Journal de combat nationaliste et identitaire : informations, formation, doctrine, chants
Texte écrit par Pierre Vial, extrait des Solstices, histoire et actualité de Jean Mabire et Pierre Vial aux Editions de la Forêt.
Partis d’Europe du nord, les peuples indo-européens qui sont à l’origine de notre civilisation portaient en eux une conception du monde spécifique qui se retrouve dans chacune des composantes de la civilisation européenne antique : de l’Empire celte à la Grèce, du Latium à la Perse, de la Germanie à la terre des Aryens. Cette conception du monde s’exprime à travers des symboles. Beaucoup ont une signification solaire.
Pour les Indo-Européens, le soleil est la source de la lumière, de la chaleur et de la vie. Les textes aryens font du soleil l’origine de tout ce qui existe, le principe et la fin de toute manifestation : il est appelé « le nourrisseur » (Savitri). L’alternance vie-mort-renaissance est symbolisée par le cycle solaire : journalier (très fréquemment évoqué dans les textes védiques) et annuel. Le soleil est un aspect de l’Arbre du monde – de l’Arbre de vie qui s’identifie lui-même au rayon solaire (les rayons solaires faisant la liaison entre ces deux aspects d’une même réalité que sont la terre et le ciel).
Le soleil est lumière de connaissance et foyer d’énergie. Le nom d’Héliopolis (ou cité du soleil) est donné, dans les récits mythiques, aux centres de tradition spirituelle. C’est le siège du législateur des Aryens, Manu.
Apollon sur son char par Giuseppe Bernardino Bison
Issu du monde hyperboréen, Apollon est pour les Grecs le dieu solaire par excellence, le dieu initiateur dont la flèche ressemble un rayon de soleil, en harmonie avec la blondeur de sa chevelure, la lyre dorée au son de laquelle il charme l’Olympe et l’or de son char qui parcourt le ciel tiré par trois chevaux blancs.
Principe actif, alors que la lune, qui reflète sa lumière, est principe passif, le soleil devient chez les Celtes le dieu Lug (le lumineux). Il faut d’ailleurs remarquer que la racine désignant le mot « dieu » est pratiquement la même chez tous les Indo-Européens : les Italo-Celtiques (deus), les Hellènes (théos), les Aryens (deiwos), le terme ayant toujours un double sens ; originel d’être solaire et lumineux. La même racine se retrouve particulièrement dans les noms de dieux personnifiant le ciel-père : latin Jupiter (dius-pater), grec Zeus-pater, védique dyauh-Pitâ.
Dans les textes irlandais et gallois, où il est utilisé pour des comparaisons ou des métaphores, le soleil sert à caractériser, non seulement le brillant ou le lumineux, mais tout ce qui est beau, aimable, splendide.
Les textes gallois désignent souvent le soleil par la métaphore « œil du jour » et le nom de l’œil en irlandais (sul) qui est l’équivalent du nom brittonique du soleil, souligne le symbolisme solaire de l’œil. Les Védas parlent aussi du soleil : comme « l’œil du monde» ou « le cœur du monde ». Comme tel, il est parfois figuré au centre de la roue du Zodiaque.
La roue est symbole du soleil rayonnant. Se rapportant au monde du devenir, de la création continue, elle symbolise les cycles, les recommencements, les renouvellements. Dans les traditions européennes, la roue est fréquemment utilisée pour célébrer les grandes fêtes solaires : roues embrasées dévalant des hauteurs au solstice d’été, processions lumineuses se déroulant sur les montagnes au solstice d’hiver, roues portées sur les chars des cortèges de fête, roues sculptées sur les portes des maisons familiales.
Dans les textes védiques la roue a une signification cosmique : sa rotation permanente symbolise le renouvellement ; d’elle naissent l’espace et toutes les divisions du temps. Comme le montre iconographie, la roue a souvent douze rayons, nombre du cycle solaire ; lorsqu’elle a quatre rayons, elle représente l’expansion selon les quatre directions de l’espace, mais aussi le rythme quaternaire des saisons. « Un coursier unique au septuple nom meut la roue au triple moyeu, la roue immortelle que rien n’arrête sur laquelle reposent tous les êtres » disent les Védas.
