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14 janvier 2011 5 14 /01 /janvier /2011 18:18

      Ce chant est attribuée à Rudi Goguel, interné en camp de concentration dès les débuts du régime national-socialiste au camp de Börgemmor. Activiste communiste, il est arrêté en 1933 et relâché quelques mois plus tard. Entre temps, il a composé ce chant, appelé Moorsoldatenliedesou Börgermoorlied. Malgré la clémence des autorités et sa libération, il entre en clandestinité et se remet au service d’un mouvement terroriste.
      Arrêté à nouveau, il est condamné à dix ans d’internement. Il sera libéré après avoir purgé sa peine puis à nouveau arrêté. Après l’invasion de l’Europe, il continue à militer pour le Parti communiste : il rejoindra même l’Allemagne de l’Est pour servir activement la dictature marxiste et y fera une belle carrière. Ce juif communiste a passé toute la guerre dans les camps de concentration sans connaître l’"extermination".



http://img255.imageshack.us/img255/4631/caparconahamburgriodeja.jpg

Le Cap Arcona était l’un des plus beaux navires au monde.

La tragédie de Lübeck fit cinq fois plus de victimes que le naufrage du Titanic



      Une seule fois Rudi Goguel a échappé à la mort : lorsque le gouvernement terroriste britannique fit bombarder des bateaux transportant plusieurs milliers de prisonniers et de SS dans la Baie de Lübeck. Environ 600 soldats allemands et 7 300 prisonniers périrent dans l’attaque du Cap-Arcona, du Deutschland IV, du Thielbeck et de l’Athen, provoquant la plus grande grande catastrophe maritime de l’histoire, avec deux autres crimes de la Seconde guerre mondiale commis par les soviétiques contre le Wilhelm Gustloff et le Goya. Au lendemain de l’attaque, le 3 mai 1945, la presse britannique se félicita d’une « brillante attaque ».



      Le chant est né de la collaboration d’un ouvrier, Johann Esser, de Wolfgang Langhoff qui travaillait dans le milieu du cinéma et de Rudi Goguel. Les internés étaient incités par leurs gardes, SA puis SS, à chanter en se rendant au travail notamment. Au camp de Börgemmor, ils étaient alors notamment affectés à l’asséchement d’un marais et à la culture. Des détenus réfléchirent à composer un chant nouveau : le travail des trois hommes aboutit à la création de ce Moorsoldatenliedes, qui fut présenté pour la première fois lors d’une représentation théâtrale organisée dans le camp.
      Il s’imposa rapidement parmi les prisonniers qui diffusèrent le chant au gré de leurs libérations quand ils étaient rendus à la vie civile, de leurs passages dans les différents camps. Sa popularité fut encore accru par son adaptation en plusieurs langues : il en existe plusieurs dizaines de versions, certaines présentant certaines divergences de mélodie.



http://img69.imageshack.us/img69/6814/clipboard01ea.jpg

Visite d’un responsable de la Gestapo, le Dr Diels à Papenburg,
où se situe le camp de Börgemmor (1933).



       Son thème, l’incessante propagande anti-allemande depuis 65 et la beauté pathétique du chant expliquent le succès de ce chant depuis la guerre et la multiplication des versions. Le chant des marais est repris aussi bien par les militaires, que les scouts, les chorales, des chanteurs "antifascistes", etc.


      Les premières mesures seraient empruntées à la berceuse allemande Hoch, Kind, hoch – dont nous n’avons pas trouvé de trace – datant de la guerre de Trente Ans et le refrain inspiré du ‘reiterlied’ (chant de cavalier) Die Bange Nacht ist nun herum écrit par Georges Herwegh en 1841 dont Justus W. Lyra créa la mélodie l’année suivante. Die Bange Nacht contenait déjà dans sa troisième strophe des allusions politiques ; une version fit son apparition en 1941 : l’auteur – anonyme – a modifié légèrement certaines paroles pour donner au chant un ton violemment anti-national-socialiste.


