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29 septembre 2010 3 29 /09 /septembre /2010 18:18

      Nous fêtons ce jour la Saint Michel, le saint patron des parachutistes. Voici un chant para pour l'occasion, l'Hymne à Saint Michel.

      Thierry Bouzard, dans son excellent ouvrage Anthologie du chant militaire français donne avant chaque chant, de très intéressantes notices. Voici celle consacrée à ce très beau chant.

  

      « Le chant de tradition des parachutistes est inspiré d’un cantique béarnais dédié à Notre-Dame-du-Bout-du-Pont et chanté, d’après la légende, par Jeanne d’Albret en accouchant du futur Henri IV. Les paroles sont adaptées de la version créée pour les scouts routiers par le père Doncœur et publiées pour la première fois dans le recueil de Chant de Roland en 1927. Représentant les anciens dieux du tonnerre des mythologies celtes et nordiques, les parachutistes ont choisi saint Michel comme patron. L’archange est le chef des armées célestes, en se plaçant sous sa protection, les parachutistes veulent lui ressembler : «  La mer s’est ébranlée et la terre a tremblé là où saint Michel est descendu du ciel », nous dit l’Offertoire de la messe du 8 mai qui lui est dédiée. Que ce patronage leur rappelle que le rôle du soldat n’est pas de porter la guerre et le désordre, mais de ramener la paix, disait François Casta quand il était aumônier au 1er B.P.C.

 
      C’est Charlemagne qui décrète le 29 septembre, fête officielle de l’empire, saint Michel est proclamé patron et chef des Gaules. Cette consécration est authentifiée par les nombreux miracles qui la confirment et renouvelée par les pèlerinages au mont Saint-Michel effectués par les saints, les rois et les princes de l’Eglise tout au long de l’histoire de France. »


      Le site www.troupesdemarine.org présente quelques variations : "[...] lave nos cœurs dans l’onde pure" (c. 2, l. 1 et l. 4) ; "Fais nous loyaux et droits et valeureux en les tournois" (c. 2, l. 2) ; "Ta main veangea les cieux [...] (c. 3, l. 2).

 



I. O Michel, patron des paras, trempe nos cœurs de hardiesse.
Conduis nos pas joyeux, pour le devoir tout près de Dieu.
Guide-nous dans les durs sentiers et garde-nous de nos détresses.
O Michel, patron des paras, trempe nos cœurs de hardiesses.

II. O Michel, ange chevalier, lave nos cœurs de nos rotures,
Fais-nous loyaux et braves, bons aux petits à tous courtois,
Pour servir fais-nous être prêts, et défend-nous de tout parjure,
O Michel, ange chevalier, lave nos cœurs de nos rotures.

III. O Michel, ange des guerriers, arme nos cœurs de sainte audace,
Ta main trancha les cieux, arrache-nous aux camps des peureux,
Laisse-nous résolus et fiers, sangle nos chairs dans les cuirasses,
O Michel, ange des guerriers, arme nos cœurs de sainte audace.






Ecouter le chant là :



ou ICI.

 




   

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23 septembre 2010 4 23 /09 /septembre /2010 16:16
Le 14 août 1844, le général Bugeaud remporte l’éclatante victoire d’Isly face aux Marocains d’Abdb-el Kader à l’ouest d’Oujda. Un an plus tard, le 23 septembre 1845, les troupes du colonel Montagnac, 350 chasseurs du 8e bataillon et 60 cavaliers du 2e hussards, sont attaquées par 6 000 cavaliers de l’Emir. Réfugiés au marabout de Sidi-Brahim, les Français résistèrent ; le 26 septembre, les survivants brisent les lignes ennemis, sous les ordres du caporal Lavayssière. Six survivants parviendront aux lignes françaises.
Le 23 septembre est devenu la fête de tradition des chasseurs à pieds, rappelant le souvenir et le sacrifice de leurs camarades de Sidi-Brahim (ci-contre un monument qui célébrait cette bataille à Oran). Pour plus de précisions sur cette bataille, voir ICI.
Sur la chanson de Pierre Dupont Buvons à l’indépendance du monde, datant de 1855, Albert-Paul Porot a adapté une musique et le lieutenant Alehaut les paroles.

Le cinquième couplet a été ajouté après la guerre de 1870 ; le sixième et dernier couplet trouve son origine dans la Grande Guerre.
Le refrain peut connaître quelques variations : la première personne du pluriel ("nous" et "notre") étant remplacé par leur équivalent de la seconde personne du pluriel. Par ailleurs le "Serrons les rangs" n'est pas toujours chanté. Le "Marchons, marchons, marchons" et parfois bissé ; dans d'autres versions, ce sont les deux derniers vers qui sont bissés. On trouve sinon "Si" pour "Quand".



I. Francs chasseurs, hardis compagnons
Voici venir le jour de gloire
Entends l’appel des clairons
Qui nous présage la victoire
Volez, intrépides chasseurs
La France est là qui vous regarde
Quand sonnera l’heure du combat
Notre place est à l’avant garde !

En avant ! braves bataillons !
Jaloux de notre indépendance
Quand l’ennemi vers nous s’avance
Marchons, marchons, marchons,
Serrons les rangs !
Mort aux ennemis de la France !

II. Quand votre pied rapide et sûr
Rase le sol, franchit l’abîme
On croit voir à travers l’azur
L’aigle voler de cime en cime.
Vous roulez en noirs tourbillons,
Et parfois limiers invisibles
Vous vous couchez dans les sillons
Pour vous relever plus terribles !

