadente. C'est cette part du message qu'entendront les adeptes italiens de l'activisme brutal qui se manifestera au cours des « années de plomb ».

        Ce qu'exprimait Chevaucher le Tigre reflétait le dégoût que pouvait inspirer aux plus idéalistes le marais de la petite politique parlementaire dans lequel s'enfonçait le MSI. Mais, au-delà, était en cause l'évolution  d'une société italienne et occidentale soumise à l'emprise du consumérisme et du matérialisme.
Au cours des décennies suivantes, la généralisation de la violence et du terrorisme de gauche eut des effets importants au sein de la droite radicale qu'influençait le philosophe. Les deux principales organisations extra-parlementaires, Ordine Nuovo et Avanguardia Nazionale, avaient été dissoutes en 1973, ce qui poussait à l'illégalité. Mais cette stratégie fut brisée net par la répression.

        Cependant, une nouvelle génération était à l'oeuvre qui avait fait d'Evola une lecture superficielle. Née après 1950, étrangère à la mémoire historique du fascisme, elle critiquait volontiers les « vieux » du MSI, et tout autant les monstres sacrés de la droite activiste, genre Borghèse, et leur stratégie désuète du coup d'Etat. On proclama avec emphase la fin des idélogies et la primauté de l'action. Pour cette génération de très jeunes militants, devant le vide des anciennes valeurs mortes, subsistait le combat comme valeur existentielle. « Ce n'est pas au pouvoir que nous aspirons, ni à la création d'un ordre nouveau », lit-on en 1980 dans Qex, bulletin de liaison des détenus politiques de la droite radicale. « C'est la lutte qui nous intéresse, c'est l'action en soi, l'affirmation de notre propre nature ». L'influence de Chevaucher le Tigre était évidente. Mais ce qui, chez Evola, devait résulter d'une ascèse intérieure, était réduit ici à sa lettre la plus brutale, par l'identification au mythe simpliste du « guerrier ». cette dérive conduisait à la théorisation sommaire du « spontanéisme armé », autant qu'au retrait dans une tour d'ivoire ésotérique.

Dominique Venner.


1. Julius Evola a rédigé lui-même sa propore biographie intellectuelle, Le Chemin du Cinabre, trad. Philippe Baillet, Arché/ Arktos, 1982.
2. Le principal ouvrage théorique de Julius Evola, Révolte contre le Monde moderne (1934), a fait l'objet d'une traduction par Philippe Baillet, aux Editions de L'Age d'Homme, en 1991.
3. Julius Evola, Orientamenti (1950) (***), Settimo Sigillo, Rome, 1984, p. 42.
4. Julius Evola, Les Hommes au milieu des Ruines (1953), Traduction aux Sept Couleurs par Pierre Pascal en 1972. Nouvelle édition revue par Gérard Boulanger chez Pardès en 1984 et 2005.
5. Julius Evola, Chevaucher le Tigre, traduction par Isabelle Robinet, La Colombe, 1964, et Guy Trédaniel éditeur, 2002.


NDMSR :

* Voir sur
Du Haut des cimes quelques passages sur le racisme et quelques autres.
** Sur le même site,
la préface de Philippe Baillet.
*** Orientations, accessible
ici en français.
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24 juillet 2008 4 24 /07 /juillet /2008 00:24
Ce chant a été composé par un sous lieutenant de la Promotion "Colonel Cazeilles" de l'ESM de Saint-Cyr. Une version orchestrale a été adaptée par le chef de fanfare du 21e Régiment d'Infanterie de Marine (RIMA), disponible sur le CD enregistré par la promotion.


Il existe une biographie sur la vie du Colonel Cazeilles (Michel Geoffroy,
Colonel Cazeilles : 12 août 1893 - 15 juin 1940 L'honneur des armes, Lavauzelle, 1998, 300 pages), tombé le 15 juin 1940 à la tête de ses Marsouins, après leur avoir lancé :

« Baïonnettes au canon, suivez votre Colonel ! »





La revanche sonnait à l'est et son étendard relevé,
La Patrie retrouvait son âme, nos trois couleurs leur pureté,
Tandis que ceux de la Croix du Drapeau
Faisaient serment de combattre en caso,
Le souffle sournois des orages d'acier.

