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Journal de combat nationaliste et identitaire : informations, formation, doctrine, chants

Le virus libéral par André Gandillon (I/II)

       Dans les discours tenus par des membres de mouvements regroupés génériquement sous l’appellation large de « nationaliste » ou bien « d’extrême droite » par le pouvoir médiatique, il en ressort bien souvent une pensée philo-libérale, autrement dit des idées qui, d’une manière ou d’une autre sont marquées – ou contaminées – par la pensée libérale. Le Front National et autres mouvements souverainistes ou clubs de pensée comme le Club de l’horloge en sont ainsi victimes à des degrés divers. Il convient d’en traiter une nouvelle fois afin de clarifier un aspect capital du débat.

 

 

Le fourre-tout du mot libéral

 

       Une acception traditionnelle du mot « libéral » désigne une personne qui aime à répandre ses bienfaits, à soulager ses semblables, ou même seulement à leur être utile ou agréable, selon la définition du dictionnaire Bescherelle de 1863. Ce n’est bien entendu pas de cette qualité, de cette inclinaison de la personnalité de quelqu’un qu’il s’agit dans notre présent propos.

       L’acception du terme « libéral » qui nous intéresse se rapporte évidemment au courant de pensée né de la philosophie des Lumières et qui est passé dans le langage politique au cours de la décennie 1790 pour désigner des hommes modérés, dévoués aux doctrines libérales – et non pas terroristes – de la Révolution française. Il désigne généralement des hommes affichant des idées généreuses, professant une certaine bienveillance envers toutes les classes de la société dont on souhaite améliorer le sort. Ainsi, le terme fut, après 1815, appliqué aux adversaires de la Restauration tels le député Manuel et le général Foy qui étaient censés réagir contre l’obscurantisme de la monarchie bourbonienne restaurée dont, il faut malheureusement le reconnaître, nombre de ses partisans ont manqué d’intelligence et d’à propos comme avec la loi dite du « Milliard des émigrés » et la loi sur le Sacrilège. Il y eut aussi la République libérale qui se confond avec la IIIe République, dont l’investissement par les radicaux de tous poils après 1901 ne changea pas fondamentalement l’esprit, la République, en France, signifiant un régime anti-chrétien plus encore qu’anti-clérical.

       Le mot « libéral » a connu des connotations diverses au point qu’aux États-Unis, un libéral reste considéré comme étant de gauche, autrement dit l’équivalent de la mouvance socialo-communiste en Europe, alors qu’en Europe se dire « libéral » désigne une personne comme étant « de droite ». Toutefois, le mythe démocratique qui lui est pourtant lié étant devenu un lieu commun pour tous ceux qui, peu ou prou se sont ralliés au modèle dit « occidental » à savoir la sacro-sainte économie de marché et le droit de l’hommisme (à des doses variables), le mot « libéral » se rapporte de nos jours essentiellement à la doctrine économique et à une conception de l’ordre social. Il désigne une pensée qui repose 1) sur la volonté de dégager l’individu de tout lien social, la notion de bien commun disparaissant 2) sur l’affirmation d’un ordre naturel qui tend à s’établir spontanément de manière équilibrée, notamment dans le domaine économique, en laissant l’homme, conçu comme un agent économique rationnel (homo oeconomicus), agir librement, sans contrainte.

 

 

Une idéologie matérialiste

 

       Ces deux points appellent quelques remarques. Dans la pensée libérale, issue de ce courant de pensée « moderne » reposant sur le postulat galiléen que le monde est écrit en langage mathématique et peut donc être expliqué à partir des chiffres et des nombres, l’être humain est considéré et traité comme un individu et non comme une personne. Cela signifie que l’être humain est dépouillé de ses qualités sensibles, pensé comme détaché de toute appartenance culturelle, nationale, professionnelle, comme n’ayant aucune relation avec la société dont il est membre autre qu’économique : c’est un être construit artificiellement selon une rationalité matérialiste, faisant fi de la réalité. De l’homme concret de chair et d’os, qui a un métier, un milieu, une personnalité, une spécificité ethnique, raciale et culturelle, l’utopie libérale et démocrate en a fait un être irréel, théorique, un personnage allégorique en dehors du temps et de l’espace et identique à tous les étages de la société et en tous lieux de la planète. De ce fait, la pensée libérale n’est qu’un matérialisme, dont le pendant à la fois antithétique et complémentaire est le socialisme théorisé par les marxistes qui pense recomposer l’indispensable lien social a priori, à partir des individus. Naturellement, il découle de cette rationalité matérialiste, nourrie de l’addition et de l’agrégation de nombres, la notion de démocratie dite « représentative », fondée sur des élections périodiques au cours desquelles on additionne arithmétiquement les voix d’individus, autrement dit de numéros matricules considérés en eux-mêmes.

