Sur des paroles de Léon Garnier et une musique de Desormes, ce chant a été interprété pour la première fois par le chansonnierPaulus(photo ci-contre) le 14 juillet 1886 au soir.
C'est un hommage au général Boulanger : dans la République en butte aux scandales, il incarne la droiture et l'honneur. Homme qui ne doit sa réussite qu'à son travail, il s’est battu honorablement, tant en Kabylie qu’en Italie, Cochinchine ou lors de la guerre de 70 ; il a également été face aux communards. Appelé au gouvernement en 1886 sur la recommandation de Clemenceau, son allure mâle, sa bonté - le "brave général" refuse de faire tirer sur la foule lors d’une grève et incite ses soldats à fraterniser avec les mineurs -, sa popularité auprès de ses soldats (il réorganise l’armée et créé les premières troupes coloniales, œuvre pour les simples soldats et les sous-officiers,allant même jusqu'à autoriser... le port de la barbe pour la troupe !) comme auprès du peuple est immense.
Il fut sans conteste le plus applaudi lors du défilé du 14 juillet 1886 de Longchamp. Mais sa popularité déplaît aux politiciens radicaux : il est évincé peu après du gouvernement. Ralliant contre la régime honnis socialistes et nationalistes, le général Boulanger ne saura preofiter de l'élan populaire qui se porte sur son nom à l'occasion d'élections suuccessives. Triomphalement élu en 1889, les politiciens s'inquiètent : ils font poursuivre la Ligue des patriotes et menacent le général d'arrestation. Refusant de passer outre la loi et de marcher sur l'Elysée, il s'enfuit en Belgique. Il s'y suicidera le 30 septembre 1891, sur la tombe de sa maîtresse...
I. Je suis l’ chef d’une joyeuse famille, D’puis longtemps j’avais fait l’ projet D’emm’ner ma femme, ma sœur, ma fille, Voir la r’ vue du quatorz’ juillet. Après avoir cassé la croûte En chœur nous somm’s mis en route Les femmes avaient pris l’ devant, Moi j’ donnais l’ bras à bell’ maman, Chacun d’ vait emporter D’quoi pouvoir boulotter. D’abord moi j’ portais les pruneaux, Ma femm’ portait deux jambonneaux, Ma bell’ mèr’ comm’ fricot Avait un’ têt’ de veau, Ma fill’ son chocolat, et ma sœur deux œufs sur le plat.
Gais et contents Nous marchions triomphants En allant à Longchamp Le cœur à l’aise, sans hésiter, Car nous allions fêter Voir et complimenter L’armée française.
II. Bientôt d’ Longchamp on foule la pelouse, Nous commençons par nous installer, Puis j’ débouche les douze litres à douze, Et l’on s’ met à saucissonner. Tout à coup on crie : " Vive la France ! " Crédié c’est la revue qui commence. J’grimpe sur un marronnier en fleurs, Et ma femme sur l’ dos d’un facteur. Ma sœur qu’aime les pompiers Acclame ces fiers troupiers, Ma tendre épouse bat les mains Quand défilent les Saint-Cyriens, Ma belle-mère pousse des cris En r’ luquant les Spahis, Moi j’ faisais qu’admirer Not’ brave général Boulanger.
Gais et contents, Nous étions triomphants De nous voir à Longchamp, Le cœur à l’aise ; Sans hésiter, Nous voulions tous fêter, Voir et complimenter L’armée française.
III. En route j’invite qu’ qu’ militaires A v’nir se rafraîchir un brin, Mais à force de licher les verres Ma famille avait son p’ tit grain. J’quitte le bras de ma belle-mère, Je prends celui d’une cantinière, Et le soir quand nous rentrons Nous sommes tous complètement ronds, Ma sœur qu’était en train, Ram’ nait un fantassin ; Ma fill’ qu’avait son plumet Sur un cuirassier s’appuyait, Ma femme sans façon Embrassait un dragon, Ma belle-mère au p’ tit trot Galopait au bras d’un Turco.
Gais et contents Nous allions triomphants, En revenant d’ Longchamp, Le cœur à l’aise, Sans hésiter, Nous venions d’acclamer, D’voir et d’ complimenter L’armée française. Ecouter le chant ICI