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27 décembre 2010 1 27 /12 /décembre /2010 15:15

      La résistance sans chef (leaderless resistance) est une stratégie de résistance politique fondée sur de petits groupes, très limités en terme de membres (qui peuvent utilement se réduire à un membre). Les cellules agissent en totale indépendance, sans liens verticaux ni horizontaux, sans hiérarchie de commandement, ni diffusion de l’information tactique.

 

      Le concept a été repris au colonel Amoss par Louis Beam qui l’a popularisé, dans son célèbre essai portant le titre Leaderless Resistance(1). Nationaliste blanc américain, ancien membre du Ku Klux Klan (KKK), il a repris le concept d’une résistance patriotique contre une éventuelle prise de pouvoir par les communistes pour l’appliquer à une résistance nationaliste contre l’État fédéral tyrannique destructeurs des libertés individuelles. Beam considère cette forme de résistance comme la plus viable au vu de l’énorme déséquilibre de pouvoir et de ressources entre les deux belligérants.

 

      L’avantage essentiel du système est l’extrême difficulté des autorités à s’organiser contre la menace, contrairement à un système pyramidal ordinaire. Il n’y aucun transfert d’argent, de matériel de propagande, de fichiers, d’entrainement. La menace d’un agent infiltré ou de la trahison est quasiment inexistante. Le cas échéant, la découverte d’une cellule n’entrainera aucune conséquence sur le reste de la résistance. Certains se dotent d’un chef existant (ou non) qui ne fait qu’exprimer des orientations, mais sans aucune considération tactique, qui revient aux membres qui s’en revendiquent. Les groupes utilisent alors les médiats officiels (Al Jeezera ou CNN diffusant les messages d’Oussama Ben Laden) ou libres (internet) comme vecteur d’information et de propagande.

 

      La résistance sans chef englobe toutes les actions possibles, depuis la non-violence jusqu’aux assassinats ou aux actes terroristes. Les actions terroristes sont les plus connues, mais de nombreux groupes/ individus agissent ainsi : publication de livres, revues, brochures, sites, etc.

      Si le concept a été mis au point par le penseur nationaliste blanc Louis Beam en 1983 pour les nationalistes blancs, il s’est depuis diffusé largement et a été repris et utilisé par de nombreux groupes, depuis les écologistes radicaux (libération d’animaux, attaques contre les tortionnaires, lettres piégées contre les politiques, etc.) jusqu’aux islamistes (2), mais aussi les mouvements anti-avortement ou luttant contre les trusts, etc. Et bien entendu l’extrême droite américaine.

 

 

 

 

 

http://img607.imageshack.us/img607/4062/hitearyanresistancewar.jpg

     Au sein de la résistance nationaliste, citons l’attentat d’Oklaoma City commis par Timothy McVeigh : il a agit seul (ou avec un complice), mais en partageant un ensemble de conceptions politiques avec de nombreux groupes et individus à travers le pays principalement axées contre le gouvernement (3), particulièrement après après les massacres de Ruby Ridge et de Waco (4). L'histoire du groupe The Order se comprend largement à travers ce concept. Des membres de la Résistance aryenne blanche (WAR, White Aryan Resistance - signe à gauche) (5) ou se réclamant de Combat 18 (6) ont adopté cette tactique qui serait également celle prônée désormais par le KKK. De nombreux groupes ou sites étasuniens appellent plus ou moins ouvertement à agir selon cette théorie (ou celle connexe du « loup solitaire »).

 

      Cela explique en partie les lois liberticides mises en place partout dans le monde et singulièrement en France, lois de surveillance d’Interne contrôle des téléphones portables, etc. bien qu’il reste difficile de discerner dans un délai raisonnable et avec pertinence qui est une menace réelle au vu des sites fréquentés. C’est cependant un bon avertissement.

 

 

      Cette forme de résistance entraine de nombreux problèmes. Aucune stratégie globale n’est possible avec tout ce que cela implique (visibilité, motivation, coordination, etc.) ; l'existence même du concept maintient ceux qui s'en servent dans l'état du très faible face à un géant vu comme inébranlable. En cas de problème, le combattant pourrait avoir à faire face seul à ce qui lui arrive (7).

      Idéalement, elle exige de l’individu une abnégation totale, et, au final, une discipline encore plus grande, un détournement de son milieu social difficilement applicable selon les milieux (et en tout cas très éloigné de la pratique politique en France) que dans les mouvements politiques radicaux traditionnels.