Refrain.

III. Aux champs où l’oued Had suit son cours,
Sidi-Brahim a vu nos frères
Un contre cent lutter trois jours
Contre les hordes sanguinaires
Ils sont tombés silencieux
Sous le choc, comme une muraille
Que leurs fantômes glorieux
Guident nos pas dans la bataille !

Refrain.

IV. Héros au courage inspiré ;
Nos pères conquirent le monde
Et le monde régénéré
En garde la trace féconde.
Nobles aïeux, reposez-vous,
Dormez dans vos couches austères,
La France peut compter sur nous,
Les fils seront dignes des pères !

Refrain.

V. Surprise un jour frappée au cœur,
France, tu tomberas expirante.
Le talon brutal du vainqueur
Meurtrit ta poitrine sanglante.
Oh France, relève le front
Et lave le sang de ta face,
Nos pas bientôt réveilleront
Les morts de Lorraine et d’Alsace.

Refrain.

VI. O Morts, nous vous avions promis
De libérer le territoire.
Ils sont chassés, les ennemis,
Nous vous apportons la Victoire,
Sous vos lauriers, dormez en paix
Face au vaincu qui nous regarde,
C’est au bord du Rhin, désormais,
Chasseurs, que nous montons la garde.

Refrain.





Ecouter le chant ICI

ou ci-dessous (autre version)

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12 septembre 2010 7 12 /09 /septembre /2010 14:14

        La Bataille de Vienne évoque le second siège de cette ville, le 12 septembre 1683, par les Ottomans. C’est Charles de Lorraine et Jean Sobieski, le roi de Pologne, qui viennent délivrer la ville du péril musulman. Cette victoire est le point de départ d'une guerre de reconquête qui s'achéve en 1699, lorsque l'empire des Hasbourg a récupéré l'ensemble de ses terres de Hongrie et de Croatie. À l'issue de la bataille fut instituée la fête du Saint Nom de Marie ; la Sainte Vierge avait été invoquée par les combattants.
        Cette bataille est également célèbre pour avoir donné naissance à la plus célèbre des viennoiseries : le croissant, dont les boulangers viennois obtinrent le privilège. Cette date mis fin à l'occupation ottomane dans une grande partie de l'Europe, pourtant considérée par beaucoup comme acquise et définitive.



http://img46.imageshack.us/img46/6398/bitwapodwiedniembrandt.jpg

La Bataille de Vienne, huile sur toile, 1863, Jozef Brandt.


        L’air est emprunté à un chant de XVe siècle, Le Roy Englois, ou Chanson de libération, composé pour fêter le départ des Anglais, boutés hors de France par sainte Jeanne d’Arc et les armées de France. Les paroles sont de Pierre Moreau.

 


I. Battez tambours, clairons sonnez l’appel,
Le roi s’adresse à ses féaux sujets.
Le cri s’entend partout dans le pays,
La gens païenne ennemie des chrétiens
Veut nous ravir nos biens et nos familles.
Les anciens, les jeunes, courez à vos épées,
Votre étendard vous précède partout,
Il est orné de la Croix salvatrice.

II. Le Turc est là et Vienne est menacée,
L’énorme troupe triomphe d’un seul cri,
Mais il ne peut rien si le Dieu des armées
Soutient la lutte, lui donne son élan.
L’armée chrétienne l’invoquant s’agenouille,
Sitôt se prosterne devant le saint autel,
Puis, résolus, les hommes vont se ranger
Au juste endroit que veut la discipline.

III. Ils sont conduits par Charles le Lorrain ;
A la rescousse viendront les escadrons
Pour repousser le règne du Croissant.
Chacun s’empresse, car Vienne est assiégée
Depuis deux mois et va bientôt se rendre
Mais, par grande grâce, la valeureuse Armée
Dévale à fond la colline et son flanc ;
Jusqu’au faubourg l’ennemi part en fuite.



 

 

 



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5 septembre 2010 7 05 /09 /septembre /2010 16:16
Nationaliste et chrétien, Charles Péguy [à gauche peint par Jean-Pierre Laurens] est mort au front, lors de la bataille de la Marne, le 5 septembre 1914. Il a laissé une œuvre intense tant par sa foi que par son amour de la France. Extrait de son œuvre Eve (l'oeuvre sur wikisource) a été mis en musique et adapté comme chant militaire.

La version du musicien Jehan Alain, partageant la même foi et le même amour de la patrie que Péguy est la plus célèbre. Comme Péguy, Jehan Alain est mort au front, le 20 juin 1940.

Le 3e couplet ne fait pas partie de toutes les versions. On retrouve parfois comme titre
Les épis mûrs.



I. Heureux ceux qui sont morts pour la terre charnelle,
Mais pourvu que ce fût dans une juste guerre.
Heureux ceux qui sont morts pour quatre coins de terre.
Heureux ceux qui sont morts d’une mort solennelle.

II. Heureux ceux qui sont morts dans les grandes batailles
Couchées dessus le sol à la face de Dieu.
Heureux ceux qui sont morts dans un dernier haut-lieu
Parmi tout l’appareil des grandes funérailles.

III. Heureux ceux qui sont morts pour des cités charnelles,
Car elles sont le corps de la cité de Dieu.
Heureux ceux qui sont morts pour leur âtre et leur feu,
Et les pauvres honneurs des maisons paternelles.

IV. Heureux ceux qui sont morts car ils sont retournés,
Dans la première argile et la première terre.
Heureux ceux qui sont morts dans une juste guerre,
Heureux les épis mûrs et les blés moissonnés.