La foudre de l'assaut, la mitraille ennemie
Souillaient la terre d'Argonne de sueur et de sang.
L'ombre de la mort devait faucher ce superbe élan.
Ô Colonel Cazeilles, vous vouliez cette nuit,
Jeu de gloire ou de folie, narguer la mort,
Braver la moisson du feu, cruel sort.


Lieutenant de la coloniale quand le canon a retenti,
Emporté par quatre ans de guerre sans le moindre espoir de répit,
Vous avez dans les sillons de Champagne,
Imposé la noble ardeur catalane
Et mêlé à cette boue un sang brûlant.

Refrain.

Du front d'orient à Bou Knadel, du Rif aux forts de Maginot,
Vaniteuse est l'histoire des guerres, mais humble est celle des héros.
Cazeilles, l'homme de tous les combats,
Un soir de juin dans un ultime exploit,
D'un feu maudit fut la généreuse proie.

Refrain.

En ce soir nos plumes de gloire sont empourprées de votre sang.
Nos destins sont scellés au votre, donnez nous hardiesse et allant.
Si l'histoire est un recommencement,
Puissions nous vivre ce rêve envoûtant:
Un chef de guerre tombant au premier rang.

Refrain.





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10 juillet 2008 4 10 /07 /juillet /2008 20:17
Edmund Burke, premier écrivain de la contre-révolution par Yves Chiron




En 1789, les Rivarol, Royou, Du Rozoi furent les premiers à s'opposer, la plume à la main, à la vague déferlante de l'anarchie et à l'antichristianisme. Ils le firent dans des journaux qui, les uns après les autres, disparurent à mesure que la Terreur se répandait dans Paris, brisant les derniers îlots d'ordre et de vérité. Honneur doit donc leur être rendu. Pourtant c'est de l'étranger, d'Angleterre, qu'est venue la première opposition doctrinale à la Révolution : les Réflexions sur la France. C'était l'oeuvre d'un député whig, Edmund Burke, d'origine irlandaise.


Le 1er novembre 1790, l'ouvrage était publié à Londres, dès le 29, il était traduit en français. 536 pages d'une analyse détaillée des événements survenus en France depuis un peu plus d'une année, mais aussi une réfutation virulente des principes et idées qui animaient cette Révolution. L'ouvrage fit grand bruit. Tiré à 30 000 exemplaires en Angleterre, chiffre énorme pour l'époque, à 10 000 en France, traduit aussi en allemand, en italien. Il a influencé nombre des penseurs contre-révolutionnaires du XIXe siècle. Joseph de Maistre, après avoir lu le livre, écrivait à un ami le 21 janvier 1791 :

« Pour moi j'en ai été ravi, et je ne saurai jamais vous exprimer combien il a renforcé mes idées anti-démocratiques et anti-gallicanes. Mon aversion pour tout ce qui se fait en France devient de l'horreur ».




La passion révolutionnaire

Edmund Burke connaissait bien notre pays. Il y séjourna à différentes reprises. Lors d'un voyage à Paris, au début de 1773, il fut reçu par Madame du Deffand et fit la connaissance de quelques-uns des « Philosophes » alors à la mode. Par la suite, il entretint une correspondance assidue avec des amis français. Ce sont ces correspondants français qui vont être les informateurs de Burke à partir de 1789.

C'est un député du Tiers-Etat, élu par bailliage de Rouen, J.-B. Decrétot qui, en juin 1789, écrivait à Richard, fils d'Edmund Burke, pour lui faire le récit des premières semaines des Etats Généraux et leur transformation en Assemblée nationale puis constituante. Les informations lues dans les journaux anglais, le texte imprimé des différentes séances de l'Assemblée qu'on lui envoyait, s'ajoutèrent à ces témoignages directs.
Les journées sanglantes de juillet, l'agitation perpétuelle de Paris, le vent de la folie qui semblait souffler sur les meilleurs esprits commencèrent d'inquiéter Burke. Le 9 août 1789, dans une lettre à un ami, le comte de Charlemont, il disait l'inquiétude que suscitait en lui cette « vieille férocité parisienne [qui] a resurgi d'une manière affreuse ».

L'origine des Réflexions est une lettre adressée à un ami français, Charles Jean-François Depont, ex-conseiller au Parlement de Paris. Celui-ci avait demandé son sentiment sur les événements de France. Burke répondit par une première lettre en novembre 1789 puis par une seconde, en janvier 1790, qui, jamais envoyée, deviendra un gros livre.

