Ce ne sont évidemment pas que ses articles célébrant sa petite patrie lyonnaise qui valurent à Henri Béraud une condamnation à mort en 1944, quand gaullistes et communistes se partageaient le pouvoir. Ce n'est pas non plus d'avoir soutenu le Maréchal, que le poilu Béraud avait reconnu, comme des millions de Français, comme son chef. Ce qu'on ne lui pardonna pas c'est d'avoir sans cesse dénoncé les manœuvres britanniques contre la France, ainsi que les menées mosaïques. Ce qu'ils ne lui pardonnèrent pas non plus, c'est son parcours, d'homme de gauche, républicain et athée ayant rejoint comme beaucoup d'autres le camp nationaliste (quand le nombre d'intellectuel ayant fait le chemin inverse fut quasiment inexistant) et de n'avoir jamais renié son engagement. Il se dit également que c'est la haine de « l'amiral de bateau-lavoir » Muselier, grand-père de son célèbre – au moins du côté des bars anisés de la Canebière – rejeton qui lui coûta cette condamnation. Cet amiral – dont le haut fait d'arme sera d'avoir réalisé la prise de Saint-Pierre-et-Miquelon, paisible petite communauté de pêcheur, avec quatre navires de guerre surarmés – était très imbu de sa personne ; il n'aurait pas goûté à sa juste valeur le féroce trait d'humour de Béraud.
Pour mieux comprendre l'homme, voici un article extrait également de Gringoire et repris dans le recueil Sans haine et sans crainte. Sa condamnation à mort fut commuée en détention au bagne. Très grièvement malade, il en sort en 1950, très diminué. Henri Béraud s'est éteint il y a cinquante ans, 24 octobre 1958. Vous pouvez lire également un article sur le cinquantenaire de sa mort, des extraits de son roman Ciel de Suie ou encore son témoignage sur les dernières minutes de Robert Brasillach).
Et les juifs
On ouvre un journal et on lit : « Engagé volontaire en 1915, à moins, de dix-huit-ans, le chef d'escadron Brisac a été blessé pendant la guerre 1914-1918, an cours de laquelle il a obtenu quatre citations. Pendant la guerre 1939-1940, le chef d'escadron Brisac a été cité à l'ordre de la division. Fait prisonnier avec l'état-major de la Ve Armée, il s'est évadé presque aussitôt. » Saluons. Le commandant Brisac a de beaux états de service. Assurément, c'est un soldat. Mais d'autres l'égalent en vaillance qui n'ont point les honneurs d'un communiqué. Pourquoi lui seul, et non ses égaux ? Parce que le commandant Brisac est israélite, et que la loi du 3 novembre 1940, fixant le statut des juifs, interdit la carrière des armes à ses coreligionnaires. Mais il n'y a pas de loi pour les braves, et Brisac en est un. Le Maréchal, qui s'y connait, relève Brisac de l'interdiction. Brisac gardera ses épaulettes, il continuera de servir la France, et les bons citoyens tireront leur chapeau. Voilà qui donne à réfléchir. Le plus national des gouvernements cite un juif en exemple. Alors, que devons-nous penser ? Nombre de Français s'interrogent, et je fais comme eux. Serons-nous pour ou contre les juifs ? Resterons-nous indifférents ? Nous défendrons-nous ? D'un mot, est-il bon, est-il juste, est-il raisonnable de se dire antisémite ? M'étant posé la question, je réponds : en conscience, oui, il faut être antisémite. Il faut l'être parce qu'on n'a plus le choix ; il faut l'être malgré nous ; il faut l'être pour obéir à ceux-là mêmes qui nous y contraignent, et qui sont les juifs ; il faut l'être malgré nos admirations et nos amitiés ; il faut l'être parce que le salut de la France est à ce prix. Ce n'est pas sans réflexion qu'en ces premières lignes nous avons marqué notre respect à l'égard d'un brave soldat juif. Nous savons, nous disons, nous répétons que le mérite de cet officier s'élève bien au-dessus du problème judéo-français. Il n'en est pas moins vrai que ce problème existe. Il existe même au point qu'il a donné naissance à des lois. Ces lois nécessaires ne sont pas des lois impitoyables. Encore moins des actes de vengeance. On a voulu rendre au pays ses droits, qui sont des droits d'héritage. Il s'agit de remettre aux fils la gestion du bien de leurs pères. Un mot dit tout cela, c'est le mot patrie. Nous voulons faire place nette et compter nos amis. Quand il s'agira d'ouvrir notre maison à l'étranger digne de notre confiance, nous réclamerons l'honneur de tenir à deux mains les battants de la porte. Mais il doit rester entendu que cette maison et la nôtre, et que nul auter que nous, gens d'ici, n'aura désormais le droit d'y parler en maître. Ramenons les choses à leur point. C'est de notre existence qu'il est question ; notre « droit de vivre », comme disait l'organe des synagogues. Or, ce droit commence et finit par la lutte contre les principes de destruction. Le plus virulent de ces principes, on le connaît : C'est le virus hébraïque. A nous d'agir en conséquence. Les honneurs rendus à un bon serviteur de notre pays ne font que mieux justifier notre dessein de réclamer des comptes à ceux qui l'ont conduit à la ruine et au malheur. « Un n'est qu'un », dit le Talmud. Avec plus de légèreté, nous disons qu'une hirondelle ne fait pas le printemps. Si tous les juifs ressemblaient au commandant Brisac, la question juive ne se poserait pas. Mais tous les juifs ne ressemblent pas au commandant Brisac, et la question juive ne s'est jamais autant posée. Il y a Brisac. Mais il y a Blum.