Ecouter le chant ici :




ou ci-dessous :







Extrait du poème

Vous nous voyez debout parmi les nations.
Nous battrons-nous toujours pour la terre charnelle.
Ne déposerons-nous sur la table éternelle
Que des cœurs pleins de guerre et de séditions.

Vous nous voyez marcher parmi les nations.
Nous battrons-nous toujours pour quatre coins de terre.
Ne mettrons-nous jamais sur la table de guerre
Que des cœurs pleins de morgue et de rébellions.

— Heureux ceux qui sont morts pour la terre charnelle,
Mais pourvu que ce fût dans une juste guerre.
Heureux ceux qui sont morts pour quatre coins de terre.
Heureux ceux qui sont morts d’une mort solennelle.

Heureux ceux qui sont morts dans les grandes batailles,
Couchés dessus le sol à la face de Dieu.
Heureux ceux qui sont morts sur un dernier haut lieu,
Parmi tout l’appareil des grandes funérailles.

Heureux ceux qui sont morts pour des cités charnelles.
Car elles sont le corps de la cité de Dieu.
Heureux ceux qui sont morts pour leur âtre et leur feu,
Et les pauvres honneurs des maisons paternelles.

Car elles sont l’image et le commencement
Et le corps et l’essai de la maison de Dieu.
Heureux ceux qui sont morts dans cet embrassement,
Dans l’étreinte d’honneur et le terrestre aveu.

Car cet aveu d’honneur est le commencement
Et le premier essai d’un éternel aveu.
Heureux ceux qui sont morts dans cet écrasement,
Dans l’accomplissement de ce terrestre vœu.

Car ce vœu de la terre est le commencement
Et le premier essai d’une fidélité.
Heureux ceux qui sont morts dans ce couronnement
Et cette obéissance et cette humilité.

Heureux ceux qui sont morts, car ils sont retournés
Dans la première argile et la première terre.
Heureux ceux qui sont morts dans une juste guerre.
Heureux les épis murs et les blés moissonnés.

Heureux ceux qui sont morts, car ils sont retournés
Dans la première terre et l’argile plastique.
Heureux ceux qui sont morts dans une guerre antique.
Heureux les vases purs, et les rois couronnés.

Heureux ceux qui sont morts, car ils sont retournés
Dans la première terre et dans la discipline.
Ils sont redevenus la pauvre figuline.
Ils sont redevenus des vases façonnés.

Heureux ceux qui sont morts, car ils sont retournés
Dans leur première forme et fidèle figure.
Ils sont redevenus ces objets de nature
Que le pouce d’un Dieu lui-même a façonnés.

Heureux ceux qui sont morts, car ils sont retournés
Dans la première terre et la première argile.
Ils se sont remoulés dans le moule fragile
D’où le pouce d’un Dieu les avait démoulés.

Heureux ceux qui sont morts, car ils sont retournés
Dans la première terre et le premier limon.
Ils sont redescendus dans le premier sillon
D’où le pouce de Dieu les avait défournés.

Heureux ceux qui sont morts, car ils sont retournés
Dans ce même limon d’où Dieu les réveilla.
Ils se sont rendormis dans cet alléluia
Qu’ils avaient désappris devant que d’être nés.

Heureux ceux qui sont morts, car ils sont revenus
Dans la demeure antique et la vieille maison.
Ils sont redescendus dans la jeune saison
D’où Dieu les suscita misérables et nus.

Heureux ceux qui sont morts, car ils sont retournés
Dans cette grasse argile où Dieu les modela,
Et dans ce réservoir d’où Dieu les appela.
Heureux les grands vaincus, les rois découronnés.

Heureux ceux qui sont morts, car ils sont retournés
Dans ce premier terroir d’où Dieu les révoqua,
Et dans ce reposoir d’où Dieu les convoqua.
Heureux les grands vaincus, les rois dépossédés.

Heureux ceux qui sont morts, car ils sont retournés
Dans cette grasse terre où Dieu les façonna.
Ils se sont recouchés dedans ce hosanna
Qu’ils avaient désappris devant que d’être nés.

Heureux ceux qui sont morts, car ils sont retournés
Dans ce premier terreau nourri de leur dépouille,
Dans ce premier caveau, dans la tourbe et la houille.
Heureux les grands vaincus, les rois désabusés.



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21 avril 2009 2 21 /04 /avril /2009 22:27

C'est le 21 avril 1763 près d'Ancenis qu'est né François de Charette l'un des plus célèbres chefs Vendéens. Entré comme aspirant dans la marine en 1780, il la quitte en 1790 avec le grade de lieutenant de vaisseau alors que la révolution s'étend. Il s'engagera rapidement dans la résistance contre les armées criminelles de la république et devient dès décembre 1793 général en chef de l'armée Catholique du Bas-Poitou où il lutte héroïquement. Il sera rejoint par de nombreuses personnes avec le déclenchement de la guerre d'extermination menée par la république et il parviendra à battre Turreau, qui dirigent les célèbres « colonnes infernales ». Il obtient des négociations : aux accords de la Jaunaye Hoche accorde la liberté de culte, le droit pour les prêtres non jureurs d'officier, le gel de la conscription, l'amnistie. La paix ne durera pas ; le 8 juillet 1795 il est nommé général en chef de l'armée catholique et royale par Louis XVIII. Après plusieurs mois de guerre, il est fait prisonnier et fusillé le 29 mars 1796, entrant dans la légende.


