Journal de combat nationaliste et identitaire : informations, formation, doctrine, chants
« Je le regardais avec méfiance, tâchant de peser la part de la lâcheté, de l’égoïsme brut. Il sentait mon regard, mais il ne s’en souciait pas ; il y eut toujours au fond de son œil une sorte de sourire incœrcible ; mais aucune forfanterie : il se connaissait et s’admettait largement, sans plus.
Enfin, je repris l’attaque.
- Mais si la fatalité de l’Europe, c’est d’être divisée en patries ? Il faut accepter la fatalité de ce qu’on aime. Si la fatalité de l’Europe est de finir dans un brasier ?..
- Qu’est-ce que c’est que cette assimilation des sentiments pour quelque chose de collectif aux sentiments qu’on peut avoir pour des personnes ? Certes, je puis supporter les défauts, les vices, les tares d’une femme parce que je l’aime : pourquoi en ferais-je autant pour un pays ?
- Il vous faut un pays comme il vous faut une femme.
- Mon pays se trouve là où ma vie est sauve.
- La forme fatale d’une société, c’est d’être une patrie, plus ou moins large. Un civilisé montre son amour de la civilisation en adhérant à tout le contenu de cette proposition, en adhérant à l’état de guerre permanent.. Si l’on accepte la patrie, on accepte la guerre. Car point de patrie sans guerre et pas de guerre sans patrie. Qui aime la patrie aime la guerre.
Je pleurais au fond de moi-même en m’écoutant parler. Toutefois, tel est le cul-de-sac où je vois l’Europe : les patriotes mourront au fond d’une cave. »
Pierre Drieu la Rochelle,
La Comédie de Charleroi.