 

 

 

      Parallèlement au concept de leaderless resistance existe celui de « loup solitaire » (lone wolf ou lone-wolf fighter) désignant un individu qui commet des actions (violentes ou non-violentes) à l’appui d’un groupe, d’un mouvement, ou d’une idéologie, mais qui agit seul, en dehors de toute structure de commandement. Ce terme a également été créé et popularisé par les milieux nationalistes, en l'occurrence Alex Curtis et Tom Metzger à la fin des années 1990.

      Pour Curtis il s’agit d’inciter les racialistes à agir seuls pour commettre des crimes violents, afin, en cas d’arrestation, de ne pas incriminer les autres. Son but étant réalisation d’un territoire homogène blanc, il prône tous les moyens possibles contre les non-blancs : y compris si nécessaire, les plus extrêmes (assassinats, diffusion de drogues, armes biologiques). Il a également popularisé les « 5 mots » « I have nothing to say » (je n’ai rien à dire), pour faire obstacle aux poursuites face à la police en cas d’arrestation.

 

      Un des aspects les plus influents de l’activisme de Tom Metzger est la promotion des théories du « loup solitaire » et de la « résistance sans chef », qui favorisent l’action d’individus seuls ou de petites cellules souterraines, en opposition aux actions visibles des organisations de masses.

 

      Le terme de « loup solitaire » a été adopté ensuite par les organismes policiers et judiciaires américains et par les médiats pour désigner des personnes suivant cette stratégie (le FBI et la police de San Diego baptisèrent l’opération lancée contre Curtis « Lone wolf »), mais sans considération idéologique.

 

      Le loup partage une identité idéologique ou philosophique avec un groupe, mais il ne communique pas avec le groupe avec lequel il s’identifie.

      Alors que ses actions ont pour but de faire progresser l’objectif du groupe, les tactiques et les méthodes sont conçues et dirigées uniquement par le loup solitaire, en dehors de tout ordre hiérarchique. Dans de nombreux cas, conformément à la tactique élaborée par Curtis, le loup solitaire n’a même jamais de contact personnel avec un groupe plus important, rendant difficile la traque menée par les autorités contre lui le cas échéant, à cause des difficultés accrue dans le domaine du renseignement, comparés aux terroristes conventionnels.

 

      Il s’agit de la menace la plus importante aujourd’hui contre les Etats démocratiques pacifiés : « à l’exception des attaques sur le World trade center, la majorité des attaques terroristes aux Etats-Unis ont été perpétrés par des individus dérangés qui étaient sympathisants d’une cause – depuis Oklahoma City et l’attaque à la bombe de Timothy McVeigh au sniper John Allen Muhammad dans la région de Washington » rappelait le Christian Science Monitor.

 


http://img145.imageshack.us/img145/7182/timothymcveigh.jpg
Timothy McVeigh, exécuté le 11 juin 2001.


      Outre Timothy McVeigh déjà vu, Theodore "Unabomber" Kaczynski est considéré comme un « loup solitaire » (18 ans d’envois de colis piégés – 3 morts et 23 blessés).

      Autres exemples : entre 1996 et 1998, le militant chrétien Eric Robert Rudolph, a commis plusieurs attaques contre des ennemis dans le sud des États-Unis, tuant 3 personnes et en blessant au moins 150 autres. Il visait des cliniques d’avortement, des boîtes de nuit pour pédérastes, et les Jeux olympiques de 1996 à Atlanta.

      Le 23 février 1997, Ali Hassan Abu Kamal a ouvert le feu sur la terrasse d’observation de l’Empire State Building. Il va tuer une personne et en blesser 6 autres avant de se suicider.

      Le 10 août 1999 , Buford O. Furrow, Jr., membre d’Aryan Nations, attaque une centre juif à Los Angeles, blessant cinq personnes avant d’être abattu.

      Le 28 juillet 2006, Naveed Afzal Haq, en proclamant « Je suis un musulman américain, en colère contre Israël » attaque la Fédération de tir juive de Seattle, tuant une personne et en blessant cinq autres.

 

 

      Plusieurs actions ont été menées en Europe : entre 1993 et 1997, Franz Fuchs, présenté comme un xénophobe autrichien tua 4 xénophiles (et 15 blessés) en 5 vagues de 25 colis piégés.

      En avril 1999, David "London nail bomber" Copeland attaque en quelques jours les pédérastes, les immigrés africains et asiatiques ; ses attaques font trois morts et 129 sont blessés (6).