A l’autre extrémité du monde indo-européen, chez les Celtes, la roue est partout présente. Elle est plus souvent figurée, dans les sculptures gallo-romaines, en compagnie du Jupiter celtique, communément appelé dieu à la roue ou Taranis, ou encore du cavalier au géant anguipède. Les témoignages en sont innombrables et attestent une extension au niveau populaire : terres cuites, bronzes. La roue est aussi et surtout une représentation du monde : « Si l’on se reporte à la comparaison irlandaise de la roue cosmique du druide mythique Mag Ruith (« serviteur de la roue », dont la roue est en bois d’if), le dieu à la roue celtique est le moteur immobile, au centre du mouvement, dont il est l’axe. »
Plaque du chaudron de Gundestrup
Une plaque du chaudron de Gundestrup représente un homme tournant la roue cosmique, tandis que le dieu est représenté en buste, les bras levés. La roue est aussi symbole du changement et du retour des formes de l’existence. Une épée de Hallstatt représente deux jeunes gens (analogues des Dioscures ?) faisant tourner la roue et qui doivent symboliser la succession du jour et de la nuit. Une déesse galloise citée dans le Mabinogui de Math, fils de Mathonwy, a pour nom Arianrhod, « roue d’argent ». L’un de ses fils, Llew, porte un nom qui correspond à celui de l’Irlandais Lug. Parmi les jeux guerriers de Cuchulainn figure celui de la roue : le jeune héros se contorsionne de manière à former de son corps une roue animée d’une grande vitesse. On peut noter que le thème roto, « roue », est largement représenté en toponymie gauloise, l’exemple le plus connu étant Rotomagus (Rouen).
Roues solaires,. svastikas spirales, triskèles représentent depuis la plus haute Antiquité la force créatrice, l’énergie vitale du soleil. Le christianisme a repris à son compte, en le détournant à son profit, ce symbolisme : le chrisme monogramme du Christ, de même que les rosaces des cathédrales gothiques, le nimbe entourant la tête des saints ou la croix elle même, surtout sous sa forme grecque sont autant d’images solaires. Le soleil est le symbole du principe générateur masculin et du principe d’autorité, dont le père reste pour l’individu la première incarnation. Représenté par l’image solaire, le rôle du dressage de l’éducation, de la conscience, de la discipline, de la morale est ressenti avec force dans les sociétés patriarcales des peuples indo-européens. Le soleil traduit l’exigence du dépassement de soi, l’aspiration à la noblesse, l’individualisation par rapport à la grisaille de la masse. Il est la marque du héros et du souverain.
On comprend pourquoi les Indo-Européens, attentifs à la course du soleil dans le ciel, célébraient avec ferveur le solstice d’hiver et avec magnificence le solstice d’été. Les solstices demeurent, en effet, deux moments privilégiés dans le déroulement du cycle annuel. Au fil des mois, la lente et profonde respiration de la nature unit la terre et le ciel dans un même devenir. Tout au long de l’été et de l’automne, les jours raccourcissent progressivement, le soleil reste présent de moins en moins longtemps pour éclairer les activités des hommes. Il semble qu’il marche vers sa mort. Or, chacun le sait, la disparition du soleil serait la fin de toute vie.
Au solstice d’hiver, dans la nuit la plus longue de l’année, les hommes entament une longue veille où, en entretenant la flamme dans le foyer familial, ils marquent leur confiance en le retour du soleil, leur confiance en la pérennité de la vie. Avec recueillement. Et le soleil ne trompe pas leur espoir: il reprend son élan dans le ciel d’hiver avant de monter jour après jour, toujours plus haut,dans le ciel de printemps. Lorsqu’arrive l’été, le solstice est le triomphe de la lumière et de la chaleur. Les hommes célèbrent la puissance du soleil dans la joie.
Les peuples indo-européens illustraient leur foi dans le soleil et leur vénération du feu - image du soleil que le génie de l’homme était capable de créer - par des mythes exemplaires. Tels celui de Balder chez les Nordiques et celui de Prométhée chez les Grecs.
Pierre Vial