L'ouvrage n'a pas la charpente d'une réfutation en règle, cartésienne, point par point. On dirait une longue coulée de lave, incandescente, brillant de mille feux (il faut considérer que Burke fut un des plus célèbres orateurs du parlement anglais, parvenant même, en une occasion, à faire s'évanouir certains de ses auditeurs par l'évocation des cruautés anglaises aux Indes !). De ce long fleuve des Réflexions quelques grands thèmes peuvent être tirés qui éclairent sur le processus révolutionnaire

D'abord l'idée que la passion révolutionnaire a eu raison d'un noble et ancien régime parce que le programme révolutionnaire, si l'on peut dire, était aussi fou que séduisant :

« Le petit catéchisme des droits de l'homme est facile à apprendre, et des passions suffisent pour en tirer des conséquences ».


 Ailleurs, burke fera remarquer qu'avec l'Assemblée, les clubs, pour certains (écrivains, hommes de loi, avocats) a commencé une course effrénée pour sortir de leur rang, de leur état : l'ambition politique pour se consoler d'une carrière ratée ou de gains médiocres.



La folie de créer du neuf en politique

Les pages les plus fortes de Burke, peut-être, portent sur la fièvre constitutionnelle qui a atteint les députés à partir de juin 1789 – et qui depuis, soit dit en passant, n'a pas cessé. Des hommes réunis pour proposer et discuter quelques réformes décident tout à coup, sur l'inspiration de clubs et de loges maçonniques, de se proclamer « Assemblée nationale », représentants du peuple français en son entier, puis « Assemblée nationale », représentants du peuple français en son entier, puis « Assemblée constituante », c'est-à-dire délégués pour donner au pays une constitution écrite, de nouvelles institutions. Un Rabaud Saint-Etienne, qui deviendra président de l'Assemblée, déclare du haut de la tribune :

« Tous les établissements en France couronnent le malheur du peuple : pour le rendre heureux, il faut le renouveler ; changer ses idées, changer ses lois, changer les mots, tout détruire ; oui, tout détruire ; presque tout est à recréer ».




Rien ne paraît plus fou à Burke qui cite ce texte. Selon lui, la politique se doit d'être attentive aux leçons du passé, aux leçons de l'Histoire : « l'Histoire est un grand livre ouvert pour notre instruction ; c'est dans toutes les erreurs passées, c'est dans tous les maux qui ont accablé le genre humain qu'elle puise pour l'avenir les leçons de sa sagesse ». Les députés de la Constituante, du moins pour la majorité d'entre eux, n'avaient certes pas cette vision des choses. Leur constitution devait obéir à des principes, ceux des droits de l'homme votés en août 1789 et qui figurent en préambule au premier texte constitutionnel voté. Il s'agissait pour eux de déduire de ces principes nouveaux des institutions politiques nouvelles.


Burke s'élève fortement contre cette prétention de feuille blanche et de table rase :

« Je ne peux concevoir comment aucun homme peut parvenir à un degré aussi élevé de présomption, que son pays ne lui semble plus qu'une carte blanche, sur laquelle il peut griffonner à plaisir. Un homme qu'une bienveillance toute spéculative inspire chaudement, peut désirer que la société dans laquelle il est né soit autrement constituée qu'il ne l'a trouvée. Mais un bon patriote et un vrai politique considérera toujours quel est le meilleur parti que l'on puisse tirer des matériaux existants dans sa patrie. Penchant à conserver, talent d'améliorer, voilà les deux qualités réunies qui me feraient juger de la bonté d'une homme d'Etat. »


Cette dernière sentence est sage. L'abbé Balestrier de Canilhac présentant en 1791, aux lecteurs français l'ouvrage de Burke, louait celui-ci d'avoir rappelé qu'« en politique, il ne faut pas toujours considérer le droit mais l'utile. » La politique n'est pas une science abstraite, dégagée des contingences, des choses, des hommes, des événements comme le voudraient les machiavéliens ou les opportunistes. La politique est un service, service du bien commun, « penchant à conserver, talent d'améliorer » dit Burke. A la fin de sa Politique, Aristote avait déjà défini l'esprit de service : « la mesure, le possible et le convenable ».
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7 juillet 2008 1 07 /07 /juillet /2008 18:41
Ce chant date du début de l'ère moderne, XVIe ou XVIIe siècle selon les sources. Tiré d’un vaudeville, il serait passé dans le répertoire populaire selon Thierry Decruzy.