 

 

      En France, le meilleur exemple est sans aucun doute Frédéric Rabiller, qui a fait sauter 8 radars à l’appui de revendications politique diverses (au nom du FNAR Front national ou Fraction nationaliste armée révolutionnaire ou anti-radar). En l’absence de procès, il faut être prudent. Cependant, les demandes politiques ont été portées au premier plan grâce à une médiatisation nationale ; lui-même n’avait aucun lien avec aucun groupe et son action n’a nui politiquement a personne (le cas exactement inverse étant ici Maxime Brunerie dont l’acte manqué a conduit à la liquidation d’Unité radicale).

 

http://img407.imageshack.us/img407/5018/fnarfrontnationalisteac.jpg
Le logo de la FNAR

 



Sites évoqués dans l'article :

Louis Beam : <http://www.louisbeam.com/leaderless.htm>

Blood and Honour <http://www.bloodandhonour.com/>

White aryan resistance : <http://www.resist.com/>


(Ecrit à partir d'un article du Forum nationaliste)





1. En anglais, sur le site de Louis Beaum : <http://www.louisbeam.com/leaderless.htm>.


2. C’est idéalement un très bon exemple : les membres ont une conception du monde et des buts très convergents, mais des individus totalement isolés peuvent agir en tout point du globe indépendamment de toute structure. Il est cependant difficile de s’y retrouver : ces cellules co-existent avec des réseaux plus complexes dans le cas de l’islamisme radical).


3. Gouvernement habituellement dénommé ZOG, Gouvernement d’occupation sioniste, Zionist occupation governement.


4. A Ruby Ridge, Randy Weaver a perdu son fils Samuel Weaver (14 ans), abattu dans le dos, sa femme assassinée, désarmée, portant avec elle son bébé. Randy Weaver sera blessé, également dans le dos ; un ami de Samuel, Kevin Harris, est également blessé. L’affaire avait été montée de toute pièce par le FBI notamment ; l’État américain sera condamné. A Waco, le FBI organisa durant plusieurs semaines en 1993 siège d’une secte qui vivait en marge de la société puis l’assaut meurtrier. Au total, 86 personnes ont péri.


5. La WAR a été fondée dans les années 1980 par Tom Metzger. Le mouvement a connu une certaine notoriété, notamment en se servant de divers médiats (câble, télévisions régionales, participation à des débats télévisés). Le système a tenté de stopper ce combat après l’exécution d’un nigérian par des hommes se réclamant de l’East Side White Pride (Fierté Blanche de la Côte Est) : bien qu’il n’existait aucun lien formel entre les tueurs et l’organisation de Tom Metzger, lui, son fils et son mouvement furent condamnés à de très lourdes amendes (près de 100 millions de francs). Autre cas : en 1994, Richard Campos a été condamné pour une attaque à la bombe au nom d’un Front de libération aryenne ; il a écopé de 17 ans de prison.


6. Combat 18 (C18) est un groupe se revendiquant du national-socialisme (1=A pour Adolf et 8=H pour Hitler) ; il se présentait au départ comme la branche armée de la section britannique du mouvement Sang et Honneur (BH, Blood & Honour) puis divers groupes ou individus se revendiquèrent de C18 à travers le monde. Fondé en 1989 il serait responsable d’attaques contre les extrémistes de gauche ou les envahisseurs de la Grande-Bretagne. C’est moins le C18 original que les activistes isolés qui en est sont issus qui se rapprochent des concepts de résistance sans chef et loup solitaire. C’est surtout le cas du groupe Loups blancs (Whites Wolves), à qui est attribué un Guide pratique de la Révolution aryenne (Practical Guide to Aryan Revolution) qui aurait été écrit par David Myatt, qui a été responsable de trois attentats à la fin du XXe siècle. Ils visèrent : le 17 avril 1999 une colonie africaine (39 blessés), le 24 avril une colonie asiatique (6 blessés) et le 30 avril un lieu de dépravation pédérastique (3 morts, 74 blessés). Un homme a été arrêté pour ces attentats. David Copeland a affirmé avoir agi seul et c’est cette version qui a été retenue pour les enquêteurs. Il a été condamné par six fois à la prison à vie, bien que l’attentat eut été revendiqué par plusieurs groupes.


7. Ce n’est pas forcément le cas : les "éco-terroristes" de l’ELF (Earth Liberation Front – Front de libération de la terre) et de l’ALF (Animal Liberation Front – Front de libération des animaux) organisent ainsi un actif soutien aux prisonniers.

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