Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Journal de combat nationaliste et identitaire : informations, formation, doctrine, chants

Manifeste nationaliste révolutionnaire (par François Duprat) (II/II)


    Une tentative de type nouveau

    La situation politique actuelle impose aux nationalistes révolutionnaires d’infléchir leur action dans un sens différent de celui du passé. Il faut bien comprendre que des recettes qui ont toujours abouti à l’échec ne peuvent servir à nos tâches futures. Il est donc nécessaire de réviser nos concepts, tant théoriques que pratiques. Nous avons l’obligation de rompre avec un passé anarchisant et petit-bourgeois, qui a toujours interdit aux nationalistes révolutionnaires de disposer d’un appareil politique efficace. Nous devons changer nos axes de réflexion en sachant nous mettre à l’écoute des expériences intéressantes, même si elles ne sont pas de notre bord.
    Nous ne devons pas craindre une quelconque « contamination idéologique », si nous mettons au premier plan de nos préoccupations l’édification de notre construction doctrinale. La contamination idéologique ne peut exister que dans une situation de « vide théorique », vide qui assure la libre pénétration des thèses adverses.

    La stratégie politique à envisager doit être conçue pour répondre aux impératifs suivants :

–la création d’un parti révolutionnaire ;

–la formation de cadres politiques et militants dans une optique concrètement révolutionnaire ;

–la mise au point préalable d’une théorie révolutionnaire.


Quelles sont les méthodes les plus appropriées à ce but ?

–la création d’un organisme cohérent presse-informations-documentation qui assure les tâches diverses d’élévation du niveau culturel et « opérationnel » des militants nationalistes révolutionnaires ;

–la création d’une « école des cadres », fonctionnant sur un modèle scolaire, seul adapté à la forme éducative envisageable. Cours par correspondance, cours du soir et stages forment l’armature de cette école, des examens divers assurant le classement des militants et leur ascension ultérieure dans la hiérarchie du mouvement nationaliste ;

–la préparation attentive des axes de travail en milieu syndical, en vue de la formation de noyaux syndicalistes, en commençant par les milieux les plus réceptifs. Cette préparation doit se faire selon des normes similaires à celle de la mise en place du mouvement de type purement politique ;

–l’organisation d’un service d’ordre et de formation de jeunesse, coordonnés à la direction politique et disciplinés. La formation globale de ces éléments représente une nécessité encore plus impérative que celle des autres militants, tellement les risques de scission et de dissolution ou de déviation sont nombreux dans ce secteur particulier de l’action nationaliste révolutionnaire ;

–la formation d’un collège de responsables capables d’un travail politique réel et dont le nombre peut être relativement réduit. Ces responsables doivent provenir aussi bien des représentants les plus valables du courant nationalistes révolutionnaires que des militants issus des cours de formation du mouvement. Les responsables doivent d’ailleurs participer régulièrement aux cours de formation, afin de poursuivre le développement de leurs aptitudes techniques et politiques ;

–le dispositif nationalistes révolutionnaires doit être à la fois souple et cohérent, et la séparation parti/mouvement nationaliste répond à ces deux critères de fonctionnement.



La préparation de la révolution nationaliste

    Depuis bien des années, les militants nationalistes se réfèrent à l’idée d’une « révolution nationaliste », qui, abattant le régime plouto-démocratique, assurerait l’avènement d’un Ordre nouveau.
    Par contre, la définition de ce que pouvait être la dite révolution a toujours été absente ou, dans le meilleur des cas, à peine esquissée par les mouvements se référant expressément au nationalisme révolutionnaire.
    En fait, ces mouvement peuvent être définis comme strictement « historiques », c’est-à-dire uniquement gouvernés par les circonstances du moment et donc incapables d’une vision à long terme de leur stratégie révolutionnaire. Pour ne citer que le courant directement issu de Jeune nation, on a pu enregistrer les positions suivantes :