Le guet royal fut institué à Paris en 1254 par Saint-Louis (statue à droite).  L'unité était chargé de la police dans la ville, en supplément au guet bourgeois, effectué par les habitants de la cité. La charge était devenue trop lourde pour les civils.

Le chevalier du guet commandait le guet royal qui avait autorité sur le guet bourgeois. Le guet militaire prend au fil des siècles le pas sur le guet civil; civils aussi peu compétent qu'enclins à passer régulièrement une nuit blanche...


Les Compagnons de la Marjolaine, autre nom donné à ce chant auraient été les membres de la
compagnie des parfumeurs.



I. Qui est c’qui passe ici si tard,
Compagnons de la Marjolaine,
Qui est c’qui passe ici si tard ?
Gai, gai dessus le quai.

II. C’est le chevalier du guet,
Compagnons de la Marjolaine,
C’est le chevalier du guet,
Gai, gai dessus le quai.

III. Que demand’ le chevalier,
Compagnons de la Marjolaine,
Que demand’ le chevalier ?
Gai, gai dessus le quai.

IV. Une fille à marier,
Compagnons de la Marjolaine,
Une filler à marier,
Gai, gai dessus le quai.

V. N’y a pas d’fille à marier,
Compagnons de la Marjolaine,
N’y a pas d’fille à marier,
Gai, gai dessus le quai.

VI. On m’a dit qu’vous en aviez,
Compagnons de la Marjolaine,
On m’a dit qu’vous en aviez,
Gai, gai dessus le quai.

VII. Ceux qui l’ont dit s’sont trompés,
Compagnons de la Marjolaine,
Ceux qui l’ont dit s’sont trompés,
Gai, gai dessus le quai.

VIII. Je veux que vous m’en donniez,
Compagnons de la Marjolaine,
Je veux que vous m’en donniez,
Gai, gai dessus le quai.

IX. Sur les onze heur’ repassez,
Compagnons de la Marjolaine,
Sur les onze heur’ repassez,
Gai, gai dessus le quai.

X. Les onze heur’ sont bien passées,
Compagnons de la Marjolaine,
Les onze heur’ sont bien passées,
Gai, gai dessus le quai.

XI. Sur les minuits revenez,
Compagnons de la Marjolaine,
Sur les minuits revenez,
Gai, gai dessus le quai.

XII. Voilà minuit bien sonnée,
Compagnons de la Marjolaine,
Voilà minuit bien sonnée,
Gai, gai dessus le quai.

XIII. Mais nos filles sont couchées,
Compagnons de la Marjolaine,
Mais nos filles sont couchées,
Gai, gai dessus le quai.

XIV. En est-il une d’éveillée ?
Compagnons de la Marjolaine,
En est-il une d’éveillée ?
Gai, gai dessus le quai.

XV. Qu’est-ce que vous lui donnerez ?
Compagnons de la Marjolaine,
Qu’est-ce que vous lui donnerez ?
Gai, gai dessus le quai.

XVI. De l’or, des bijoux assez,
Compagnons de la Marjolaine,
De l’or, des bijoux assez,
Gai, gai dessus le quai.

XVII. Elle n’est pas intéressée,
Compagnons de la Marjolaine,
Elle n’est pas intéressée,
Gai, gai dessus le quai.

XVIII. Mon cœur je lui donnerai,
Compagnons de la Marjolaine,
Mon cœur je lui donnerai,
Gai, gai dessus le quai.

XIX. En ce cas-là choisissez,
Compagnons de la Marjolaine,
En ce cas-là choisissez,
Gai, gai dessus le quai.


Ecouter le chant ci-dessous :




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4 juillet 2008 5 04 /07 /juillet /2008 18:09
Petit florilège de chants passés de l'armée allemande (Wehrmacht ou Waffen SS) à la Légion étrangère.


