Journal de combat nationaliste et identitaire : informations, formation, doctrine, chants
Militant anti-sioniste de toujours, François Duprat a payé très cher son opposition au Lobby. C’est lui qui rédigea presque entièrement le numéro de Défense de l'Occident qui suivit la Guerre des six jours (du 5 juin au 10 juin 1967) (en collaboration avec Pierre Fontaine, Maurice Bardèche et Paul Rassinier) : L’agression israélienne et ses conséquences (n°64, juillet-août 1967) d'où est extrait le texte suivant :
Dans le journal Valeurs actuelles des 13/19 IV, une analyse détaillée montrait « Israël au bord du drame ». Le régime de M. Eskhol affaibli ne pouvait trouver que dans un vaste appel à la solidarité internationale à l'extérieur, et à l'union nationale à l'intérieur, les moyens de consolider son existence.
Mais une telle crise était-elle possible ? A première vue, le monde arabe apparaissait divisé en deux camps : d'un côté des régimes nationalistes et populaires de plus en plus soutenus par l'Union Soviétique, de l'autre des monarchies traditionalistes très liées au capitalisme anglo-saxon, et envers qui les Etats-Unis menaient une offensive diplomatique très sérieuse.
Cette division s'illustrait surtout dans la guerre du Yémen et dans la crise d'Aden, deux problèmes extrêmement liés d'ailleurs. Au Yémen, le régime républicain « nassérien » de M. Sallal – contrôlant 1/3 du territoire mais 2/3 de la population – était soutenu par la présence de plus de 50 000 militaires égyptiens. Les Soviétiques installaient des bases de fusées. Pourtant ces royalistes, divisés, affaiblis par la réduction de l'aide Séoudienne en argent et, en armes, avaient cessé le combat et maintenaient le statu quo. Pourquoi alors cette coûteuse présence militaire ?
C'est que le Yémen est tout proche de la Fédération d'Arabie du Sud, protectorat britannique à qui le gouvernement Wilson avait décidé d'accorder l'indépendance en janvier 1968, malgré la situation révolutionnaire catastrophique où se trouvait le pays. Aden, c'est en effet une situation de type somalien, des tribus nomades traditionalistes, formant le principal soutien du gouvernement fédéral pro-anglais, et la ville contrôlée par les deux mouvements nationalistes, dont le principal le Flosy, Front de libération du Sud Yémen, dispose même d'une armée constituée par Nasser aux côtés des républicains yéménites. Pourtant les travaillistes étaient décidés à abandonner le pays, pour ne pas soutenir des émirs réactionnaires contre la population arabe d'Aden, comme le demandaient les conservateurs.
Deux pays pourtant se tenaient à l'écart de cette division du monde arabe : l'Iran qui, quoique, régime monarchique et membre de l'alliance américaine du Cento, venait de conclure un accord militaire important avec son voisin l'URSS ; et le Liban, écartelé entre les deux tendances également représentées en son sein, et qui risquait de voir sa traditionnelle neutralité mise en danger.
Devant cette diplomatie subtile des grandes puissances pour s'assurer des sympathies arabes, la volonté d'Israël d'entamer une crise n'aurait pu aboutir sans la Syrie.
La Syrie, où domine depuis quelques temps le Baas orthodoxe, avait des sympathies pro-chinoises, et demeurait le seul pays arabe à soutenir efficacement l'action des commandos palestiniens. Elle avait une position indépendante sur ce point, et pouvait seule donner à Israël le prétexte voulu.
Début mai, l'aviation israélienne lançait une attaque aérienne au-dessus de la Syrie jusqu’aux environs de Damas. L'aviation égyptienne, alertée, n'intervenait pas. Le gouvernement de M. Eskhol obéissait à un triple motif : - faire face à ses difficultés, - résister au danger syrien et l'éliminer si possible, - sonder la solidité de l'accord de défense égypto-syrien.
Conséquences de l'agression israélienne
A la suite de cet incident, deux ordres de conséquences : Israël, confiant dans ses possibilités d'attaque, doutant de la solidarité arabe, voit se confirmer sa volonté à abattre le régime damascène.
L'Egypte est sommée par la Syrie de l'aider à résister à i'agression.
Les preuves de la volonté agressive d'Israël devaient être bien fortes puisque, contrairement à l'avis de tous les observateurs, Nasser va en se réconciliant avec Hussein refaire en quelques jours l'unité arabe. Le 31 mai l'accord de défense Egypte-Jordanie-Palestine est signé. La presse mondiale s'exclame sur la suprême habileté de Nasser.
Seule la Syrie, consciente et pour cause de l'existence dans chaque pays arabe d'une cinquième colonne appointée par Israël jusque parmi leurs propres services secrets, se montre réticente, et conservera cette attitude tout au long de la crise, consciente de sa position de principale victime visée.
Israël constitue son cabinet de guerre avec Mosché Dayan et Menahem Begin : l'unité arabe est plus menaçante que prévue, l'urgence nécessaire de l'alliance donne lieu à de sordides marchandages et M. Eskhol doit céder ; il faut agir très vite.
La défaite arabe
Tous ces pays arabes ont à peine eu le temps de se rallier à Nasser que déjà c'est la défaite. Les Américains ont menacé en effet l'Egypte de représailles si elle attaquait la première, et les réticences soviétiques ont montré à l'évidence que le soutien russe était peu sûr.
