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17 novembre 2007 6 17 /11 /novembre /2007 21:35
LE FIGARO. – Vous êtes candidat et serez élu aujourd’hui président du Front national par le congrès de votre mouvement. Est-ce la dernière fois?

Jean-Marie LE PEN.– Qui le sait? Il ne faut pas insulter l’avenir, mais enfin, il est raisonnable de penser qu’à 79 ans, le temps qui me reste est compté, mais ce n’est pas moi qui tiens les comptes. Normalement, ce treizième mandat devrait être la fin de ma période de présidence du Front, mais les événements peuvent en décider autrement.


Marine Le Pen, votre fille, a annoncé son intention d’être candidate à la présidence du FN pour la prochaine échéance, et de se présenter à la prochaine présidentielle…

Un certain nombre de gens ont annoncé qu’ils seraient candidats quand ma place serait disponible. Il y a M. Gollnisch, Carl Lang, Marine Le Pen, peut-être d’autres encore.


Avez-vous une préférence entre tous ces aspirants à votre succession? On dit beaucoup dans le mouvement que vous préparez la place pour Marine…

Non, je ne prépare rien du tout. Contrairement à ce que certains ont affirmé, je n’ai pas mis Marine sur orbite, je n’ai pas favorisé son ascension médiatique ou politique, mais je n’ai pas de raison non plus de la freiner ou de l’en empêcher. Je suis tenté de dire: que le meilleur gagne. Que celui qui a les qualités indispensables à la direction d’un grand mouvement d’opposition populaire le démontre aux yeux de nos adhérents, ce sont eux qui les choisiront.


À votre avis, votre fille a-t-elle ces qualités?

Il faut de l’intuition, de la lucidité, du caractère, du travail: Marine a montré ces qualités qui lui ont permis d’avoir un beau succès lors des dernières législatives, même si elle n’a pas été élue.


Nicolas Sarkozy vous traite différemment de Jacques Chirac. Qu’est-ce que cela vous inspire?

Cela correspond au personnage du président de la République, qui est chaleureux, ouvert, consensuel. Et quand le roi sourit, la cour se croit obligée de sourire aussi. J’aime mieux être dans une atmosphère de sourire que dans une atmosphère de rictus ou de crispation.


Certains vous reprochent de moins rompre des lances contre Sarkozy que contre Chirac…

C’était le président sortant. J’ai fait ma campagne, à tort peut-être d’ailleurs, en critiquant son mauvais bilan. J’ai fait la critique de douze ans de présidence de Chirac. On ne savait pas au début de la campagne qu’il ne serait pas candidat.


Vous dites que cela a peut-être été une erreur de critiquer le bilan de Chirac.

Oui, parce le candidat n’était pas Chirac mais Sarkozy qui a réussi le tour de force de faire croire qu’il n’était pas une personnalité du pouvoir en place, mais de l’opposition. Et il a été cru dans ce rôle-là par une opinion qui avait envie d’être caressée dans le sens du poil.

J’ai fait une comparaison: un malade va voir le docteur Le Pen. Le docteur Le Pen lui dit, je vous dois la vérité, je crois que vous avez un cancer. Pour guérir, il faut faire des efforts: ne plus fumer, ne plus boire, mener une vie régulière et accepter des traitements qui ne sont certes pas agréables. Le malade sort de chez le docteur Le Pen, pas très enthousiaste et il rencontre le docteur Sarkozy. Et le docteur Sarkozy lui dit: le traitement Le Pen c’est la médecine du XXe siècle. Au XXIe siècle, on a inventé un remède, la poudre de perlimpinpin. Vous en prenez un peu le matin dans votre petit déjeuner, il n’y a plus de problème. Revenez me voir dans un an. Mais le malade ne revient pas l’année suivante parce qu’il a suivi la prescription Sarkozy et qu’il est mort.


Vous avez dit au début de l’été qu’il «tenait ses promesses et se débrouillait plutôt bien».

Je lui reconnais d’être un grand artiste. Sa tactique est toujours la même: sur un dossier important, Sarkozy prononce un discours énergique, il fait un pas en avant… et passe aussitôt à un autre sujet. Ainsi, les Français ne se rendent pas compte qu’il n’ira pas plus loin dans la réforme. Et derrière une fermeté de façade, l’hôte de l’Élysée négocie sans cesse et fait des concessions. C’est le cas pour la retraite des cheminots. Je maintiens que sa politique sera catastrophique à long terme.


L’année électorale a été mauvaise pour le Front national. Ne redoutez-vous pas le déclin pour votre mouvement?

Je n’ai pas d’inquiétude. Le parti que j’ai créé en 1972 me survivra. Certes, au premier tour de l’élection présidentielle, Nicolas Sarkozy a réussi à capter la partie «bourgeoise» de notre électorat. Mais près de 4 millions de Françaises et de Français, soit 10,44% des suffrages exprimés, me sont demeurés fidèles. Au plus fort de la «Sarkomania», le FN est resté à deux chiffres. C’est dire notre marge de progression.


Diriez-vous que vous avez gardé en avril vos électeurs les plus populaires, les autres étant allés en partie chez Sarkozy?

Je crois que c’est vrai. Le résultat de Marine dans le pays minier est emblématique à ce point de vue. Nous subissons des reculs sociologiques dans deux catégories de circonscriptions: d’abord dans les villes qui se «boboïsent», et dans les banlieues où l’électorat français populaire s’en va, essaye de gagner des départements un peu plus éloignés qui vivent moins sous la pression de l’immigration.


Qu’est-ce qui vous fait penser que votre mouvement va remonter et qu’il ne s’agit que d’une mauvaise passe?

Sarkozy et le gouvernement ont récupéré verbalement un certain nombre de nos thèses, mais ils n’ont pas appliqué les solutions que nous préconisons, solutions courageuses c’est vrai, difficiles à prendre. À un moment donné, on s’apercevra qu’ils n’ont pas été capables de résoudre les problèmes que nous soulevons, depuis quarante ans pour certains d’entre eux. Sarkozy va lasser: tout passe, tout casse, tout lasse…
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