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1 juillet 2008 2 01 /07 /juillet /2008 18:10
Un chant sur celle que tant redoutent… Selon un carnet de chant de scouts d'Europe, son auteur est un certain F. de Montfort qui propose comme titre Mort dans les Flandres.
Henri Béraud qui a vu partir à la mort Robert Brasillach et tant d’autres écriviat dans son ouvrage
Quinze jours avec la mort :

 « On juge entièrement un homme sur sa façon de braver la mort. Rien ne dit mieux ce qu’il vaut. Que ceux qui n’ont jamais eu de courage en aient une fois, une seule, et ils verront comme, après, on se sent fort et libre, comme on est le maître du monde. »


C'est sous le signe de la mort que combattirent et combattent encore diverses unités dans le monde, depuis les Hussards de Prusse jusqu'à la Waffen SS et leur célèbre totenkopf ou la Decima MAS durant la Seconde Guerre mondiale.
Aujourd'hui encore les paras, avec qui le diable rit en choeur...


Parmi les variations, le site troupesdemarine.org supprime dans le refrain « La mort qui rôde sur nos chemins » et le 4ecouplet. « sans crainte » (c. 2, l. 3) ; « Mais le soir venu, nous la  [chanterons]/ Sans aucune crainte, car c’est un vieux compagnon » (c. 3, l. 3 & 4).
Le Choeur Montjoie dans le dernier paragraphe "Le Dieu des combats..."  puis "O mort rodant sur nos chemins/ La mort..."
La vidéo du chant (interprété par le Choeur Montjoie Saint-Denis) est accompagné par des gravures sur bois de Hans Holbein (le Jeune).


I. La mort chevauche à travers le pays
Frappant sans choix les héros, les bannis
Fuyez ennemis, sinon vous mourrez
Nous autres face à elle n’avons de regrets
Falalala, falalala
La Mort qui rôde sur nos chemins.


II. Tremblent devant toi les lâches et les impurs
Car bientôt ils deviendront la pâture
Nous les chargerons sans te craindre, ô Mort
Car tu est notre amie et nous vaincrons encore
Falalala, falalala
La Mort qui rôde sur nos chemins.


III. La Mort fauchant, rasant et dévastant
Décime nos rangs, frappant les survivants
Mais le soir venu, nous la chantons
Sans rancune, car c’est un vieux compagnon
Falalala, falalala
La Mort qui rôde sur nos chemins.


4. Un jour enfin tu viendras nous saisir
A tes côtés nous serons fiers de partir
Les dieux des combats nous accueilleront
Alors festoierons et ripaillerons
En ton honneur
{Mort qui rôdait sur nos chemins.


ecouter le chant ici :




ou ci-dessous :


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26 juin 2008 4 26 /06 /juin /2008 18:11
Ce chant fut joué pour la première fois lors du 1er congrès du Parti populaire français (PPF), au mois de novembre 1936. C'est quelques mois plus tôt, le 26 juin 1936, que la naissance du PPF est annoncée par le Grand Jacques. France, libère-toi ! (ou Libère-toi, France libère-toi !) fut choisi pour hymne par le parti de Jacques Doriot ; il est l'oeuvre de deux militants dionysiens du parti : un ouvrier métallurgiste, A. Henry et A. Fontaine, employé de banque pour la musique. Pour Jean-Paul Brunet le biographe à charge de Jacques Doriot, les trois couplets « dont les rimes forment un assemblage encore plus pénible, sont d’un creux étonnant. » Pour son autre (très à charge) biographe Dieter Wolf, cet hymne est « une mauvaise copie de La Marseillaise présente ce mélange connu d’emphase, de passion et de sentimentalité qui remporte un infaillible succès dans toutes les grandes manifestations. »



(cliquer sur l'image pour l'agrandir)

Effectivement, France, libère-toi ! aisément appris par les militants, fut chanté dans toutes les grandes réunions du parti parfois en ouverture quand l’ambiance était chaude, toujours en clôture avant La Marseillaise. Il y avait donc trois couplets ; Rémy Tryomphe n’en propose que deux et l’enregistrement d’époque que nous possédons n’est composé que de deux couplets lui-aussi. Il est probable que le second couplet ait disparu rapidement.
Rémi Tryomphe fait commencer ce chant par le couplet ; dans le second, il n’y a pas «
de France » après « enfant ».

