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Que penseront nos fils, lorsque au soir de leurs jours amers, ils auront à nous juger ? Liront-ils les pièces du procès ? Ouvriront-ils nos livres, feuilletteront-ils nos journaux ?... Nos journaux, témoins de notre sottise et de notre lâcheté. La France redevenue française sera dure à la France des frontières ouvertes, des politiciens errants, des ministres apatrides et des bellicistes de ghettos.
On imagine l'étudiant de 1960, sa jeunesse au cœur dur, sa curiosité méprisante à l'égard d'un temps où les fils de notre terre obéissaient à des bohémiens. Cher garçon ! Je le vois attablé dans quelque bibliothèque, ouvrant nos collections jaunies, lisant ce qu'on osait imprimer chez nous, aux jours où déjà la guerre fumait à l'horizon.
Ce qui lui saute au visage, c'est la photo d'un chef de gouvernement, qui vocifère une Internationale dont il bat la mesure à poing fermé. Le titre : M. Léon Blum, président du Conseil, au meeting du Vélodrome d'Hiver... Cette ignoble image, tous les « grands journaux » l'ont publiée, à la place d'honneur. Ils en ont publié de pires : celle, entre autres, de Jean Zay, pyjama béant, après une aventure alpine qui fit rougir le mont Blanc. Il méritait bien la première page, et les clairons enroués de la réclame pouvaient bien sonner Aux Champs devant son drapeau ! Cela finit comme cela devait finir : le juif sacrilège est dégradé. Mais qui jugera ses thuriféraires et ses clients ?
Est-il rien au-dessous de Jean Zay? Oui : Mandel. Il faisait peur, celui-là. Son personnage à la Rodin se glissait à pas muets dans une orbe de silence et d'effroi. Les plus frivoles éprouvaient confusément le mystère de cet être à faux visage et à faux nom, en qui, nous le savons maintenant, s'incarnait la coalition judéo-anglo-maçonnique. On riait de Mandel. On riait de cet homme noir collant aux serrures l'œil de l'Intelligence Service. On avait tort. Il faut prendre ces choses au sérieux. Sous ses airs de Machiavel électoral, ce Rothschild de la branche pauvre était la synthèse de l'antichristianisme. Il portait en lui, dans son âme et dans ses paperasses, l'obéissance aux secrets de la Grande Loge, la vieille haine antipapiste de la renégate Angleterre et les imprécations sans fin de l'Eternel-Errant. Jéroboam est en prison. Comme Blum ; comme Zay. Comme d'autres, moins illustres, mais non moins circoncis.
Descendons l'échelle de Jacob. Un degré plus bas, c'est le cousin Jules. Qui se souvient de l'élection complémentaire de Sète ? Une pure cité latine escortant ce Moch en écharpe tricolore ? Et le cousin Jules, à peine député, fait ministre par le cousin Léon, et le cousin Jules à peine ministre appelant à son cabinet tous les fils à Lévy ?... En prison le cousin, avec toute la tribu, ses chameaux et ses tentes.
Encore un barreau et l'on arrive aux juifs d'affaires, marchands d'avions aptères ou de crocodiles empaillés Ceux-là, du moins, gémissent ailleurs que dans les donjons auvergnats. Entre la paillasse et le baquet du droit commun, voici le lascif et photogénique Natan, voici le Cerf agile, capturé dans la forêt de Bondy, et voici le faux baptiste Joannidès, extrait des flots du Jourdain ; voici le chœur plaintif des banquiers marrons, voici la grande chevalerie industrielle des sous-Oustric et des sous-Hanau. Voyez-les, se grattant sur la paille humide ou gesticulant dans le préau des lamentations, sous la bénédiction tutélaire du rabbin de Brooklyn. Au-dessous encore, les pires coquins, détrousseurs de l'épargne et marchands de secrets militaires. Ainsi, de barreau en barreau, l'on atteint de plus en plus bas, jusqu'à la case d'Ullmo, jusqu'à la morgue de Stavisky.
Tout ce qui, depuis cinquante ans, nous pille, nous affame, nous démoralise, nous désarme, nous déshonore, nous espionne et nous trahit, porte des noms étrangers. Nos prisons et nos bagnes sont remplis de déserteurs, de filous et d'hommes d'Etat baptisés : au sécateur. C'est un fait. La subtilité d'Israël, son astuce et son ardeur persuasive, ne peuvent rien contre la triste éloquence du panier à salade et des verrous.
S'il est des juifs qui me lisent, ils riront dans leur barbe frisée :
- Voilà bien nos « goïm », diront-ils, toujours les mêmes, insolents comme l'ânesse de Balaam et plus bornés que l'ivrogne Naboth sous la trique d'Achab. Braillez, chrétiens, épuisez vos flancs en vaines clameurs, mais prouver ce qu'on avance est une autre affaire. Il y a de mauvais juifs, c'est entendu. Mais les prisons ne sont pas fermées aux chrétiens. Blum était révolutionnaire, mais tous les révolutionnaires ne s'appellent pas Blum. Un seul de vos griefs, écoutez-nous bien, un seul compte pour Israël : celui d'avoir voulu la guerre et d'être ainsi les vrais coupables de vos malheurs. Eh bien, c'est faux. Vous avez menti. Nous n'avons pas voulu la guerre, et vous ne faites, en disant cela, que répéter une infâme calomnie. Mais cette fois, on vous tient ! Béni soit l'Eternel ! Vous allez vous expliquer. Devant tous, vous allez montrer vos textes, vos dates, vos preuves. On vous écoute, et tâchez d'être clair !