       Ce matérialisme se trouve synthétisé dans la mystique du marché, selon laquelle toute relation économique et par suite sociale dépend de la loi du marché, ou plus exactement des multiples marchés qui s’établissent autant qu’il y a de matières et de sujets pouvant servir de prétexte à l’établissement d’un marché, cela allant du marché de la pomme de terre au marché d’objets immatériels comme les marchés à terme sur les taux d’intérêt et autres « trucs » financiers de nature spéculative.

       Tel est, succinctement résumé, le corpus idéologique du libéralisme qui infiltre à des degrés divers la réflexion de nombre de personnes sincèrement attachées à leur nation, à leur civilisation. Or, de ce qui précède, il ressort clairement qu’une telle idéologie va à l’encontre de l’objectif recherché, à savoir la défense et la promotion des intérêts nationaux, les seuls par lesquels l’authentique personnalité de chaque être humain peut être affirmée, développée et défendue.

       Une nation, en effet, n’est pas une addition d’individus, de « clones » : c’est une communauté de destin, faite certes des hommes qui l’incarnent dans le présent mais aussi de la terre qui lui a permis et lui permet de subsister, des générations antérieures qui l’ont édifiée dans l’effort et dans les sacrifices de toutes sortes nourries d’une pensée, d’une culture ancrée dans une histoire souvent plus que millénaire qui en nourrit une tradition vivante dont l’âme et la pensée de chacun de ses membres est nourrie et vivifiée. Une nation ne se réduit pas à son PNB. Une nation n’est pas un agrégat économique ni un ensemble de marchés. Elle n’est pas quantifiable, ni mesurable : elle se réfère à l’Etre et donc à son Etre propre marqué par une identité spécifique, une âme unique et inimitable. Un peuple n’est pas une somme d’individus assemblés dans un corps électoral mais un tissu de corps intermédiaires tissant entre eux de multiples liens intellectuels, sociaux et économiques.
Vouloir défendre la nation et le peuple dont on est membre tout en professant des idées libérales revient à se priver des moyens efficaces de son combat. Cela consiste à couper les griffes d’un félin ou le bec d’un oiseau.

 

 

Le mirage libéral

 

       Cette dérive de la pensée chez ceux qui se disent – accordons-leur ce sentiment – sincèrement attachés à leur patrie, vient de ce que leur sentiment patriotique, leur sentiment nationaliste n’est pas étayé, structuré par une doctrine. Et la seule doctrine qui permette d’y voir clair, d’agir efficacement pour le salut de la nation est la doctrine nationaliste, autrement dit la manière de penser les événements en fonction du seul intérêt de la nation considérée objectivement dans sa réalité pleine et entière, faite à la fois d’âme et de matière. Aucune action politique ne peut être valable si elle ne relève pas d’une conception spiritualiste.

       Il est facile d’expliquer l’attrait de la pensée libérale trop souvent réduite à son seul aspect économique sur ces personnes par le succès économique mondial des États-Unis présentés et perçus comme étant le modèle d’un État appliquant le libéralisme, étant entendu que les puissances dominantes ont toujours tendance à rayonner et servir d’exemple à imiter. Il est pourtant aisé de montrer que ce qu’on appelle le libéralisme nord-américain repose largement sur un protectionnisme économique, notamment dans le domaine agricole, et sur de multiples interventions de l’Etat. Cette réalité est d’ailleurs dénoncée par des libéraux que l’on peut qualifier conventionnellement d’ultra libéraux, tels les disciples d’Hayek et le mouvement libertarien dont le principal théoricien fut Murray Rothbard. Il est aussi aisé de montrer comment les attaques contre ce protectionnisme américain menées ces dernières années fragilisent, sans que cela apparaisse encore clairement, les structures de l’économie américaine dont le déficit extérieur va croissant et dont l’économie, victime du libre-échangisme mondialiste, se vide peu à peu de sa substance, notamment sa substance industrielle : en témoigne la déconfiture actuelle des trois grosses entreprises automobiles que son Ford, Chrysler et General Motors. Dans les années 1950, les États-Unis produisaient 95 pour cent de ce qu’ils consommaient. Aujourd’hui, ils importent le quart de leur acier, les trois quarts de leurs vêtements, la moitié de leurs machines outil et 40 pour cent de leurs voitures.

       Le mirage libéral doit donc être dénoncé et dissipé. Pourtant – et c’est ici qu’interviennent confusion et quiproquo – la critique que font les libéraux du fonctionnement de notre société est loin d’être infondée. Or il ne s’agit pas ici de libéralisme mais d’organisation de la société et plus précisément de celle des pouvoirs publics, à savoir celle de l'État et de ses démembrements. La seule question qui se pose est celle de l’efficacité de lÉtat relativement à la défense et à la promotion de l’intérêt national.