   

Libère-toi France, libère-toi
Secoue le joug des luttes fratricides
Que l’étranger apporte sous ton toit
Sous le couvert de promesses perfides.
Que le Français soit maître de ses lois
Hors du pays les fauteurs de querelle
Nous ne subirons pas votre tutelle
Libère-toi France, libère-toi


I. La liberté que nos ancêtres
Ont payée du prix de leur Sang
Est menacée de disparaître
Lève-toi O peuple tout puissant
Déjà la rouge dictature
De faits sanglants, de combats inhumains
Se repaît de notre blessure
Debout Français, Saint-Denis te tend la main.

Refrain.

II. Méfiez-vous de ces émissaires,
Fossoyeurs de l'Humanité,
Parlant un langage de guerre,
Sous le signe de la Fraternité
Halte-là !... Nous sommes en France
Et vos espoirs guerriers seront vains
Notre ennemie, c'est la souffrance !
Malheur à ceux qui en sèment le grain !

Refrain.

III. Unissez-vous hommes de sciences
Ouvriers, humbles paysans
Joignez la force à l’expérience
En commun, soyez les artisans,
Les pionniers de la vie nouvelle
Et plus léger sera votre tribut
Ecoute Doriot qui t’appelle
Enfant de France vers le plus noble but.

Refrain.



Ecouter le chant ici :





Extrait d'un discours de Jacques Doriot (1941).









Jacques Doriot, bien avant Kennedy disait à ses hommes :
« Ne vous demandez pas ce que le parti peut faire pour vous,
mais demandez-vous ce que vous pouvez faire pour le parti !
».
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24 juin 2008 2 24 /06 /juin /2008 20:16
[Charles Maurras et sa préhistoire par Jean Mabire. Chronique publiée dans National-Hebdo et repris dans les Cahiers de Chiré.]


        En consacrant une minutieuse et laudatrice biographie à son maître, Yves Chiron (1), directeur du Bulletin Charles Maurras, a l'immense mérite de faire connaître un homme et une oeuvre injustement minorisés. À une époque où l'on a célébré à grand fracs le dixième anniversaire de la disparition de Jean-Paul Sartre, penseur engagé s'il en fut, et où le rôle des intellectuels dans la cité est plus que jamais remis en perspective, il est indispensable de connaître Maurras. On peut ne pas partager ses idées : encore faut-il les connaître et aussi savoir quelle en fut la « préhistoire ». Une réflexion sur les rapports de la pensée et de l'action est plus que jamais indispensable, même si elle aboutit à une critique de la démarche de Maurras et surtout des maurrassiens. On peut aussi se poser la question de savoir ce qu'il serait advenu de l'oeuvre littéraire de ce jeune poète provençal s'il n'avait été saisi par le démon de la politique. Quant à l'homme, ce livre prouve que nous le connaissons mal. Il mérite mieux que l'adulation de ses disciples et le mépris de ses adversaires.


       Jamais déterminisme régional ne joua un tel rôle que dans le cas de ce fils du soleil, issu des rivages (Martigues) et des collines (Roquevaire) de la Provence, né en 1868, un 20 avril (quelle ironie pour cet opiniâtre contempteur de la race germanique !)
        Il se sentira toute sa vie enraciné en terre occitane et se voudra héritier de l'antique civilisation gréco-latine, relayée par la discipline catholique romaine. Chez lui, la fidélité à la terre et au ciel de sa jeunesse aixoise domine des choix intellectuels qu'il croit guidés par la raison et qui le sont aussi, malgré lui, par l'instinct.

        S'être voulu avant tout « classique » et apparaître comme le dernier « romantique », quelle dérision, mais aussi quelle richesse, chez ce poète, guide de son peuple !

        Tout fondateur – et Maurras le fut plus que nul autre – n'en est pas moins aussi un héritier. Il ne faut jamais oublier que les maîtres de ce maître furent Mistral pour le meilleur et Barrès pour le pire (bien sûr, il faudrait nuancer, mais la nuance n'est pas maurrassienne).


ECOLE ROMANE

        De l'auteur de Mireille, chantre du peuple provençal, il tire un amour vibrant de la langue maternelle, un patriotisme du sang et du sol, une vision « populaire » dans le meilleur sens du terme, qui le mènera au félibrige et à des idées autonomistes et fédéralistes qui peuvent apparaître comme le meilleur de sa sensibilité et son héritage.
        À l'auteur des Déracinés, il emprunte un chauvinisme étroit et réducteur qui, plus encore que par la haine viscérale de l'Allemagne et du germanisme, se traduira par un paradoxal ralliement à un ultra-nationalisme plus proche qu'on ne le croit du jacobinisme tricolore des républicains tant haïs.