–Jeune nation et le Front nationaliste, en raison de la crise algérienne et des possibilités de soulèvement militaire qu’elle posait, ont envisagé la « révolution nationaliste » sous une forme putschiste, avec comme unique perspective, le noyautage d’un coup de force de l’armée ;

–Europe action, dans la phase de repli politique qui a suivi la débâcle de l’OAS, a théorisé son impuissance militante en bâtissant une stratégie de formation de cadres « révolutionnaires », en rejetant l’idée même de révolution dans un brumeux et lointain avenir. La désintégration de l’organisation a suivi la découverte par de nombreux cadres et militants que les perspectives révolutionnaires n’étaient que des hochets offerts par une direction qui ne croyait pas à une véritable évolution de ce type ;

–Occident, en raison de ses origines (scission étudiante « activiste » d’Europe action), a prétendu pratiquer une action révolutionnaire, au moins dans ses intentions, mais sans jamais y mettre le sérieux et la technicité indispensables. L’action révolutionnaire a donc pris la forme d’un vague activisme, arrogant en période de calme relatif (1966-1967) et inexistant en période de véritable crise révolutionnaire (mai 1968) ;

–Ordre nouveau, refusant de connaître le sort d’Occident (dissolution puis éclatement), a cherché à jouer la carte du « parti révolutionnaire ». Il s’agissait de créer, en trois phases successives, un parti révolutionnaire, disposant de cadres de valeur et d’une organisation solide, le tout au service d’une conception dynamique de la « Conquête de l’État ». Ordre nouveau, marqué à ses débuts par le soucis de « respectabilité », du au désir de se démarquer des « trublions gauchistes », et par la volonté de se limiter au maximum à une action légale, finit par laisser le champ libre à ses militants, en fonction de sa crise interne, et se laissa entraîner dans un processus de violence stérile, débouchant pour finir sur une dissolution que ses responsables avaient refusé de prévoir et dont ils n’avaient rien fait pour parer les conséquences.


    Quelle leçon pouvons-nous tirer de ces expériences successives ? Tout d’abord nous pouvons affirmer que les principes d’une action révolutionnaire doivent être « a-historique ». Si nous entamons notre action dans une période de calme, nous ne devons pas privilégier dans l’absolu une stratégie de lutte parlementaire. De même, si nous agissons dans une époque troublée, nous ne devons pas poser comme condition de notre combat celle régissant un quelconque activisme « urbain ».

    Nous devons poser comme a priori qu'il est impossible de définir ex nihilo une stratégie définitive de lutte révolutionnaire. Personne ne peut exclure par exemple que la France ait à connaître un processus de type insurrectionnel, dans les mois ou les années à venir.


    Comment, dans cette perspective, peut-on mettre sur pied un mouvement réellement révolutionnaire ?
    Il s’agit de revenir aux anciennes définitions, qui n’ont rien perdu de leur valeur. Un parti révolutionnaire est une organisation structurée et hiérarchisée, apte à vivre et à progresser dans la clandestinité aussi bien que dans la légalité, formée de militants éduqués politiquement et tactiquement, dirigée par des spécialistes confirmés et dotée d’une idéologie unitaire « opérationnelle ».
    Les nationalistes révolutionnaires, s’ils veulent sauver leur pays et sa civilisation, doivent accepter de s’organiser selon ces critères d’action.
    Le parti nationaliste révolutionnaire doit être une armée politique, capable de faire face aux changements de situation, disposant de cadres et de militants réellement formés, habitués à concevoir des actions de type très variable en refusant tout amateurisme.
    L’outil révolutionnaire ne peut se concevoir sans la réunion de moyens relativement importants, en sachant d’ailleurs que l’efficacité de l’organisation représente le meilleur moyen d’acquérir les finances indispensables à une lutte de longue durée.
    Notre conception révolutionnaire est, elle aussi, fort simple : nous devons savoir faire cohabiter une organisation de combat et une organisation de formation et d’encadrement.