Paulin Guérin, François-Athanase Charette de la Contrie,
général en chef des années vendéennes  (1763-1796).


Le chant n'est pas d'époque : il a vraisemblablement été écrit par Paul Féval en 1853 et aurait rapidement connu le succès chez les nationaux. Le 13 mai 1909, le député royaliste Baudry d’Asson l’entonna à l’assemblée face aux marxistes qui éructaient l’Internationale (T. Decruzy) (voir le texte de la femme d'Alphonse Daudet – et mère de Léon – qui clôture l'article).

Il existe quelques variations : c. 5, l. 1 : 
"d’Challans" au lieu de "de Conflans" ; dans le couplet final, on trouvre parfois "aller" au lieu de "délivrer" ;





I. {Monsieur d’ Charette a dit à ceux d’Ancenis (bis)
« Mes amis, le roy va ramener la fleur de lys »

Prends ton fusil Grégoire
Prends ta gourde pour boire
Prends ta vierge d’ivoire
Nos messieurs sont partis
Pour chasser la perdrix

II. {Monsieur d’ Charette a dit à ceux d’Loroux (bis)
«Mes bijoux, pour mieux tirer mettez-vous à genoux»

Refrain.

V. {Monsieur d’ Charette a dit à ceux d’ Montfort (bis)
«Frappez fort, le drapeau blanc défend contre la mort»

Refrain.

IV. {Monsieur d’ Charette a dit à ceux d’ Clisson (bis)
«Le canon fait mieux danser que le son du violon»

Refrain.

V. {Monsieur d’ Charette a dit à ceux de Conflans (bis)
«Mes enfants, ralliez-vous à mon panache blanc»

Refrain.

VI. {Monsieur d’ Charette a mis sa plume au vent (bis)
«En avant ! on parlera longtemps des vieux Chouans»

Prends ton fusil Grégoire
Prends ta gourde pour boire
Prends ta vierge d’ivoire
Nos messieurs sont partis
Pour délivrer Paris.



Ecouter le chant ci-dessous :




ou là :






 

Paul Féval ! celui-ci ne connut qu'une gloire éphémère, mais l'homme fut supérieur à son œuvre. D'un aspect un peu fruste, avec ses cheveux bretons et sa moustache grisonnante d'ancien blond, il avait l'abord fin et paysan, une vivacité, un charme d'esprit, une gaîté qui le faisait chanter au dessert à Champrosay des chansons bretonnes, tantôt au rythme des danses, tantôt rêveuses et prolongées comme la lande violette de son pays. Il les savait tous, ces refrains d'Armor, et préférait les royalistes, ceux qui menaient à la bataille les bandes d'Elbée et de la Rochejacquelein. Ne dit-on pas qu'il est l'auteur de la chanson célèbre : « Monsieur  d'Charette a dit à ceux d'Ancenis... » ?

Cette érudition bretonne se retrouve dans  certains de ses romans; pour celui-là aussi, comme pour tous les êtres de sensible pénétration, sa province fut une source vive.

Puis il connut Paris, l'aima, et Le Roman de la jeunesse, Annetle Lais témoignèrent pour son talent sentimental, comme Les Mystères de Londres, Le Bossu, Les Habits noirs, de sa vive imagination.

Je n'aperçois jamais, non loin de la place Royale, la rue de la Cerisaie sans penser que dans une pauvre chambre d'un de ces vieux logis, Paul Féval, seul et abandonné dans  Paris, faillit mourir d'inanition. Ce fut un médecin du quartier, le D r Penoyez, qui le sauva et lui fit épouser sa fille, la femme pieuse et dévouée, l'admirable mère de neuf enfants que j'allai voir un jour avenue des Ternes. Un jardin embellissait le petit hôtel du romancier, et, dans le salon tout orné d'œuvres d'art où je fus introduite, Mme Féval, devant sa table à ouvrage, raccommodait des bas de toutes tailles et de toutes grandeurs, représentant avec sérénité la femme d'intérieur idéale qu'elle fut toute sa vie.

 

A cette époque, Féval était heureux, riche, tout fier de sa charmante famille. Sa vie  s'assombrit plus tard et révéla chez lui un tempérament de catholique inquiet et de chrétien scrupuleux jusqu'à réviser son œuvre complète et la mettre au point de ses  croyances exigeantes et ravivées.

 


Madame Alphonse Daudet, Souvenirs autour d'un groupe littéraire (1910).

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30 mars 2009 1 30 /03 /mars /2009 22:28
Hersart de La Villemarqué affirme avoir recueilli ce chant auprès d'un « combattant des guerres révolutionnaires, un ancien compagnon de Cadoudal » (T. Decruzy) et le publia dans le Barzaz-Breiz. Ce chant remonterait à l'époque des faits qu'il narre.
L'histoire commence par la guerre de succession en Bretagne après la mort du duc Jean III en 1341. Sans héritier, sa nièce Jeanne de Penthièvre, épouse de Charles de Blois, et alliée aux Français s'oppose à Jean de Montfort, le demi-frère de Jean III qui s'assure le soutien des Anglais. Après la mort de Charles de Blois, Jean de Montfort s'empare du pouvoir et du titre de Duc Jean IV.
Mais son attitude pro-anglaise lui cause de nombreuses inimitiés. Il refuse de chasser les Anglais des Bretagne et repartira avec eux quand le roi de France Charles V les chasse du continent. Charles V veut alors transformer son pouvoir de suzeraineté en pouvoir direct  en annexant la Bretagne. Ceux qui l'avaient appelé pour chasser l'Anglais se retournent alors vers leurs anciens ennemis et leur ancien duc. Jean IV débarque à Dinard le 3 août 1379 pour lutter contre un autre Breton à la tête des armées françaises, Bertrand Du Guesclin... C'est le retour du duc qui est l'objet du chant...
Variante :  c. 3 l. 1 : « Ecoutez-nous, Dieux de l’Armor ».
Voici deux versions françaises du chant :





I. Voici le cygne de Montfort,
Qui fait blanchir l’écume au port
C’est le duc Jean au casque d’or.

{Dinn, dinn, daon, dann emgann, dann emgann oh
Dinn, dinn, daon, dann emgann ezann.  (bis)


II. Ohé guetteur monte à la tour :
Notre duc Jean est de retour,
Et que l’hermine claque au jour.

Refrain.