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Il ne me plaît guère d'accabler un vaincu. Je l'ai combattu durement. Du jour de sa triste gloire à celui de sa chute misérable, je n'ai cessé de lui crier ses vérités. Cela le fâchait beaucoup. Dans sa colère, il n'était ni très beau, ni très humain. Quand on l'accusait de forfaits, aujourd'hui connus de tous, Léon Blum répondait par des attaques de nerfs et des menaces de mort. Ce sont des choses passées. La malfaisance de Blum n'est plus qu'un souvenir. Le voilà par terre, en prison, sur la pente du châtiment. Faut-il donc l'épargner, renoncer à notre justice, faire taire les cris de notre raison devant ce qui fait horreur et pitié ? L'homme que nous avons dénoncé va répondre de ses actes, et nous feindrions le pardon dans l'oubli ? Allons donc ! L'heure n'est pas aux airs magnanimes. Il s'agit de payer. Du reste, l'accusé ne bat point sa coulpe. Aux derniers soubresauts de sa vie publique, on put voir que sa haine n'avait pas désarmé. Il nous a toujours exécrés; il nous exècre toujours. Ne le montra-t-il pas en outrageant le plus grand des Français ? Quant à cela, ce prisonnier vulgaire et flétri tient un rang de grandeur. Il n'avait d'autre génie que sa haine, mais une haine puissante, une haine de barbare ; et notre mauvaise étoile a voulu que cette haine étrangère fût portée au pouvoir. Jours de honte et d'aberration, dont les plus aveugles aperçoivent avec stupeur les conséquences. Histoire de France en main, Léon Blum est l'homme qui nous a fait le plus de mal. Et, pour le malheur des juifs, cet homme est un juif. Un juif qui, pour accomplir son œuvre de ruine et de mort, s'était entouré de juifs. La France abattue se soulève et regarde. Elle cherche à se souvenir. D'où lui vient tant de misère ? Sa main passe en tremblant sur son front, ses yeux s'ouvrent, elle achève de s'éveiller ; elle voit, elle sait : ceux qui l'ont jetée là, bâillonnée, ligotée, sans force, ceux qui, l'ayant conduite à la bataille l'ont fait battre, puis l'ont abandonnée, ce sont des passants, des nomades, des hommes aux figures sombres, aux mœurs cyniques, aux noms mal traduits d'une langue inconnue, aux propos remplis d'astuce, aux fureurs messianiques et révolutionnaires. Actifs et remuants, ils semblaient nombreux, ne l'étaient guère et pourtant se trouvaient partout. Ils occupaient les meilleures places, barraient tous les chemins, imposaient leur loi, remplissaient leurs poches, interdisaient les coutumes, bafouaient les croyances, outrageaient la famille, excitaient le peuple, démoralisaient l'enfance, désarmaient les soldats, salissaient le drapeau, brisaient les alliances, exigeaient la guerre, exportaient leur fortune et se préparaient à fuir le désastre. Est-il besoin de mettre un nom sous ce portrait ? Vous le voulez ? Alors, un seul, le modeste singulier pour le pluriel infini, l'unité pour le tout, la tête pour le corps, le meneur pour la foule sans nombre... Lorsque le Bulgare à lorgnon s'assit dans le fauteuil de Richelieu, il n'arrivait pas les mains vides. Il avait, comme on dit, un programme, et ce programme il l'accomplit sans faiblesse. Il s'agissait, premièrement, de remettre la France aux mains d'Israël ; secundo, de briser l'âme française ; tertio, de venger, par tous les moyens, la juiverie internationale et, pour finir, de nous conduire, par le chemin de la guerre, à l'anarchie. C'était, dans toute sa rigueur et toute sa pureté, le programme des « Sages de Sion ». On aurait tort de mésestimer Léon Blum. C'est un grand juif. Ceux, dont je suis, hélas ! qui raillaient en lui le « prophète », peuvent se frapper la poitrine. Un messager des catastrophes était parmi nous. Juda parlait par sa bouche. Il était de la race des Isaïe, des Amos et des Osée. Rien de nouveau sous le soleil. Ecoutez la vieille imprécation : « Le grand jour de Jéhovah est proche. Ce jour-là sera un jour d'angoisse et de détresse, un jour de sombres nuées, un jour d'appels de trompettes et de cris de guerre... » Ainsi parlait, il y a vingt-trois siècles, un tribun errant, plein de fureur et plus décharné qu'un criquet. Il s'appelait Sephanya. Il aurait pu s'appeler Karfunkelstein. Ses, appels au meurtre n'ont pas vieilli. Relisez-les, s'il vous plait, et dites si vous n'en perceviez pas un aigre et triste écho dans les glapissements, de Luna-Park ? On sait, à présent, que Blum c'était la guerre. Mais qui le savait alors, sinon ceux dont les avertissements s'épuisaient dans l'insouciance criminelle d'un peuple voué au malheur ? L'avons-nous assez dit, l'avons-nous assez crié ? Que disions-nous alors ? Nous disions que Blum, chef hébreu du plus niais des partis, avait passé sa jeunesse à bafouer nos chefs militaires, son âge moyen à refuser les crédits de la défense et sa vieillesse à nous montrer le poing, en invitant les troupiers à lever la crosse. On trouve tout cela dans Gringoire du 4 août 1936.