    Dans l’hypothèse où le mouvement nationaliste révolutionnaire dispose des forces nécessaires à une lutte violente et soutenue, si ces forces sont disciplinées et organisées, il peut rallier à lui les masses de droite, qui recherchent toujours une force susceptible de les rassurer.
    Contrairement à ce que l’on répète, en paraphrasant la loi de 1936 sur les « milices armées », l’État ne combat pas spécialement les formations de type paramilitaire, il dissout les mouvements, fussent-ils inorganiques, qui provoquent du désordre dans les rues. Ordre nouveau a pu, pendant des années, faire parader ses militants en casques noirs sans être interdit. Sa dissolution n’a eu lieu que lorsque, tombant dans le piège gauchiste, il a mis en évidence ses moyens de combat dans la rue, et a attaqué Censier, des réunions trotskistes à Nice, etc. C’est l’action illégale du Groupe d’intervention nationaliste, ridicule paravent d’Ordre Nouveau, qui a entraîné la dissolution du mouvement et non l’allure paramilitaire de ses militants.
    Le Parti nationaliste révolutionnaire doit créer une organisation qui montre qu’il est capable de s’opposer à une prise de pouvoir par un coup de force communiste. Il faut bien comprendre que la position de « violence défensive » uniquement dirigée, au moins théoriquement, contre la menace de troubles d’extrême-gauche, est la seule qui soit susceptible de permettre le développement et la survie d’une formation de combat nationaliste.

    Le parti doit être parallèlement doté d’une structure administrative qui rendra crédible sa prétention à être un mouvement révolutionnaire. Être révolutionnaire, ce n’est pas se vouer à la destruction de l’ordre ancien, mais bien préparer l’avènement de l’Ordre nouveau (qui passe par la destruction, évidemment, des structures anciennes). Or, il faut préparer à l’avance sinon tous les points précis de l’État à construire, au moins les équipes qui seront chargées de la mettre en place et les grandes lignes directrices de sa future organisation. Pour cela, il est indispensable de mettre sur pied une véritable « contre-société ».
    Cette « contre-société » aura deux fonctions, aussi importantes l’une que l’autre :


–donner un plus grand dynamisme et une plus grande homogénéité aux nationalistes ;

–roder les futures équipes de direction de l’État nationaliste, tout en montrant à l’opinion publique que les nationalistes révolutionnaires possèdent un personnel politique compétent.



    Nous avons à faire la preuve de notre crédibilité politique et notre erreur a consisté à rechercher cette crédibilité dans l’action électorale, alors que celle-ci ne pouvait être couronnée de succès que dans la mesure justement où elle aurait suivi l’acquisition d’une crédibilité politique.

    Il est donc impératif de tout faire pour parvenir à ce seuil de crédibilité qui conditionnera notre action future.
    Nous représentons une force totalement inorganisée, c’est-à-dire pas de force du tout, et notre premier souci doit être de tout faire pour mettre fin à cet état de chose.
    Une possibilité d’action révolutionnaire n’existe que lorsque les éléments mécontents de la population sont encadrés par des gens ayant une conscience claire du but à atteindre et des moyens nécessaires pour y parvenir.
    Mais cet encadrement est lui-même fonction de la prise de conscience par les personnes aptes à ce travail politique du chemin à suivre afin de réaliser leurs aspirations révolutionnaires.
    Ce chemin ne peut être que celui de la lutte globale contre le régime en fonction de critères simples et cohérents :


–le parti est une armée disciplinée, lancée sans trêve à la conquête de l’État ;

–toutes les formes de lutte sont bonnes en soi et seule l’opportunité du moment doit permettre de faire un choix, obligatoirement provisoire, entre elles ;

–un corps d’officiers politiques, de techniciens révolutionnaires peut seul assurer la conduite de la lutte politique. Sa formation représente un préalable à toute action d’envergure ;

–la mise en place d’une idéologie opérationnelle et d’un programme concret sont elles-mêmes des préalables à la formation d’un corps politique et d’une organisation destinée à une action politique d’une certaine envergure.