III. O Notre-Dame de l’Armor,
Protégez-nous de l’âpre mort,
De la défaite et du remord.

Refrain.

IV.Traîtres, songez au châtiment.
Le jour viendra prochainement
Comptez vos os soigneusement.

Refrain.

V. Nous n’aurons trêve ni répit,
Que nous ne vous ayons occi
Vous vouliez des hommes ? En voici.

Refrain




I. Voici le cygne de Montfort,
Qui fait blanchir la mer au bord !
C’est le duc Jean au casque d’or.

Dann, ding daon ! dann ding, dang, ding, dang ! oh !
Dann, ding daon ! dann ding, dang ! ding, daon !


II. Messire Jean est de retour !
Ohé, guetteur, monte à la tour,
Et que l’hermine claque au jour !

Refrain.

III. Les monts du Laz ont tressailli.
La mer bondit, hennit, jaillit.
L’été revient sur le pays !

Refrain.

IV. O Notre-Dame de l’Armor,
Préservez-nous de l’âpre mort,
De la défaite et du remords.

Refrain.

V. Le foin est mûr : qui le fauchera ?
Les blés sont mûrs : qui les prendra ?
Les morts, qui les recueillera ?

Refrain.

VI. Traîtres, pensez au jugement ;
L’heure en viendra prochainement
Comptez vos os soigneusement.

Refrain.

VII. Nous ne ferons paix ni merci
Que nous ne vous ayons occis ;
Vous vouliez des hommes ? voici !

Refrain.

VIII. Entendez-bous par les cantons
Le hurlement des loups bretons.
Hou, hou ! Partons ; Hou, hou ! Partons !

Refrain.





Ecouter le chant ici
(par le Choeur Montjoie Saint Denis)







(Partition via ici)






An Alarc'h

Un alarc'h, un alarc'h tra mor (bis)
War lein tour moal kastell Arvor

Dinn, dinn, daoñ, d'an emgann, d'an emgann, o !
Dinn, dinn, daoñ, d'an emgann ez an


Neventi vad d'ar Vretoned
Ha mallozh ruz d'ar C'hallaoued

Dinn, dinn, daoñ, d'an emgann...

Erru ul lestr e pleg ar mor
E ouelioù gwenn gantañ digor

Degoue'et an Aotrou Yann en-dro
Digoue'et eo da ziwall e vro

D'hon diwall diouzh ar C'hallaoued
A vac'hom war ar Vretoned

Ken e laosker ur youc'hadenn
A ra d'an aod ur grenadenn

Ken e son ar menezioù Laz
Ha froen, ha trid ar gazeg c'hlas

Ken e kan laouen ar c'hleier
Kant lev tro-war-dro, e pep kêr

Deut eo an heol, deut eo an hañv
Deut eo en-dro an Aotrou Yann

An Aotrou Yann a zo paotr mat
Ken prim e droad hag e lagad

Laezh ur Vreizhadez a sunos
Ul laezh ken yac'h evel gwin kozh

Luc'h a daol e c'hoaf p'hen horell,
Ken e vrumenn an neb a sell

Pa c'hoari kreñv, ken kreñv e tarc'h
Ken e taouhanter den ha marc'h

Darc'h atav, dalc'h mat, aotrou dug,
Dav warnehe! ai-ta! bug-ho! bug!

Neb a drouc'h 'vel a douc'hez-te
N'en deus aotrou nemet Doue!

Dalc'homp, Bretoned, dalc'homp mat !
Arsav na truez ! gwad oc'h gwad !

Itron Varia Breizh, skoaz da vro!
Fest erbedenner, fest a vo!

Dare' ar foenn; piv a falc'ho?
Dare' an ed; piv a vedo?

Ar foenn, an ed, piv o fako?
Ar roue gav' gantañ 'raio

Dont a ray a-benn ur gaouad
Gant ur falc'h arc'hant da falc'hat

Gant ur falc'h arc'hant er bro-ni,
Ha gant ur falz aour da vediñ

Mar plije gant ar C'hallaoued
Daoust hag int mank ar Vretoned?

Mar plije gant 'n Aotrou roue
Daoust hag-eñ eo den pe Zoue?

Skrignañ 'ra bleizi Breizh-Izel
O klevet embann ar brezel

O klevet ar youc'h, e yudont
Gant c'hwezh ar C'hallaoued e reont

En heñchoù, e-berr a welour
O redek ar gwad evel dour

Ken yey ruz-glaou brusk an houidi
Hag ar wazi gwenn o neuiñ

Muioc'h a dammoù goaf, e sklent,
Eget skoultroù goude barr-went;

Ha muioc'h a bennoù-marv,
Eget e karnelioù ar vro

Paotred Bro-C'hall 'lec'h ma kouezhint
Betek deiz ar varn e c'hourve'int

Betek deiz ar varn hag ar fust,
Gant an Trubard a ren ar rustl

An diveradur eus ar gwez
'Ray dour benniget war e vez !