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Vaines paroles. Les « goïm », ouvriers et patrons, étaient tout à la joie des « cinq-huit » et de la « révolution manquée ». On les amusait. On savait les distraire. Aux uns les fêtes du peuple, aux autres les dîners en ville et la lecture Du Mariage... Au bout du compte, un sommeil sans rêves, un voyage en congé payé, dans ce paradis des fous qui, selon le Pentateuque, n'est qu'une antichambre à l'enfer des imbéciles.
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Cependant, la guerre anglo-juive arrivait. Une presse stylée à Londres entonnait Le Clairon de Déroulède, avec l'accent de l'Europe centrale, sur un accompagnement tambouriné par tous les marteaux des Loges (1). Un grand jeu, que la France enchantée de ses bagnoles, de ses hostelleries, de ses shorts et de ses dancings, prenait pour une histoire de cinéma. Que de signes pourtant ! Que d'évidents truquages ! Que d'injurieuses précautions ! Enhardi par l'impunité, le juif s'installait, commandait, menaçait. Car telle est sa nature : insolent ou plat, pas de milieu. Pour l'heure, il était insolent. Ne tenait-il pas les leviers de commande ? Trois ministres juifs, cinquante-deux pour cent de fonctionnaires juifs dans les services ministériels. La radio enjuivée. Tous les théâtres aux mains des juifs. Ils contrôlaient la publicité des journaux. Le Collège de France tait à eux, et la Cour des comptes et la Cour de cassation, et la direction des Beaux-Arts, et la Banque de France, et la Faculté de médecine, et toute l'Université. Ils se bousculaient aux portes de l'Académie. Orléans, cité de Jeanne d' Arc, avait un maire juif, un député juif, un procureur juif, un général juif. Il y avait une majorité juive au barreau, aux concerts, aux salons, dans les lettres. Le journal du Front populaire était rédigé par des métèques aux noms imprononçables. Leur leader était un pâle gnome appelé Rosenfeld, éminence grise du créole Alexis Léger. Un juif contrôlait les Finances; un autre administrait les Colonies. Un essaim de juives mondaines papillonnait autour du drapeau rouge. On parlait iddisch à la Sorbonne. Un affreux journal, subventionné par la banque juive et dont nous aurons à parler, nous versait sans cesse injures et menaces. Impossible de répondre. Il y avait une loi, une loi mosaïque, en date du 21 avril 1939, signée d'un pauvre bougre d'aryen qui fait bien de chercher l'oubli. Cette loi touchait au délire. Elle autorisait l'outrage à notre peuple, à ses soldats, à ses prêtres, à ses grands hommes. Mais elle envoyait les gendarmes à tout Français révolté contre les « habitants ». On vit un juif à papillotes, incapable de dire bonjour et de se faire comprendre, mener en justice un soldat de Verdun, couvert de médailles : ce vétéran n'avait-il pas osé dire que Jérusalem ne se trouve pas en France ? On l'envoya prendre à la Santé des leçons de géographie. A la même heure, un ministre à double barbe et à triple boîte cranienne osa dire, en pleine assemblée, qu'« un juif vaut bien un Breton ». Ce qu'en pensa la Bretagne, on l'imagine : à savoir que, dans un régiment de ligne, il faut beaucoup plus qu'un juif pour remplacer la moitié d'un Breton. Ce ministre, on le retrouvera tout à l'heure, et dans un étrange lieu. Tout cela, et bien d'autres choses, se passait chez nous, en France, pays de raison. Ce n'est pas très vieux. Quelques mois à peine, et beaucoup déjà n'y songent plus. La vie de notre peuple est un fleuve d'oubli. Mais le temps a bonne mémoire.
(1) On ne fait ici qu'effleurer la question la plus grave, celle de la collusion des juifs, des Anglais et des maçons. On y reviendra.