 

 

Libertés économiques et nationalisme

 

       Ainsi, la question qui se pose relativement à l’économie n’est pas de démembrer l’Etat parce que l’idéologie le commande mais de savoir comment permettre aux nationaux d’exercer leurs talents créatifs, autrement dit de traiter de la question des libertés économiques relativement à l’intérêt de la nation, c’est-à-dire dans le cadre d’une économie nationale orientée en fonction de l’intérêt et du bien commun de la nation. Il ne faut pas confondre les libertés économiques indispensables à la vie d’une nation dans la mesure où elles permettent aux différentes énergies créatrices de s’épanouir et le discours libéral, idéologique, qui se situe de par sa nature hors du cadre national et des préoccupations nationales.

       Il est clair que, dans le cas de la France, se pose la question du rôle de l’Etat et singulièrement des dérives parasitaires qui caractérisent son évolution depuis quelques décennies, notamment l’emprise tentaculaire qu’il déploie sur la société française au point de l’asphyxier par l’intermédiaire de corps de fonctionnaires en pleine prolifération et qui se traduit par les insupportables racket et inquisition fiscaux. Une refonte de l’organisation des pouvoirs publics, avec notamment une remise en ordre de l’organisation administrative de la France supposant la suppression des nombreux doublons, est indispensable ; ce qui implique au préalable un changement de régime mettant la ploutocratie politicienne parasitaire hors circuit ; ce qui nécessite aussi la sortie de l’U.E., structure à dérive soviétoïde qui renforce encore l’emprise sclérosante de la bureaucratie et de la technocratie, détruit notre souveraineté et vend notre pays aux puissances financières transnationales et nécessairement apatrides.

       Par conséquent, s’il est entendu que le carcan de la bureaucratie étatique doit être supprimé, il n’en demeure pas moins que l’Etat doit jouer un rôle directeur dans l’orientation de l’activité économique. Celle-ci doit être soumise à l’intérêt national, au bien commun et non pas à l’intérêt de puissances privées comme c’est le cas actuellement, avec des institutions financières aux capitaux anonymes et divers groupes de pression idéologiques tels les clubs issus du fabianisme et autres officines plus ou moins occultes.

 

 

Les idiots-utiles du mondialisme

 

       Plus largement, aucun redressement de la France, aucun redressement des autres États d’Europe n’est envisageable s’il ne s’inscrit pas dans une optique de prise en compte première des intérêts nationaux, autrement dit dans une optique nationaliste. En l’état actuel de la situation, cela signifie qu’il ne s’agit pas de réaménager le système actuel, ni de le réformer, car il n’est pas réformable : il s’agit de rétablir les nations européennes dans la continuité de leur histoire, celle qui a été interrompue par la mise en place, progressive depuis 1789 et généralisée après 1918, de régimes fondés sur la rationalité des Lumières, qui est une mutilation de la raison et de notre civilisation et qui est fondamentalement un universalisme négateur des nations et par suite de l’ordre voulu par le Créateur.
       A cette aune, les gens qui se disent « de droite » et se considèrent comme des patriotes, ne peuvent être que les « idiots utiles » du système mis en place lentement mais sûrement depuis la fin du XVIIIe siècle. Ces gens, choqués par les dérives du système, passent leur temps à les dénoncer et à proposer des remèdes sans pour autant remettre en cause ce système et à en analyser les tares. En se disant « de droite », ils ne font que s’opposer à « la gauche » qui, de par la nature même du système, en est le moteur diabolique. L’histoire le montre : la « droite » a passé son temps, depuis deux siècles, à jouer le rôle de frein qui, au mieux, avec plus ou moins d’effets, réussit à ralentir le char du modernisme sans pour autant l’arrêter. Plus encore, avec le temps et s’y accoutumant par manque de vigilance, elle fait siennes les « idées avancées » d’hier, celles-là même qu’elle critiquait alors. Progressivement mais sûrement, elle se gauchit elle-même, au point qu’au fil des ans, on assiste à l’émergence de ce que l’on peut désigner comme étant le spectre idéologique de la droite, allant des plus modérés – ceux qui s’accommodent le mieux du système – aux plus réticents - ceux n’acceptent pas la majeure partie des dérives tout en étant convaincu de l’irremplaçable valeur de la démocratie. C’est ce qu’en France on peut, grosso modo, désigner sous les appellations de pseudo droite – la droite régimiste – ou encore de droite nationale qui se réfère à ce qui était la pensée commune de la droite française républicaine dans les années 1950.

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