Une traduction du chant breton :

Un cygne, un cygne d'outre-mer,
Au sommet de la vieille tour du château d'Armor !

Dinn, dinn, daon ! au combat ! au combat ! Oh!
Dinn ! dinn ! daon ! Je vais au combat.


Heureuse nouvelle aux Bretons !
Et malédiction rouge aux Français !

Un navire est entré dans le golfe,
Ses blanches voiles déployées ;

Le seigneur Jean est de retour,
Il vient défendre son pays ;

Nous défendre contre les Français,
Qui empiètent sur les Bretons.

Un cri de joie part,
Qui fait trembler le rivage

Les montagnes du Laz résonnent ;
La cavale blanche hennit, et bondit d'allégresse ;

Les cloches chantent joyeusement,
Dans toutes les villes, à cent lieues à la ronde.

L'été revient, le soleil brille ;
Le seigneur Jean est de retour !

Le seigneur Jean est un bon compagnon ;
Il a le pied vif comme l'œil.

Il a sucé le lait d'une Bretonne,
Un lait plus sain que du vin vieux.

Sa lance, quand il la balance, jette de tels éclairs,
Qu'elle éblouit tous les regards;

Son épée, quand il la manie, porte de tels coups,
Qu'il fend en deux homme et cheval.

-Frappe toujours ! tiens bon ! seigneur duc !
Courage ! lave-les [dans leur sang] ! Lave-les !

Quand on hache comme tu haches,
On n'a de suzerain que Dieu !

Tenons bon Bretons ! tenons bon !
Ni merci, ni trêve! sang pour sang !

O Notre-Dame de Bretagne ! Viens au secours de ton pays !
Nous fonderons un service, un service commémoratif !

Le foin est mûr : qui fauchera ?
Le blé est mûr: qui moissonnera ?

Le foin, le blé, qui les emportera ?
Le roi prétend que ce sera lui ;

Il va venir faucher en Bretagne,
Avec une faux d'argent ;

Il va venir faucher nos prairies avec une faux d'argent
Et moissonner nos champs avec une faucille d'or.

Voudraient-ils savoir, ces Français,
Si les Bretons sont des manchots ?

Voudrait-il apprendre, le seigneur roi,
S'il est homme ou Dieu ?

Les loups de la Basse-Bretagne grincent des dents,
En entendant le ban de guerre ;

En entendant les cris joyeux, ils hurlent :
A l'odeur de l'ennemi, ils hurlent de joie.

On verra bientôt, dans les chemins,
Le sang couler comme de l'eau;

Si bien que le plumage des canards et des oies blanches
Qui les passeront à la nage, deviendra rouge comme la braise.

On verra plus de tronçons de lances éparpillés
Qu'il n'y a de rameaux sur la terre, après l'ouragan;

Et plus de têtes de morts
Qu'il n'y en a dans les ossuaires du pays

Là où les Français tomberont, ils resteront couchés
Jusqu'au jour du jugement;

Jusqu'au jour où ils seront jugés et châtiés
Avec le Traître qui commande l'attaque.

L'égout des arbres sera l'eau bénite
Qui arrosera son tombeau




An Alarc'h par Tri Yann


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27 février 2009 5 27 /02 /février /2009 22:28
Un chant en forme de prière...


I. Perdu sous le ciel, perdu sur la mer,
Là-haut écoutez ma prière.
Perdu sous le ciel, si loin de la terre.
A moi, Notre-Dame et tous les saints,
Prenez en pitié tous les marins ;
Calmez la vague, la vague et le vent,
Calmez pour moi l'ouragan.

II. A tous les calvaires, aux crois des chemins,
Je promets un pèlerinage,
A tous les calvaires, aux croix des villages.
A moi, mon pays, mes souvenirs,
A mois tous mes rêves à l'avenir.
Sur moi la vague, la vague s'abat,
Sur moi, la mer et le froid.

III. Plus jamais l'été, plus jamais l'hiver
Plus jamais la fête au village,
Plus jamais l'amour sur un clair visage.
A moi, Christ en Croix, ayez pitié,
Du fond de la mer, miserere.
Pardonnez, pardonnez, pardonnez moi,
Sous mes péchés je me noie.

IV. Perdu sous le ciel, perdu sur la mer,
Perdu au milieu des nuages,
Perdu dans le ciel, après le naufrage.
A moi, Notre-Dame et tous les saints,
Prenez en pitié tous les marins ;
Calmez la vague, la vague et le vent,
Calmez pour moi l'ouragan.





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24 février 2009 2 24 /02 /février /2009 22:46

«Théodore Hersart de La Villemarqué a recueilli ce chant auprès de Chateaubriand», rapporte  Thierry Decruzy, dans Les Chants de tradition. Ce chant raconte l'histoire de cette bataille décisive des guerres d'Italie au XVIe siècle. Après ses défaites en Provence, l'empereur Charles Quint est repoussé. Face à lui, François Ier espère tirer avantage de ce recul est pénètre en Italie. Les Français prennent Milan puis s'attaquent à Pavie qu'ils assiègent.