Vraiment, compères ? Vous le voulez ? Soit fait selon votre désir.
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En novembre 1938, deux mois après Munich, il y eut entre la France et l'Allemagne une tentative de rapprochement. Ce qu'on pouvait en attendre, il est trop tôt ou trop tard pour le dire. En fait, le ministre allemand des Affaires étrangères vint en France, où il fut reçu avec honneur. Nombre de gens, chez nous, mettaient leur espérance en cette démarche. Et il ne venait, certes, à la pensée d'aucun de se montrer discourtois envers l'hôte de notre pays. Est-il besoin de dire que l'on eût en vain cherché, même au sein de la plus folle époque, un Français de France assez fou pour crier: Vive la guerre !
Or, en ce temps-là, vivaient sur notre sol un grand nombre d'Hébreux. Venus des quatre coins du monde, ils formaient une ligue et cette ligue avait un organe. La ligue s'appelait L.I.C.A. [a], et l'organe s'intitulait Le Droit de Vivre. Un même personnage les dirigeait. C'était un nommé Lekah, dit Lecache, aussi carpathien qu'on peut l'être, et plus crépu que Sem en personne. Lecache était un juif de combat. Dernier serviteur du Dieu de Colère et suprême espoir des Macchabées, Lecache aimait le carnage. A vrai dire, il avait la jambe molle et la poitrine assez creuse. Mais du fond de cette poitrine s'exhalaient d'effrayants psaumes, où l'on reconnaissait, au dire des connaisseurs, les vociférations d'Ezéchiel mêlées aux sanglots de Jérémie.
Nos Hébreux appréciaient beaucoup le nouveau prophète. Acclamé dans les ghettos du Temple, il dînait chez les grands, juifs de l'Etoile. Et tous, du fripier au baron de la finance, encourageaient de leurs offrandes l'envoyé d'Israël. Lecache en donnait pour l'argent. Nuit et jour, il prêchait la guerre sainte.
A l'idée que les paysans de France refusaient de mettre sac au dos pour les juifs d'Allemagne, une transe biblique agitait le prophète Lecache. Au retour de Munich, il ne se connut plus. Il déchira sa robe et remplit les airs d'un long cri. A cet appel, les douze tribus se précipitèrent, et ce fut, un soir de novembre, le meeting de la Mutualité.
Cela ne vous dit rien ?
Ce soir-là, dix mille juifs, surgis d'on ne sait quelles ombres, accoururent, poings levés, bouches furieuses, et, deux heures durant, aboyèrent au massacre.
Il y avait là ces gens, toujours les mêmes, que depuis des années et des années, l'on trouvait sur les estrades rouges : les Hadamard, les Brunschwig, les Bach, les Zerapha, les Bidault, les Paraf, les Lazurick, les Landowsky, les Emile Kahn et les Langevin, tous sectaires de loges, énergumènes de plateaux, sans cesse réunis de congrès en congrès, de meeting en meeting, de rassemblement en rassemblement, chaque fois qu'il était question de donner tort à la France.
Ainsi entouré, Lecache parut à la tribune. A sa droite et à sa gauche, deux anciens ministres :
Pierre Cot, Marx Dormoy. Et Lecache se mit à parler :
« Nous n'acceptons pas, s'écria-t-il, usant de notre droit de citoyen français (sic) que sous le couvert de je ne sais quelle politique, on tente je ne sais quel rapprochement. Ce n'est pas avec Hitler qu'il faut faire un rapprochement, mais contre Hitler qu'il faut le faire !... »
« Ovation sans fin », dit le journal de Lecache, où je recopie, mot pour mot, cet appel aux tueries.
Cela se passait au cœur de Paris, de ce Paris trop heureux, chancelant de bonheur, qui vivait son dernier automne et respirait comme un mortel parfum le souffle léger des adieux. La ville allait à ses plaisirs, à ses théâtres. Les voitures glissaient en silence autour de cette salle ardente, où la haine de dix mille étrangers bouillait comme une chaudière.
Au coin de la rue voisine, la barbe au vent, les pieds dans la crotte, un pauvre hère criait :
- Demandez Le Droit de Vivre !
