[Lettre ouverte adressée par le Général (2S)Maurice Faivre à l'Occupant]
Monsieur [Sarközy],
Une fois de plus, les Français de Tunisie, du Maroc et, surtout, d'Algérie, se voient voler la reconnaissance de leurs sacrifices.
En effet, à aucun moment, dans votre discours de la Nartelle, vous n'avez mentionné la participation des Pieds-Noirs au débarquement de Provence et à la libération du pays.
Et pourtant, nous osons espérer que vous n'ignorez pas le sacrifice considérable consenti par les départements français d'Algérie : 16% de la population européenne. Jamais auparavant un sacrifice d'une telle ampleur n'avait été demandé par la France à ses citoyens.
Nos pères se sont battus en Provence, à Cassino, sous la conduite du général Juin, futur maréchal de France, jusqu'en Allemagne. Et ils attendent toujours un simple mot de la patrie reconnaissante.
La France aurait-elle mauvaise conscience au point de préférer oublier ses enfants auxquels elle doit une partie de sa victoire (et non pas de l'Armistice comme indiqué sur votre site) et qu'elle a lâchement abandonnés en 1962 après leur avoir promis de les protéger ?
Vous avez parlé de la « vraie France », celle des résistants. Faisions-nous partie de la « fausse France », avec Alger, capitale de la France en guerre ?
Vous avez également dit que « les troupes coloniales » s'étaient battues « comme si » elles se battaient pour la mère patrie. Il s'agit d'une insulte grave à l'égard de nos pères qui chantaient « C'est nous les Africains qui revenons de loin... pour sauver la Patrie ». Beaucoup d'entre eux sont morts pour cette mère patrie, sans même pouvoir reposer dans leur terre natale.
Nous sommes las, après plus de 40 ans, d'avoir à subir ces insultes et ce négationnisme par omission. Nous n'avons plus qu'une seule arme à notre disposition, le bulletin de vote ; nous saurons nous en servir à bon escient.
Veuillez croire à nos sentiments de tristesse et de colère
Général (2S)Maurice Faivre