Dans la nuit du 23 au 24 février, les troupes impériales s'infiltrent dans le dispositif français ; à leur tête Charles de Bourbon, qui s'est mis au service de Charles Quint après sa disgrâce, lui qui s'était illustré à Marignan. Les renforts arrivés en janvier étaient eux commandés par Charles de Lannoy, un autre français. Mal conseillé, le roi refuse la retraite ; les Français sont défaits et le est prisonnier. Le lendemain, François Ier écrit à sa mère :

« Madame, pour vous faire savoir comment se porte le reste de mon infortune, de toutes choses ne m'est demeuré que l'honneur et la vie qui est sauve. »


La postérité retiendra : « Tout est perdu, fors l'honneur ». François Ier est envoyé en Espagne où il restera prisonnier un an.


I. Quand le roy partit de France
A la mâle heure il est parti.
Il en partit le dimanche
Et le lundi il fut pris.

II. Il pensait prendre l’Espagne
Mais les Espagnols ils l’ont pris.
Rens toi, rens toi, roy de France
Rens toi car te voilà pris.

III. Je ne suis point roy de France
Vous ne savez mi qui je suis,
Je suis povre gentilhomme
Qui s’en va par le païs.

IV. Qui demande caristade
Et un morceau de pain bis.
Ont retourné sa casaque
Ont apercu fleur de lis.

V. Ont regardé son épée
Ils ont lu Francoys escrit.
Si vous n’étiez point Roy de France
Ne porteriez point ceci.

VI. Le l’ont pris, l’ont amené
Dans la grande forêt de Madrid.
La tourre est hausse et quarrée
Jamais le soleil n’y luit.

VII. Fors qu’une basse fenestre
Qu’estoit au pied de son lit.
Regardant par la fenestre
Messager il vit veni.

VIII. Messager qui portes lettres
Que dit-on du Roy à Paris ?
Recommand’ moi à la Reine
A Henry mon petit fils.

IX. Et va-t-en dire à ma mère
Va dire à Montmorency,
Qu’on fasse battre monnaie
Aux quatre coins de Paris.

X. S’il n'est point d’argent en France
Qu’on s’en aille à Saint Denys,
Qu’on prenne la couverture
Qu’est d’argent comme le dit.

XI. Que le dauphin on amène
Et mon petit fils Henry,
Et à mon cousin de Guise
Qu’il vienne ici me requèry.

XII. Que si je retourne en France
Un chasteau feray basti
Qu’aura autant de fenestres
Comme l’année aura de nuits,
Et qu’ainsi comme en Espagne
On appellera Madrid.







Portrait de l'Empereur Charles-Quint à cheval, au bord de la mer
d'après Antoon van Dyc.

 

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9 février 2009 1 09 /02 /février /2009 22:41
Yves de Kermoal et Georges de Franck sont les auteurs de ce chant original. Il s'agit de l'un des quelques chants né en Algérie durant la Seconde Guerre mondiale, dans les armées qui s'apprêtaient à revenir en Europe, sous les influences américaines, anglaises ou gaullistes. L'un des deux auteurs, Yves de Kermoal tombera lors des combats devant Belfort.
Il sera mort sans avoir pu constater combien la promesse d'un relèvement de la France (« 
Une Patrie que leur vaillance/ Fera plus nette que les couteaux/ Du Premier Commando de France ») sera trahie... et comment aurait-il pu en être autrement quand les politiciens faillis de 1940 furent ceux qui  revinrent dans les fourgons des vainqueurs en 45...
Bien que ce chant soit clairement identifié, on trouve néanmoins quelques variations : « danse » au lieu de « marche » aux lignes 1 et 4 du refrain ; « Ils se sont révélés » (c. 2, l. 4)] « Ils seront beaux » (c. 3, l. 4).




I. Quel est cet orage qui gronde ?
Quel est ce signe dans le ciel ?
Est-ce la fin de notre monde
L’apocalypse qui nous réveille ?
Ce sont nos frères, nos camarades
Qui scandent ensemble et en cadence
Le grand Requiem de parade
Du Premier Commando de France

C’est la grande marche virile
C’est la grande marche du sang
C’est le grand rythme des chœurs d’hommes aux Commandos !
C’est la grande marche virile des Commandos
C’est la grande marche du sang des Commandos
C’est le grand rythme des chœurs d’hommes
Que les femmes, ah ! les femmes, n’entendent jamais, Commandos
Que les femmes, ah ! les femmes n’entendent jamais
C’est du sang nouveau comme du vin nouveau
Mais pas pour les lèvres de femmes.


II. Ils ont vaincu sous un ciel noir,
Mais ils n’ont pas pleuré leurs morts,
Car dans l’amour de la Victoire
Ils se sont relevés plus fort
Ils ont servi sur leurs tombeaux
Une Patrie que leur vaillance
Fera plus nette que les couteaux
Du Premier Commando de France.

Refrain.

III. style="FONT-SIZE: 12pt">Ils auront chaud, ils seront purs,
Ainsi ils marchent volontaires
Vers la mitraille sans murmure
Et sans murmure dans la souffrance
Pour mieux entendre au loin les cris
Écho des morts, des ennemis
Du Premier Commando de France.

Refrain.