Aux lueurs d'un réverbère, on ouvrait le journal de Lecache, et Lecache écrivait :
« M. Georges Bonnet peut écrire tout ce qu'il voudra, les trois quarts des Français (sic) n'avaliseront pas sa signature. Des questions se posent qui mettent en cause, directement, la lucidité comme l'honneur de notre ministre des Affaires étrangères. On nous dira que le Quai-d'Orsay suit la politique de Richelieu. Si j'étais monarchiste... »
Mais non, la plume nous tombe des mains. Ces phrases que l'on rougit de transcrire, étaient colportées d'un bout de la France à l'autre par deux cent mille coreligionnaires du meneur Lecache, aussi peu français que lui. Elles étaient reproduites dans Le Populaire, et commentées avec enthousiasme par l'équipe fameuse des Blum, des Moch, des Wurmser, des Weill-Raynal, des Paz, des Goldschild, des Deutch, des Rosenfeld et des Zyromski. Et toute la bande approuvait cet atroce propos de Lecache : « Si l'épreuve des nerfs à laquelle le monde est soumis ne mène pas à la guerre immédiate, nous savons ce qui nous attend. »
Mais la guerre juive est une chose, et la révolution aryenne en est une autre. Il fallait préparer « la défaite génératrice de guerre civile ».
Et Lecache, déchaîné, lançait sa plus belle trouvaille: la campagne des « Gueules de vaches », acclamée d'une seule voix par tous les profils de boucs.
Cela n'est rien encore. Huit jours plus tard, il se passe quelque chose de beaucoup plus inquiétant. Ce quelque chose est un banquet, le « grand banquet de la L.I.C.A. ». Il a lieu le samedi 26 novembre 1938, à l'Aéro-Club de France, rue Galilée, 6, à Paris. Qui préside ce banquet ? Léon Blum.
Et Léon Blum fit l'éloge de l'homme aux « gueules de vaches » ; et Léon Blum, ancien président du Conseil et chef du parti socialiste, approuva les paroles de Lecache. Il proclama que, frères de race, ils étaient frères de pensée. Autour de lui, s'élevait une clameur de guerre que toute l'Europe pouvait entendre, car – tenez-vous bien – le micro des émissions nationales était posé sur la table : « Ainsi, s'écria Lecache, prenant le dernier la parole, ceux qui n'assistent pas à nos agapes fraternelles pourront s'en consoler en écoutant la Radio d'Etat ». Voilà ces hommes, et voilà leur travail.
Menées bellicistes, insultes à l'armée, tout cela se tient. Le juif des soviets parisiens fait le travail du juif des soviets de Moscou : « Un conflit entre la France et l'Allemagne améliorerait grandement notre situation en Europe », dit le juif Kaganovitch. Et le juif Lecache, aidé du juif Blum, sait ce qui lui reste à faire.
Affreux échos d'un autre siècle, où notre peuple endormi sur sa gloire a perdu son bonheur. Elle est venue, cette guerre juive acclamée par les juifs. Et quand, nous ayant désarmés, leur guerre nous a trouvés sans armes, qu'ont-ils fait ? Ils ont fui. Lecache en tête. Il a pris le large à bord d'un cargo, qui faillit sombrer. Sauvé des eaux comme Moïse, il est quelque part au sud africain, dans le commerce des tapis.
Juin 1940, an 3588 de la fuite d'Egypte, a vu le nouvel Exode. Les habitants sont partis. Les grands juifs ont donné l'exemple. Tous fuyards, comptes arrêtés, valises bouclées, dès le premier jour. Ils étaient fin prêts. A croire qu'ils avaient pris leurs billets d'avance.
Il y eut de plaisants tableaux. Le drame eut sa part de burlesque. On n'en retient que l'équipée d'Henry Bernstein, arpentant les quais de Bordeaux un revolver au poing : « Ma main ne tremblera pas », disait-il. La main, peut-être, mais le reste ? Il cingla vers Hollywood. Maurois fit la même traversée, nous envoyant de tristes crachats qui tombèrent dans l'Atlantique.
La famille Rothschild avait pris les devants. Comment oublier cela, cette queue de milliardaires au pont de la Bidassoa, ces poussées de nababs aux embarcadères ? On imagine ces rois de la Bourse en train de mendier des passeports. On pense aux propriétaires d'écuries s'écorchant les pieds dans les sentiers de montagne. Pauvres gens, oui pauvres, bien pauvres, ceux que rien n'attache à la terre. Dans le grand malheur du monde, ils sont peut-être les plus à plaindre, les êtres sans souvenirs qui n'ont à pleurer que sur eux-mêmes.
Celui qui parle ici n'est pas un homme cruel. C'est un Français entre tant d'autres, un peu plus las, sans doute, ayant trop prévu notre infortune et vainement dénoncé les coupables. Aujourd'hui comme hier, ce Français pareil aux autres entend demeurer humain.
Humain ? Sans doute. Mais il faudrait s'entendre. Est-ce être humain que de tout supporter, trahison et menaces ? Est-ce être humain où être imbécile que d'admettre à son foyer celui qui ne rêve qu'incendies et fusillades ? Il n'est peut-être pas en France, à l'heure présente, un juif qui ne souhaite la victoire bolchevique – avec tout ce qui s'ensuit de vengeances et d'horreur.
Humains ? Oui. Que les Juifs commencent.
[a] La LICA est l'ancêtre de l'actuelle LICRA.