        Dès son arrivée à Paris, l'amitié du poète gréco-parisien Papadiamantopoulos, dit Jean Moréas, le conduit à fonder une Ecole littéraire et politique romane qui transcende sa Provence pour s'étendre à tout le monde méditérranéen.
        Il est faut de dire que Maurras est incapable d'abolir les frontières. Bien au contraire. Le drame est qu'en opposant la « romanité » et la « barbarie », il se sent plus proche d'un « civilisé » de Grenade, de Naples ou d'Athènes que d'un « sauvage » de Quimper, de Dunkerque ou de Strasbourg !
        Son nationalisme français d'origine provinciale (c'est-à-dire d'un « pays vaincu » dans l'ordre romain) s'enferme de surcroît très vite dans un choix royaliste dont il ne se départira jamais, même quand il considérera la venue du Maréchal Pétain comme une « divine surprise ».

        Quand il se lance dans la politique dans les dernières années du XIXe siècle, il aura du mal à convaincre ses amis patriotes de sauter le pas monarchiste. Mais ce petit homme à l'allure de mousquetaire qui domine, à force d'une prodigieuse volonté, le handicap de la surdité, est un opiniâtre.
        Par conviction ou par lassitude, les créateurs de l'Action française  vont, à son image, se complaire dans une querelle monarchie-république qui, pour satisfaire aux exigences d'une séduisante dialectique, ne les enfermera pas moins dans une atmosphère de guerre civile.
        D'où les chahuts estudiantins et les invectives. D'où aussi chez l'auteur du Chemin de Paradis, une passion polémique typiquement méridionale qui le conduira ) être désavoué par le Prince et condamné par l'Eglise.


CATHOLIQUE MAIS NON CHRETIEN

        On peut ne pas aimer Maurras, mais on ne peut qu'être fasciné par l'obstination de cet homme, certain de son intelligence et de sa raison jusqu'à être plus royaliste que le roi et plus catholique que le pape. Catholique mais non chrétien. Le Vatican, dont il révérait la puissance temporelle plus que spirituelle, avait bien discerné le paganisme de ces premiers livres. Il en reste encore, si je ne me trompe, sept inscrits à l'Index ! Là encore, la Provence est reine quand il fait cohabiter les dieux et les nymphes de l'Attique et du Latium avec le culte de la Vierge Mère, dont fut imprégnée sa pieuse enfance et qui patronnera une tardive conversion sur son lit de mort.

        Que Maurras est compris que l'idée précède l'action et qu'il n'y a pas de politique sans idéologie (ce qui ne contredit pas son célèbre « politique d'abord » est sans doute son apport essentiel. L'AF fut une école de pensée qui marqua au moins deux générations.

        Les nombreuses dissidences et les échecs répétés devraient aboutir au paradoxe des paradoxes : le plus tenace des adversaires de l'Allemagne condamné à la réclusion perpétuelle pour « intelligence avec l'ennemi », après un procès qu'il avait affronté, francisque à la boutonnière et dont il s'écria : « C'est la revanche de Dreyfus ! ».

        Après sept ans et sept mois de prison, le vieux lutteur est mort en exil à Saint-Symphorien-lès-Tour, le 16 novembre 1952.

        Même ceux qui ne partagent pas sa doctrine ou qui ne sympathisent guère avec le personnage, doivent le louer d'avoir  d'avoir naguère prononcé la plus intelligente et la plus nécessaire de toutes les maximes :

        « Le désespoir en politique est une sottise absolue ».






Jean Mabire


(1) Yves Chiron, La Vie de Maurras, 504 pages, 15 photos, Perrin. Que ce livre soit hagiographique est normal, qu'il soit dépourvu d'index est fâcheux. On lira aussi le splendide album consacré à Maurras par son fidèle Pierre Pascal (1909-1990), 350 F, paru aux Editions de Chiré, BP 1, 86190 Chiré-en-Montreuil, où l'on trouve de nombreux livres « maurrassiens » dans un sens très large.
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