      Les traductions et adaptations françaises du Chant des marais possèdent quelques variations : c. 1 l. 1 : « Loin dans l’infini » ; c. 1. l. 3. : « Pas un seul oiseau » ; « Sur les arbres »; c. 2 l. 2 : « Entourés de murs de fer » ; « Bruits des pas et bruits des armes » ; « Des cris, des pleurs et des larmes » ;c. 4 l. 3 : « Liberté, alors, O ma patrie ». Nous trouvons parfois comme refrain final : « Oh! Terre enfin libre/ Où nous pourrons revivre/ Aimer – Aimer – Aimer ».





I. Loin vers l’infini s’étendent
De grands prés marécageux.
Et là-bas, nul oiseau ne chante
Sur les arbres secs et creux.

Oh ! Terre de détresse
Où nous devons sans cesse
Piocher, piocher... piocher.


II. Dans ce camp morne et sauvage
Entouré de fils de fer
Il nous semble vivre en cage
Au milieu d’un grand désert.

Refrain.

III. Bruit des pas et bruit des armes
Sentinelles jours et nuits
Et du sang, des cris, des larmes,
La mort pour celui qui fuit.

Refrain.

IV. Mais un jour dans notre vie
Le printemps refleurira
Liberté, Liberté chérie
Je dirai : tu es à moi

Oh terre d’allégresse,
Où nous pourrons sans cesse
Aimer, aimer, aimer.

 

 

 

 

Écouter le chant ici:

 

 

 

 

ou ci-dessous (images : Jérôme Bosch) :

 

 

 

 

 

Die Bange Nacht :

 

http://img15.imageshack.us/img15/9057/diebangenachtreiterlied.jpg

 

 

I. Wir reiten still, wir reiten stumm,

Wir reiten ins Verderben.

Wie weht so scharf der Morgenwind!

Frau Wirtin, noch ein Glas geschwind

Vor'm Sterben, vor'm Sterben.

 

II. Du junges Gras, was stehst so grün?

Mußt bald wie lauter Röslein blühn,

Mein Blut ja soll dich färben.

Den ersten Schluck ans Schwert die Hand,

Den trink ich, für das Vaterland

Zu sterben, zu sterben!

 

III. Und schnell den zweiten hinterdrein,

Und der soll für die Freiheit sein

Der zweite Schluck vom Herben!

Dies Restchen, nun, wem bring ich's gleich?

Das Restchen dir, o römisch Reich

Zum Sterben, zum Sterben!

 

IV. Dem Liebchen — doch das Glas ist leer,

Die Kugel saust, es blitzt der Speer;

Bringt meinem Kind die Scherben!

Auf, in den Feind wie Wetterschlag!

O Reiterlust, am frühen Tag

Zu sterben, zu sterben!

 



Version originale de Die bange Nacht, dans interprété par Rick Hegewald

 

 

 

 

La version anti-allemande de 1941 :

 

I. Die bange Nacht ist nun herum,

wir fahren still, wir fahren stumm.

Wir fahren ins Verderben!

Wie weht so frisch der Morgenwind

gib her, noch einen Schluck geschwind

vorm Sterben, vorm Sterben.

 

II. Der erste Schluck - du liebes Weib!

An dich denk' ich mit Seel' und Leib

an dich und uns're Erben!

Ihr Lieben, ach, es ist so schwer

für Görings Bauch und Hitlers Ehr'

zu sterben, zu sterben!

 

III. Der zweite Schluck - mein deutsches Land

wie lebst du heut' in Schmach und Schand'

In Elend und Verderben!

Der Reiche sauft und frißt vergnügt

doch unser armes Deutschland liegt

im Sterben, im Sterben!

 

IV. Der dritte Schluck - ich sag' es laut:

Dreht die Kanonen um und haut

das Hitlerreich in Scherben!

Wenn wir vom Feind das Land befrei'n,

dann soll's uns eine Ehre sein

zu sterben!

 

 

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commentaires

L
<br /> <br /> "Au lendemain de l’attaque, le 3 mai 1945, la presse britannique se félicita d’une « brillante attaque »".<br /> <br /> <br /> Pourquoi donc me vient-il aussitôt à l'esprit les sempiternelles "déclarations" de la presse dite "israelienne" où les occupants terroristes de la Palestine ne cessent (jamais) de "se féliciter"<br /> d'avoir ENCORE assassiné cent et mille êtres humains?<br /> <br /> <br /> <br />
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