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6 février 2011 7 06 /02 /février /2011 15:15

 

 

 



       « Il faut avoir connu de près ces garçons des faubourgs et du Quartier Latin, défendant leurs fleurs de lys à deux contre quinze rouges, risquant joyeusement la prison, l'hôpital, le cimetière, leur enthousiasme à la veille du 6 février, ces gamins qui, dans la nuit de la Concorde, sous les sifflements des balles, à trente pas des mousquetons, lançaient posément des cailloux sur les casques des gardes mobiles. »


 

Lucien Rebatet, Les Décombres *.



http://img220.imageshack.us/img220/421/6fvrier.jpg

 

 

 

 

 


 

* Le reste du passage est, à l'image du livre, fortement à charge contre Charles Maurras et "L'Inaction française". Le paragraphe se termine ainsi :

 

Et je ne parle pas de ces foules d'humbles gens, de minuscules rentiers, de pauvres veuves, si fiers de participer eux aussi à la grande lutte, d'apporter leur obole au trésor de la France future, et rognant inlassablement leurs derniers écus, sacrifiant leur café, leur tabac, leur sucre, leurs livres pour combler en fait l'éternel gouffre à millions creusé par Maurras, offrir au Maître les aises de son désordre et de ses caprices. Ces pensées, lorsqu'elles étaient particulièrement vivaces, me faisaient rougir de honte, comme si j'eusse été moi-même complice de cette escroquerie en n’ayant pas le courage de la dénoncer.
L'Action française avait gaspillé frivolement, laissé tomber ce magnifique levain. Les adolescents de deux générations étaient accourus à elle, débordants de la confiance la plus ingénue, ne demandant qu'à être commandés. A la place de la décision, ils avaient trouvé bientôt l'inertie bavarde et brouillonne, à la place de la discipline, les catégories entre bons et mauvais esprits qui régnaient dans les collèges des Pères dont ils venaient de sortir, - les mauvaises notes désignant immanquablement le talent et la hardiesse - avec toutes les moeurs mouchardes que cela comportait.
Le journal de Maurras accusait sans répit et non sans d'excellentes raisons les modérés de toute espèce d'endormir les nationaux, de les faire moisir sous cloche, pour le grand bénéfice de la Troisième Putain. Mais ce n'était qu'une jalousie de boutique, une dispute de clientèle. Dans la réalité, l'Action française n'a pas moins paralysé ou garé ses militants que toutes les autres ligues de pieds-gelés et de pisse-froid. Ses torts ont été plus graves car les hommes qu'elle chambrait ainsi étaient les meilleurs.

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