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30 janvier 2009 5 30 /01 /janvier /2009 22:45
Cette adaptation d'un chant révolutionnaire russe s'est rapidement imposée comme un classique. La version originale, Полюшко-поле (prononcer "Poljuschko Polje") n'a été composée qu'en 1934. L'air est du compositeur russe Lev Knipper qu'il créa dans sa IVe symphonie « Poème aux jeunes soldats ».
Lev Konstantinovich Knipper était le neveu par alliance d'Anton Chekov : sa tante, actrice, était mariée avec l'écrivain (la grande sœur de Lev, également actrice, épousa Michael Chekhov, acteur lui aussi et neveu d'Anton Chekhov). Né dans la partie allemande de la Russie, il rejoignit les armées blanches pour lutter contre le bolchevisme dans les armées du baron Wrangel. Lev quitta le pays, mais y revint en 1922. Sa sœur fit carrière en Allemagne, comme actrice. Tout comme son frère, elle devint agent des services secrets soviétiques. Lev Knipper entra  en effet au NKVD a 24 ans et commença par ailleurs des études de musique et devint compositeur. En 2008, un plan secret fut découvert : en cas de prise de Moscou, Knipper aurait été chargé de tenter de tuer... Adolf Hitler !

Le passage de ce choeur de la symphonie – dont les paroles sont de Victor Goussev –  connaîtra dès lors une vie indépendante et bien plus dense que le morceau dont il a été extrait. Reprise par l'armée rouge et connaît un immense succès.
En France, c'est Francis Blanche qui a transposé le chant pour en faire
Plaine, ma plaine ; la première version interprété par Armand Mestral. Le traducteur a ôté de ce chant tous les aspects guerriers de l'original qui glorifiait les soldats de l'Armée rouge. Il sera ensuite repris par de nombreux chanteurs ou groupes.



I. Plaine, ma plaine, plaine, ô mon immense plaine
Où traîne encore le cri des loups
Grande steppe blanche de chez nous.

II. Plaine, ma plaine, dans l’immensité des neiges,
Entends-tu le pas des chevaux
Entends-tu le bruit de leurs galops.

III. Plaine, ma plaine, entends-tu ces voix lointaines
Les cavaliers vers les champs reviennent
Sous le ciel chevauchent en chantant.

IV. Vent de ma plaine, va-t-en dire aux autres plaines
Que le soleil soleil et les étés reviennent
Pour tous ceux qui savent espérer.

V. Plaine de ma plaine, sous l’épais manteau de neige
La terre renferme dans sa main la graine,
Qui fait la récolte de demain.


VI. Plaine, ma plaine, ô doux vent de ma plaine
Tu peux gémir avec les loups
L’espoir est plus fort que tout.

VII. Plaine, ma plaine, plaine, ô mon immense plaine
Où traîne encore le cri des loups
Grande steppe blanche de chez nous.










La version originale russe, Полюшко-поле

I. Полюшко-поле,
Полюшко, широко поле.
Едут по полю герои,
Эх, да Красной Армии герои!

II. Девушки плачут,
Девушкам сегодня грустно,
Милый надолго уехал,
Эх, да милый в армию уехал!

III. Девушки, гляньте,
Гляньте на дорогу нашу,
Вьется дальняя дорога,
Эх, да развеселая дорога!

IV. Едем мы, едем,
Едем - а кругом колхозы,
Наши, девушки, колхозы,
Эх, да молодые наши села.

V. Только мы видим,
Видим мы седую тучу,
Вражья злоба из-за леса,
Эх, да вражья злоба, словно туча.

VI. Эх, девушки, гляньте,
Мы врага принять готовы,
Наши кони быстроноги ,
Эх, да наши танки быстроходны.

VII. В небе за тучей
Грозные следят пилоты.
Быстро плавают подлодки,
Эх, да зорко смотрит Ворошилов.

VIII. Пусть же в колхозе
Дружная кипит работа,
Мы - дозорные сегодня,
Эх, да мы сегодня часовые.

IX. Девушки, гляньте,
Девушки, утрите слезы.
Пусть сильнее грянет песня,
Эх, да наша песня боевая!

X. Полюшко-поле,
Полюшко, зелено поле!
Едут по полю герои
Эх, да Красной Армии герои!



Translittération

Poliouchko pole
Poliouchko chiroko pole
Edout po poliou geroi
Eck, da Krasnou y Armii geroi !

Devouchki platsout

Devouchkam sevodnia groustiou

Miliy nadolgo oueckal
Eck, da miliy v armiou oueckal

Devouchki glian’té
Glian’té na dorogou nachou
V’etsia dal’niaia doroga
Eck, da razveselaia doroga !

Edem mi edem
Edem – a krougom kolchozi
Nachi, Devouchki, kolchozi
Eck, da molodie nachi sela

Tol’ko mi vidim
Vidim mi sedouiou toutsou
Vraz’ia zloba iz-za lesa
Eck, da vraz’ia zloba, slovio toutsa

Eck, devouchki, glian’té
Mi vraga priniati gotobi
Nachi koni bistronogui
Eck, da nachi tanki bistrochodni

V nebe za toutsey
Groziie slediat piloti
Bistro plavaiout podlodki
Eck, da zorko smotrit vorochilov

Poust’ ze kolchoze
Drouznaia kipit rabota

Mi – dozornie sevodnia
Eck, da mi sevodnia tsasovie

Devouchki, glian’té
Devouchki, outrite slezi
Poust’ sil’nee grianet pesnia
Eck, da nacha pesnia boevaia !

Poliouchko pole
Poliouchko chiroko pole
Edout po poliou geroi
Eck, da Krasnou y Armii geroi !




(Traduction des deux premiers couplets)

Plaine, ma plaine, plaine, vaste plaine,

Les héros parcourent la plaine,
Oh ! les héros de l'Armée Rouge.


Les filles pleurent,
Aujourd'hui les filles sont tristes,
Leur bien-aimé est parti pour longtemps,
Le bien-aimé est parti à l'armée.
 



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