Journal de combat nationaliste et identitaire : informations, formation, doctrine, chants
Le 30 avril 1863, 60 légionnaires subirent l'assaut de 2000 cavaliers mexicains à Camerone, au Mexique. Après une résistance héroïque, ils périront, à l'exception de 5 hommes.
A six heures du soir, ils ne sont plus que cinq : le sous-lieutenant Maudet ; le caporal Maine, un Français, brillant combattant et vieux soldat ; Victor Catteau, un grand Belge de un mètre quatre-vingts qui n’a pas encore six mois de service, mais se bat déjà comme un ancien ; Laurent Constantin, un autre Belge, l’œil anthracite, teigneux et cabochard, mais courageux comme un dogue, et puis le vieux Wensel qui trompa l’administration pour avoir la gloire de venir se faire trouer la peau dans cet enfer.
Ils tiennent encore l’ennemi en respect, mais leur résistance touche à sa fin, car ils manqueront bientôt de cartouches. Quelques coups encore et il ne leur en reste qu’une chacun.
« Armez vos fusils, dit le lieutenant, vous ferez feu à mon commandement ; puis, nous chargeons à la baïonnette, vous me suivrez. »
Ne les voyant plus tirer, les Mexicains avancent. La cour en est pleine. Il se fait alors un grand silence : les blessés eux-mêmes se sont tus comme s’ils comprenaient que l’instant est plus solennel. Dans leur réduit, les cinq survivants ne bougent plus, ils attendent.
« En joue ! Feu ! » crie le lieutenant.
Les coups de fusils ne font qu’une détonation. Les cinq hommes bondissent en avant, la baïonnette pointée. Une formidable décharge les accueille à bout portant. Un ouragan. A croire que la terre va s’entrouvrir. Le grand Catteau s’est jeté devant son officier et le prend dans ses bras pour lui faire rempart de son corps : il tombe frappé de dix-neuf balles. Le lieutenant n’en est pas moins touché, lui aussi : une balle dans le flanc droit, une autre lui fracasse la cuisse droite. Wensel est tombé lui aussi, le haut de l’épaule traversé, mais il se relève aussitôt.
Trois sont encore debout : Maine, Wensel et Constantin. Un moment interdits à la vue du lieutenant étendu sur le sol, ils s’apprêtent à sauter par-dessus son corps et à charger de nouveau, mais déjà, les Mexicains les entourent de toutes parts et la pointe de leurs baïonnettes effleure leurs poitrines.
C’en est fait d’eux, ils vont mourir, quand un homme de haute taille, un officier supérieur, qui se trouve au premier rang, d’un brusque mouvement de son sabre relève les baïonnettes qui les menacent :
« Rendez-vous ! leur dit-il.
- Nous nous rendrons, répond le caporal Maine, si vous nous laissez nos armes et notre fourniment, et si vous vous engagez à faire relever et soigner notre lieutenant que voici- là, blessé.
- On ne refuse rien à des hommes comme vous ! » dit l’officier.
Pierre Sergent, Camerone, Fayard.
"Ils furent ici, moins de soixante
Opposés à toute une armée,
Sa masse les écrasa,
La vie plutôt que le courage,
Abandonna ces soldats français"
Inscription gravée à Camerone, sur le monument célèbrant le sacrifice
des soldats de la Légion étrangère