    Comment concevoir la révolution que nous voulons ? Le plus logique est d’envisager un affaiblissement progressif de l’État, une crise de civilisation toujours plus grande, un effondrement toujours plus évident des structures internes de notre société. Quand la crise de l’Occident aura atteint une phase infiniment plus critique que celle qu’il connaît de nos jours, une solution radicale pourra devenir acceptable pour des millions de Français. Les problèmes économiques de plus en plus sérieux qui se posent à notre pays, et à toute l’Europe, ne pourront qu’accélérer les tensions existantes, les conduisant plus rapidement vers des bouleversements dramatiques.
    Une révolution ne peut s’accomplir que si nombre de conservateurs paisibles cessent d’être tentés par la perpétuation de l’ordre régnant. Il est plausible d’estimer que tel pourrait bientôt être le cas. Peut-on penser que la marche vers la révolution pourra se faire d’une façon brutale ? Ce n’est pas sur mais cette hypothèse ne saurait être écartée. Dans ce cas, seule une solution de force pourra mettre fin à la crise. Dans ce cas, seul le mouvement capable de lancer dans la rue de nombreux militants, combatifs et disciplinés, pourra remporter la victoire et protéger notre civilisation.
    Par contre, si le phénomène de dégradation est aussi lent que continu, il sera sans doute possible de rallier des centaines de milliers d’électeurs à un programme de salut public. Dans ce cas là, l’axe de la lutte se déplacera sur le plan électoral, ce qui entraînera l’adoption d’une stratégie politique fort différente de celle envisageable dans le cas d’une crise à dénouement brutal.
    En tout état de cause, nous pouvons considérer que le processus révolutionnaire est désormais bel et bien engagé et nous devons nous tenir prêts à faire face aux événements qui s’annoncent.
    Pendant des années, les nationalistes révolutionnaires ont dû se battre dans une sorte de brouillard, il n’était pas possible d’acquérir les « idées justes » car elles ne peuvent être fondées que sur l’expérience pratique et le contrôle idéologique. Lorsque la pratique existait, l’idéologie était absente, et lorsque l’idéologie faisait une timide apparition, c’était la pratique qui disparaissait aussitôt.
    Maintenant, il est possible de « marcher sur deux jambes », de tester les « idées justes » sur les deux plans. Les nationalistes révolutionnaires ont des instruments d’action et des instruments de réflexion. Ils peuvent travailler à construire l’outil révolutionnaire, dont ils ont, de plus en plus la vision claire et nette. Construire un parti révolutionnaire n’est pas une tâche facile, mais nous avons pour la première fois les bases théoriques nécessaires à sa constitution : de même, nous avons entrepris de rassembler les moyens nécessaires à son lancement, en sachant que ce qui nous a manqué le plus durant les années d’efforts infructueux, c’est finalement moins les moyens matériels qu’une équipe directionnelle politique capable de coordonner et d’animer nos campagnes politiques. Nous ne sommes qu’au début du processus de mise en place des structures du parti révolutionnaire, mais nous avons une idée claire de la marche à suivre et du but à atteindre.

    En rassemblant sur des thèmes politiques réalistes et efficaces de nombreux nationalistes révolutionnaires, nous pourrons redonner à notre camp l’esprit offensif qui lui manque depuis trop longtemps.
    L’heure est à l’action et non à la critique stérile, à la réflexion théorique et non aux récriminations sans avenir. Nous continuons notre combat, mais en le fondant sur des bases nouvelles.
    C’est par cette méthode politique que nous pourront engager une lutte plus efficace contre tous nos ennemis, ceux du Régime comme ceux du Bolchevisme.




François Duprat (26 X 1940 - 18 III 1978)
.

Retour à l'accueil
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article