D'autant moins sûr que la défaite de l'Egypte le 5 juin est une défaite soviétique : toute la tactique de l'armée égyptienne était réellement menée par des conseillers soviétiques, et elle était mauvaise. La concentration de troupes dans le Sinaï, leur matériel, le retrait progressif, tout cela a été conseillé par les Russes, leurs fusées n'ont même pas servi ! Les Soviétiques sont-ils donc de si piètres stratèges? Ne faut-il pas plutôt parler d'une trahison délibérée de l'Union Soviétique ?
A cela s'est ajouté la carence des services secrets arabes, et les innombrables trahisons d'officiers et de membres des gouvernements. L'argent n'a afflué que du côté israélien.
Les cessez-le-feu vont dès lors se suivre aussi vite que les ralliements, c'est d'abord le roi Hussein qui capitule, puis l'Egypte et la Syrie.
Mais toutes ces trahisons qui ont causé cette défaite arabe vont justement permettre un redressement. La démission de Nasser, attitude noble d'un homme d'Etat trop calomnié, va être rejetée par trois des pays arabes. Et après une vague de défaitisme très brève, des réactions timides apparaissent pour la première fois.
Au cours d'une conférence au sommet arabe, les ministres des affaires étrangères s'ils ne peuvent masquer des désaccords sur les problèmes pétroliers qui touchent de trop près à la vie économique, affirment leur solidarité contre Israël et leur hostilité inébranlable aux anglo-saxons.
C'est surtout la Jordanie, terriblement obsédée par la guerre et proche de la catastrophe, qui prône l'unité et le soutien à Nasser. L'afflux de millions de réfugiés dans un pays privé de sa partie la plus riche ne lui laisse pas d'autre espoir.
Le Liban, lui, envisage son internationalisation : le peuple y est de plus en plus nassérien, la vie économique est totalement dépendante du Koweit et de l'Arabie.
L'Irak doit prendre des décisions pétrolières assez dures contre les grandes compagnies anglo-saxonnes: de toutes façons ses pipe-lines passent par la Syrie et il doit rester en accord avec ce pays, même forcé.
L'Arabie, Koweit, et les émirats entendent profiter malgré tout de l'argent américain avec réalisme mais ils envisagent de financer une reconstruction du potentiel arabe.
Les pays du Maghreb, éloignés du théâtre d'opérations, ont surtout manifesté une puissante solidarité, non seulement l'Algérie socialiste mais aussi le Maroc et la Tunisie, ils sortent peu éprouvés de l'affaire, et leurs liens avec la France gaulliste se sont nettement resserrés.
L'Egypte, quoique son économie fut chancelante, s'était préparée à une rupture avec les Etats-Unis. Elle parut donc, convenablement aidée, tâcher de remonter la pente.
Mais il est certain que tout danger était écarté pour Israël pour longtemps, à condition que le régime de Damas soit abattu, comme prévu. C'est ce qui explique l'acharnement israélien à violer le cessez-le-feu pour s'emparer de Damas. Ces tentatives, semblent avoir échoué, et la Syrie, qui s'est assez bien tiré du conflit, garde une volonté de combattre notable.
Ainsi l'unité politique du monde arabe sort malgré tout renforcé de la défaite, et Nasser peut compter plus que jamais sur un soutien populaire considérable. La trahison soviétique, les tentatives russes de vendre du pétrole aux occidentaux pendant la crise, la collusion évidente des anglo-américains avec Israël, enfin l'explosion de la bombe H chinoise ont peut-être fait réfléchir les leaders arabes. Ainsi malgré la volonté des traditionalistes d'Arabie Séoudite et les émirats de ne pas rompre les relations diplomatiques avec les USA et de poursuivre les livraisons pétrolières, c'est toute une longue opération délivrée à qui de droit qui a échoué.
On voit sortir peu à peu la possibilité d'une nation arabe moins fractionnée, et surtout plus insensible à un soutien apparent des grandes puissances.
La réaction des USA ne s'est pas faite attendre : tandis qu'éclataient à Aden de graves émeutes et que la garnison fédérale se mutinait, on a pu voir le gouvernement Wilson changer totalement de position politique : l'Indépendance de l'Arabie du Sud prévue pour 1968 sera « garantie» par une task force écrasante britannique au large d'Aden. Aucune élection ne donnera au gouvernement provisoire la légitimité populaire. Il est donc certain que les Arabes vont se multiplier : en 1968, Aden verra l'Angleterre soutenir sa longue guerre, soutenue par les Américains soucieux de maintenir dans le monde arabe une division indispensable aux intérêts d'Israël, mais à laquelle les peuples arabes et même des souverains comme celui de Jordanie ou celui d'Aden sont hostiles plus que jamais.
Ainsi dans cette partie du monde où la paix pourrait revenir par de justes négociations protégeant le peuple palestinien, et soustrayant le monde arabe à l'influence soviétique, on voit les E.U. – sur l'ordre de quel groupe de pression ? – diviser le pays d'Israël où règne maintenant une ivresse belliciste et religieuse; alors que les intérêts occidentaux considèrent évidemment de soutenir Nasser dans sa politique d'unité arabe.